• Arnaques, insultes, menaces...: la part d’ombre de la vaccination contre la Covid-19

    Des médecins pro vaccins ont subi des menaces de mort sur les réseaux sociaux. Face à la pénurie de doses, les escroqueries aux particuliers se multiplient

    Twitter est le réseau social préféré des « antivax ​».

    Twitter est le réseau social préféré des « antivax ​».

    © Sipa Press

    Emmanuel Macron a promis ce mardi une vaccination pour tous les adultes volontaires « d’ici la fin de l’été ». Un sous-traitant commencera à produire en France « courant mars » le sérum de Moderna et un autre lancera « courant avril ​» la production de celui de Pfizer/BioNTech, a précisé la ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher.

    « Chien qui aboie ne mord pas. » Le docteur Jérôme Marty, médiatique médecin généraliste, n’a pas peur, ne veut pas de protection rapprochée, ne veut pas non plus se taire. Face au tombereau d’insultes qu’il reçoit tous les jours sur son compte Twitter, sur son adresse mail ou dans la boîte aux lettres de sa clinique de soins de suite et de réadaptation, à Fronton (Haute-Garonne), cette « grande gueule » de l’émission de RMC, également président d’un syndicat médical (l’UFML), a décidé de contrer ceux qui le menacent par la voie judiciaire.

    Le médecin a déposé huit mains courantes contre ces « lâches derrière leur petit écran » qui lui envoient des images de cordes de pendu pour lui signifier tout le mal qu’ils pensent de son engagement en faveur de la vaccination contre la Covid-19. La gendarmerie a déjà « chopé un Breton » qui lui avait promis une balle dans la tête. Un autre individu de Castres (Tarn) qui l’avait menacé par téléphone a également été appréhendé.

    Les anti-vaccins les plus remontés s’en prennent aux médecins les plus enthousiastes, à ceux qui portent la bonne parole sur les plateaux télés et dans leur cabinet

    Mouvements structurés. L’histoire du docteur Marty illustre un côté sombre et peu glorieux de la vaccination, qui a réussi, petit à petit, à séduire la majorité de la population générale et de la communauté médicale. Après une période de grande défiance, 54 % des Français affirmaient mi-janvier avoir l’intention de se faire vacciner contre le coronavirus (sondage Ifop-Fiducial pour CNEWS et Sud Radio) et sept généralistes sur dix se disaient déterminés à vacciner eux-mêmes leurs patients dès que possible (enquête en ligne du syndicat MG France auprès de 2 250 médecins).

    Revers de la médaille : les anti-vaccins les plus remontés s’en prennent aux professionnels les plus enthousiastes, à ceux qui portent la bonne parole sur les plateaux télés et dans leur cabinet. Le docteur Marty voit derrière les « pauvres hères » qui le harcèlent la main de mouvements structurés : la sphère pro-Raoult et fans du documentaire « Hold-up » ; le Rassemblement national (il a eu maille à partir avec Florian Philippot et compte porter plainte contre le site d’extrême droite Riposte Laïque et le conseiller régional RN Daniel Fraczak) ; la branche française de la nébuleuse conspirationniste et pro-Trump QAnon.

    Outre le docteur Marty, le docteur Mathias Wargon, pugnace chef du service des urgences à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et époux à la ville de la ministre déléguée en charge du Logement est lui aussi régulièrement pris pour cible par les « anti-vax » (ce qui ne l’émeut guère). C’est également le cas du docteur Nathan Peiffer-Smadja, infectiologue à l’hôpital Bichat qui s’applique à démonter la « fake medecine » sur Twitter dès qu’il le peut.

    Point commun de ces trois médecins : tous affichent plus de 30 000 adhérents sur Twitter. Selon le docteur Marty, des anonymes sont également pris pour cibles mais préfèrent se taire faute de notoriété pour les protéger.

    Inquiets de ces « violences inacceptables », l’Ordre des médecins a alerté par écrit les ministres Olivier Véran, Eric Dupond-Moretti et Gérald Darmanin sur « l’insécurité croissante des médecins, qui doit (...) faire l’objet de mesures d’urgence concrètes pour endiguer ce phénomène » difficilement quantifiable.

    Interpol prévenait en décembre dernier de la « potentielle activité criminelle liée à la contrefaçon, au vol et à la promotion illégale de vaccins »

    Rendez-vous fictifs. La campagne vaccinale révèle d’autres comportements peu avouables qui touchent, ceux-là, les usagers de la santé, en particulier les plus fragiles. Avant même la mise sur le marché des doses, Interpol prévenait en décembre dernier de la « potentielle activité criminelle liée à la contrefaçon, au vol et à la promotion illégale de vaccins ».

    Depuis, les tentatives d’arnaques se sont multipliées, et ce d’autant que la campagne tourne au ralenti. Dimanche, la gendarmerie de Haute-Saône a appelé les habitants à la vigilance après que plusieurs personnes âgées ont reçu la visite d’un homme leur proposant une injection contre rémunération. Dans le Doubs, deux centres de vaccination ont signalé à la préfecture des appels proposant aux particuliers de se faire vacciner à domicile contre paiement. Dans le Pas-de-Calais et dans le Gard, des cambrioleurs ont pris un rendez-vous vaccinal fictif pour leurs victimes afin de les éloigner de chez elles.

    Enfin, la mairie de Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence) a dû alerter ses administrés contre « des messages électroniques et des appels téléphoniques frauduleux émis en nombre, annonçant l’arrivée de nouveaux vaccins et proposant des rendez-vous à la population ». Fictifs, évidemment.


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    Des contre-Facebook polonais et hongrois au service des gouvernements ?

    Par Nelly Didelot 31 janvier 2021 à 12:01
     

    La page d'accueil de Hundub, le Facebook hongrois. Photo Attila Kisbenedek. AFP

    Depuis deux mois, des réseaux sociaux «non censurés» et pro-conservateurs sont apparus en Hongrie et en Pologne, où les autorités cherchent à reprendre la main sur les plateformes numériques.

    Les deux réseaux sociaux sont apparus sur Internet à un mois et demi d’intervalle, et se ressemblent étrangement. Début décembre, le premier, nommé Hundub, a surgi en Hongrie. Présentation et fonctionnalités sont copiées quasi trait pour trait sur Facebook, mais l’ambition proclamée est d’offrir un espace de parole «non-censuré». Le 20 janvier, est né son équivalent polonais, Albicla, présenté comme une «réponse directe à la censure croissante sur Internet». Là aussi, le réseau social de Mark Zuckerberg a été imité, au point que les conditions d’utilisation de Facebook ont été copiées-collées, et qu’au lancement du site polonais des liens menaient encore vers Facebook.

    Les débuts ont été chaotiques, surtout pour Albicla. Le réseau a été mis en ligne dans la précipitation le 20 janvier, pour que son lancement coïncide avec le dernier jour au pouvoir de Donald Trump, «leader du monde libre», banni de Twitter, Facebook et Instagram à la toute fin de son mandat. Deux jours plus tard, le si

     




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