• Générosité

    Avec la loi anti-gaspillage, l’Agence du don en nature s’attend à mettre les bouchées doubles

      Les nouvelles mesures pour l'économie circulaire entreront en vigueur le 1er janvier. Les entreprises ne pourront plus détruire leurs invendus et devront les donner

      Agence du Don en Nature 16/12/2021 Ducros
      Un entrepôt de l'Agence du don en nature.
      Govin Sorel
      Les faits -

      Née en 2008, l’Agence du don en nature, qui est une association, a pour mission de centraliser les dons de produits non alimentaires neufs provenant des entreprises (stocks, invendus, actions généreuses) et de les redistribuer à un réseau de partenaires venant en aide aux personnes en difficulté. En 2021, elle a collecté et transmis pour près de 53 millions d’euros de marchandises. L’an prochain, la loi qui interdit la destruction des surplus par les fabricants va intensifier son activité avant de l’obliger à repenser sa façon de travailler.

      Depuis deux ans, à Dourges, dans le Nord de la France, l’Agence du don en nature (ADN) s’est lancée dans la logistique. Elle a fait construire un entrepôt de 2 500 mètres carrés, avec 3 500 emplacements pour les palettes et des racks hauts de 12 mètres. Trois salariés et une dizaine de personnes en formation, qui rejoindront ensuite les entreprises de logistique de la région, orchestrent arrivées et départs de produits non alimentaires. Ici, on fait de la logistique comme dans n’importe quelle chaîne de grande distribution, avec les mêmes complexités de réception et de réexpédition. Seule différence : les produits ont été donnés gracieusement par leurs fabricants.

      Ces dons en nature, il faut d’abord les trier, en faire des lots et des assortiments par tailles. Puis élaborer un catalogue mis à jour deux fois par semaine, dans lequel près de 1 200 associations locales peuvent choisir les biens dont ont besoin leurs bénéficiaires. Ces structures sont, à 70 %, des centres d’hébergement, des lieux d’accueil pour femmes battues, des chantiers d’insertion. Le solde est constitué d'épiceries solidaires. « La grande précarité, c’est-à-dire les personnes à la rue, varie peu en France. Mais la précarité intermédiaire, qui touche aussi des personnes qui travaillent, a progressé de façon très importante avec la crise sanitaire, regrette Romain Canler, le directeur général de l’ADN. C’est aussi pour cela que le nombre des structures bénéficiaires de nos dons a augmenté de 42 % depuis janvier 2020. »

      « Effet de levier ». « Notre association qui reste petite, avec une vingtaine de salariés, 40 bénévoles et 2,1 millions d’euros de budget a un effet de levier très important, de plus en plus puissant chaque année. En 2021, nous avons redistribué pour près de dix millions de produits, pour une valeur de 53 millions d’euros (au prix de fabrication), contre 39 millions en 2019 et 35 en 2018. Nous avons près de 200 donateurs, de très grosses entreprises », détaille Roman Canler, le directeur général.

      Parmi ceux-ci, les grands noms de l’hygiène et de l’entretien, de l'électroménager, de l’habillement, de l'équipement ou de la grande distribution. « A 80%, les dons sont des invendus, des stocks, des produits dont le packaging ou le marketing a changé. Mais 20 % des dons sont en argent et sont faits au titre de la politique de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), pour soutenir les plus fragiles. » Un ressort loin d'être négligeable. « C’est devenu important pour les entreprises. La plupart n’en parlent pas publiquement, mais le font parce que c’est crucial pour leurs salariés en quête de sens. Ce sont des choses qui sont présentées aux nouvelles recrues pour leur donner envie d’intégrer une société. » La générosité, et c’est une bonne nouvelle, est devenue une valeur professionnelle pour la génération Z.

      « Début 2022, beaucoup de PME, d’ETI, vont se rendre compte qu’elles ne savent plus quoi faire de leurs excédents. Il va nous falloir leur répondre »

      Jusqu’ici, les dons étaient soutenus par un cadre fiscal très avantageux : la défiscalisation qui leur est accordée représentait de 40 % à 60 % du coût de revient, avec des limites de valeur et dans certains cas, une exemption de TVA, si l’œuvre est reconnue d’utilité publique. « Souvent, les entreprises n’utilisent même pas ces avantages », précise Romain Canler. Mais dès janvier prochain, l’entrée en vigueur de la loi anti-gaspillage pour l'économie circulaire, votée en février 2020, devrait provoquer un afflux de dons. Ce sera vrai pour l’ADN comme pour son homologue (même taille, même activité), Dons solidaires.

      Centrale d’achat sociale. Les entreprises n’auront plus le droit de détruire ou d’envoyer au recyclage les biens non alimentaires en surplus si elles ne les ont pas d’abord proposés à des associations. « Ce qui va changer, c’est que nous ne gérerons plus forcément de gros volumes comme ceux que nous recevons des grandes entreprises, qui se sont préparées de longue date à cette perspective de traitement des invendus. C’est d’ailleurs ce qui explique que nous ayons beaucoup crû ces dernières années. Début 2022, beaucoup de PME, d’ETI, vont se rendre compte qu’elles ne savent plus quoi faire de leurs excédents. Il va nous falloir leur répondre, dans la mesure où leurs produits peuvent avoir une utilité pour les plus précaires. »

      Le nouveau cadre législatif va forcément changer


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