-
Cap sur la légalisation de toutes les drogues
La guerre aux drogues a échoué. Le Canada a maintenant la possibilité de réaffirmer son rôle de leader en matière de réforme des drogues en y mettant réellement fin. Saisirons-nous cette occasion ? C’est la question que se posent David-Martin Milot, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive, et Steve Rolles, analyste politique.
Nous assistons actuellement aux balbutiements d’un réel débat autour d’une plus grande disponibilité légale des drogues au Canada. La légalisation du cannabis a ouvert les esprits quant à l’idée d’une régulation responsable, tandis qu’une augmentation inquiétante des surdoses aux opioïdes a créé un sentiment d’urgence. Les instances de santé publique de Toronto et de Montréal se sont positionnées pour une décriminalisation de la possession et de l’usage de toutes les drogues, afin de pouvoir mettre en place les mesures d’urgence nécessaires à une telle crise. Mais au-delà de l’urgence, quelles sont les options pour une prise en compte efficace et pragmatique de la consommation de drogues ?
« Légaliser toutes les drogues » peut paraître effrayant. Pourtant, lorsque cette proposition est considérée pour ce qu’elle est réellement — une mesure de régulation pragmatique et de gestion des risques entourant certains produits et comportements que la répression a rendus problématiques —, cette option devient raisonnable. Soyons clairs : la légalisation des drogues n’est en rien la libéralisation de ces substances, encore moins leur promotion ou un laxisme de leur régulation pour usage récréatif. En voici un exemple : depuis 25 ans, les médecins suisses prescrivent de l’héroïne pour stabiliser et traiter les patients ayant une dépendance à cette substance. Cette héroïne « légale » n’est associée à aucune hausse de criminalité, aucune violence, aucun décès par surdose ou transmission du VIH, comme c’est le cas lorsqu’elle est fournie par le marché noir. Ce modèle a déjà été mis en avant avec succès comme projet-pilote au Canada.
La « guerre aux drogues », telle que nommée par Nixon, légitime le fait de bafouer les droits de la personne dans plusieurs pays, constitue un obstacle majeur à l’atteinte d’objectifs de santé publique, exacerbe la violence et la criminalité, en plus de coûter des milliards. Alors que la régulation légale du tabac en réduit actuellement l’usage problématique, la consommation d’une variété croissante de drogues est à la hausse dans la majorité des pays. Devrait-on continuer d’investir dans une stratégie qui échoue aussi lamentablement ? Lorsque les décideurs reconnaissent que l’hypocrisie de la prohibition n’a fait qu’amplifier les problématiques liées à la consommation de drogues, ils mettent en place des politiques efficaces pour les réguler.
Quelles substances devraient être accessibles, à qui et où ? Ces questions peuvent paraître complexes, mais il est possible d’y répondre dans un modèle de régulation où l’État, plutôt que des criminels, a repris les commandes plutôt qu’abdiqué toute responsabilité relativement au marché des drogues. Ainsi, les substances à haut risque pourraient n’être offertes que par ordonnance médicale avec un usage supervisé, comme l’héroïne en Suisse. Les substances à risque moyen, dont certains stimulants et drogues utilisés en milieu festif, pourraient être obtenues dans une quantité limitée par personne dans les pharmacies, une fois que le consommateur aura démontré qu’il en comprend les risques. D’autres drogues à risque plus faible pourraient être disponibles auprès de distributeurs autorisés, comme ce sera le cas pour le cannabis.
Une telle régulation optimisée des drogues permettrait d’utiliser les ressources plus efficacement en prévention et traitement, afin d’en faciliter l’accès aux plus vulnérables. Les pouvoirs du marketing d’entreprise, qui ont été fort dommageables pour le tabac et l’alcool, pourraient être mieux déjoués par des politiques strictement appliquées. Une telle régulation, si elle est mise en place de façon responsable, pourrait aussi faire diminuer les incitations à consommer, réduire les risques courus par ceux qui consomment malgré tout et permettre d’investir dans des interventions de santé publique reconnues comme efficaces.
La guerre aux drogues a échoué. Le Canada a maintenant la possibilité de réaffirmer son rôle de leader en matière de réforme des drogues en y mettant réellement fin. Saisirons-nous cette occasion ?
David-Martin Milot est médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive (Canada), fellow en recherche sur la législation des drogues et les normes sociales (France et Royaume-Uni)
Steve Rolles est analyste politique principal à Transform Drug Policy Foundation (Royaume-Uni)
-
« De récentes recherches montrent que la relation père-fille peut être transformatrice pour les hommes de pouvoir. »
Chaque fois que j’entends des hommes de pouvoir invoquer leurs filles pour justifier leur appui à une mesure féministe, je grince des dents. « En tant que pères », ils souhaitent ce qu’il y a de mieux pour leurs filles, disent-ils ; « en tant que pères », ils peuvent témoigner des obstacles qui se dressent devant elles. Barack Obama et Justin Trudeau, notamment, sont friands de la formule.
Franchement : faut-il vraiment avoir engendré une fille pour être sensible à la réalité de la moitié de la population qu’on gouverne ? Nos dirigeants ne sont-ils motivés à combattre les inégalités entre les sexes qu’à partir du moment où la chair de leur chair risque d’en souffrir ?
Eh bien, il s’avère que ça aide. De récentes recherches montrent que la relation père-fille peut être transformatrice pour les hommes de pouvoir. La naissance d’une fille façonne leurs valeurs et, par ricochet, teinte les décisions qu’ils prennent dans leur vie professionnelle, au bénéfice de toutes les femmes.
La plus récente étude sur ce thème, publiée en décembre dans le Journal of Financial Economics, montre que l’arrivée d’une fille dans la famille d’un PDG se répercute sur la culture de l’entreprise tout entière.
Les chercheurs se sont intéressés à 416 patrons de grandes sociétés américaines cotées en Bourse. Lorsqu’un PDG est le père d’une fille, le score de son entreprise s’améliore de 9 % sur une échelle de responsabilité sociale, par rapport à la médiane. C’est surtout le volet de la diversité qui s’en ressent, et en particulier les mesures de conciliation travail-famille, les politiques LGBTQ et la présence de femmes dans des postes de direction. Le fait d’avoir un fils, en revanche, ne change rien sur ce plan.
Une autre équipe s’est penchée spécialement sur les sociétés d’investissement en capital de risque, secteur à forte prédominance masculine. Selon un rapport publié en mai 2017 par deux chercheurs de Harvard, le fait d’avoir une fille peut vaincre la résistance des investisseurs à l’idée d’embaucher des femmes, dans ce milieu où ils ont plutôt tendance à s’entourer de gens qui leur ressemblent.
À lire aussi:Séduire l’électorat féminin
Ainsi, lorsque les associés principaux ont plus de garçons que de filles, la proportion de femmes qu’ils engagent comme associées reste sous la barre des 9 %. Mais quand il y a plus de filles que de garçons parmi les enfants des patrons, le taux de recrutement des femmes atteint presque 12 %. C’est un tiers de plus.
Et tout le monde en bénéficie. Car en incitant leurs pères à embaucher plus de femmes, les filles stimulent, par la même occasion, le rendement de l’entreprise. Les chercheurs ont en effet remarqué que lorsqu’on ajoute une fille à la progéniture des associés, le taux de succès de leurs investissements grimpe de 3 % (une hausse appréciable par rapport au taux de succès de 29 % en général).
Voir des filles grandir aiderait donc certains leaders, par osmose ou par amour, à s’ouvrir au potentiel des femmes dans leur milieu de travail. Les voir affronter un monde si souvent injuste à leur égard donnerait aussi aux pères une nouvelle compréhension des embûches auxquelles les femmes doivent faire face. Cette prise de conscience peut même être assez puissante pour supplanter leurs affiliations politiques.
Par exemple, à la Cour d’appel des États-Unis, les juges d’allégeance républicaine se rangent plus souvent dans le camp progressiste s’ils sont pères d’au moins une fille que s’ils n’en ont aucune. C’est précisément dans les litiges civils touchant les droits des femmes — lorsqu’il est question de discrimination en emploi, de droits reproductifs ou d’avortement, entre autres — que l’influence de leur fille se fait sentir : la proportion de leurs décisions qui penchent du côté progressiste augmente alors de 8 %, dit l’étude publiée en 2015 dans l’American Journal of Political Science.
D’ailleurs, une autre chercheuse l’a constaté chez les élus du Congrès américain. Quel que soit leur parti, plus ils ont de filles, plus ils votent libéralement sur les questions qui concernent les femmes, et particulièrement sur leur santé reproductive, selon des travaux parus en 2008 dans The American Economic Review.
Bien sûr, ce sont encore les femmes qui prennent les décisions les plus favorables à la condition féminine dans chacun de ces milieux, et les données des chercheurs que je viens de citer le confirment. Élever une fille ne fait pas des hommes de meilleurs ambassadeurs du féminisme que les femmes elles-mêmes. Et si on tient à l’égalité des sexes, ce sont elles d’abord qu’il faut porter au pouvoir.
Mais au moment où on se creuse la tête pour savoir comment impliquer les hommes dans la lutte pour l’égalité, ces recherches nous rappellent qu’à la base de tout progrès social il y a les relations humaines et l’essentielle empathie qu’elles font naître. Cultivons-les.
-
Autoroutes : l'Autriche relève de 10 km/h pour tester le 140
Qualifiée de « populiste » par l'opposition sociale-démocrate, libérale et écologiste, la mesure a également été dénoncée par les organisations écologistes.
Le point Auto avec AFPPublié le 06/08/2018 à 07:04 | Le Point.frLe 140 km/h en test sur un tronçon d'autoroute en Autriche © DR
.On s'ennuie ferme sur les autoroutes, on s'endort et si ce n'est pas le cas, on y passe trop de temps. À rebours de la France qui vient d'abaisser à 80 km/h la vitesse sur ses routes à deux voies, l'Autrichevient de lancer une expérimentation controversée destinée à porter celle-ci à 140 km/h sur autoroute, contre 130 km/h jusqu'à présent.
Mis en place sur deux tronçons à six voies de la principale autoroute du pays reliant Vienne et Salzbourg, le relèvement du plafond autorisé doit permettre aux automobilistes de « gagner du temps », a expliqué le ministre des Transports Norbert Hofer (FPÖ, extrême droite).
Si le test est jugé concluant après un an, les 140 km/h pourront être étendus « à d'autres itinéraires », a souligné le ministre, assurant que « les infrastructures et les voitures sont de plus en plus sûres ». Un certain bon sens qui n'est guère partagé en France.
La presse a toutefois relevé que le gain de temps se limiterait à deux minutes pour les véhicules parcourant à la vitesse maximale les quelque 60 kilomètres de tronçons-tests.
Même mortalité qu'en Allemagne
Qualifiée de « populiste » par l'opposition sociale-démocrate, libérale et écologiste, la mesure a également été dénoncée par les organisations de défense de l'environnement, qui l'ont accusée de nuire à l'environnement et à la sécurité routière.
L'automobile-club ÖAMTC a toutefois assuré que la mortalité sur autoroutes n'était pas automatiquement corrélée à la vitesse, le taux étant identique en Autriche et en Allemagne, pays où la moitié du réseau autoroutier n'est assorti d'aucune limitation pour les autos (1,7 mort pour 100 millions de km/véhicule).
Le relèvement de la vitesse sur autoroute tient depuis de nombreuses années à cœur du FPÖ, revenu au pouvoir fin 2017 en coalition avec le chancelier conservateur Sebastian Kurz. En 2006, ce parti avait brièvement mis en place les 160 km/h sur un tronçon test, une expérimentation restée sans lendemain.
-
« L’être humain est, au fond, un animal sauvage et effroyable. Nous le connaissons seulement dompté et apprivoisé par ce que nous appelons la civilisation. » (Schopenhauer, 1850).
En déplacement à Lyon en 2006, après une réunion au campus universitaire de Villeurbanne, je m’étais un peu détendu en me promenant au Parc de la Tête d’Or, que j’avais connu il y avait déjà un bon paquet d’années pour y avoir fait quelques joggings. Je m’étais alors arrêté devant un enclos où vivaient trois éléphantes. J’apprécie peu le principe des zoos (enfermer des animaux pour le simple plaisir des touristes et visiteurs ne me paraît pas très "éthique"), même si je conçois que certains zoos s’occupent bien de leurs animaux, les protègent et même, protègent leur espèce lorsqu’elle est en voie de disparition.
Mais là, c’était vraiment différent. Ce parc, comme le Parc de la Pépinière de Nancy qui hébergeait ours et gorille il y a encore peu d’années, n’est pas un zoo et ce n’est pas sa vocation. Et en les observant bien, je me suis aperçu que ces éléphantes étaient vraiment très malheureuses. Chacune se tenait avec une patte avant sur un tabouret et tapotait ainsi de la patte, un peu comme, lorsqu’on s’ennuie, on tapote du doigt. C’était une évidence, il suffisait de les voir, pour savoir qu’elles n’étaient pas très bien traitées dans ce parc. Elles n’avaient pas beaucoup d’espace. Elles étaient là depuis 1998, à la retraite, plus capables de faire les tours de cirque.
Peut-être aurais-je dû réagir ? écrire une lettre au maire ? aux pouvoirs publics ? à des associations de protection des animaux ? Je me disais que ce parc étant tellement fréquenté que si une action pouvait se faire, elle aurait été déjà faite. Mais je me trompais peut-être. On ne peut pas s’engager sur tout. Et puis, l’humain vaut plus que l’animal. Enfin, je peux le croire.
Ce fut avec cette impression initiale désagréable que j’ai donc suivi de près, à partir de septembre 2010, la saga judiciaire de ces trois éléphantes et si leur situation était très différente d’autres situations humaines (comme celles de Vincent Lambert et Alfie Evans), il faut bien reconnaître qu’elle avait trait à une tentative euthanasique. Là encore, ce fut plutôt la justice administrative qui s’est prononcée (pour remettre en cause des arrêtés préfectoraux). Notons, entre parenthèses, que lorsqu’on emploie, à tort, le mot "végétatif" pour caractériser l’état de santé de certains humains, on les rabaisse en deçà du niveau animal.
La principale raison de cette volonté euthanasique ? Des tests sanguins avaient conclu (à tort, voir plus loin) que les éléphantes étaient porteuses de la tuberculose. Il faut bien préciser que ce n’est pas facile de détecter la tuberculose chez les éléphants. Non seulement il faut faire des prises de sang, mais il faut aussi prélever de la muqueuse issue des poumons, les faire tousser, etc. ce qui nécessite une grosse infrastructure, du temps et des frais importants (ce ne sont pas des chats !). La première mesure a été d’isoler les trois éléphantes du public, ce qui ne contribuait pas à augmenter la qualité de vie de ces êtres très sociaux.
Inutile de développer trop précisément les rebondissements judiciaires. La réalité était que le maire de Lyon et le préfet de Lyon, ce dernier en charge de la sécurité de la population de Rhône-Alpes, ont cherché par tous les moyens à euthanasier ces éléphantes dont personne ne voulait, et pas leur propriétaire, un cirque. Par égard pour l’actuel Ministre d’État, Ministre de l’Intérieur, je tairai d’ailleurs le nom de ces responsables…
La raison invoquée était sanitaire et dans une époque où l’on tue par millions des canards ou des poules en cas de soupçon de grippe aviaire, ou des troupeaux entiers lorsqu’une malheureuse vache folle est détectée, que valaient trois malheureuses vieilles éléphantes ? Je ne remets pas en cause d’ailleurs les protocoles de sécurité et de protection de la population, ces abattages massifs sont probablement nécessaires pour être sûr d’éradiquer une épidémie.
Pas trois, mais deux en fait. Deux éléphantes. Car en août 2012, Java, une des trois éléphantes, la plus vieille en captivité en Europe, est morte à 67 ans. De là à imaginer qu’elle était morte de tuberculose, il n’y avait qu’un pas. L’espérance de vie d’un éléphant est d’environ 50-60 ans. Une mort qui a mis administrativement en danger les deux autres, Népal et Baby, qui avaient, en 2012, autour de 44 ans et 45 ans.
Pour résumer très grossièrement, le propriétaire n’avait pas les moyens financiers de vérifier si les deux éléphantes restantes étaient réellement porteuses de tuberculose ou pas, les autorités publiques n’avaient pas la volonté de le financer elles-mêmes et trouvaient bien plus facile et rapide de supprimer ces deux éléphantes. Certaines mauvaises langues supputaient d’ailleurs à l’époque que le maire avait d’autres projets pour utiliser la place occupée par l’enclos des éléphantes. Les éliminer rendait donc ses projets plus faciles à mettre en œuvre.
Heureusement, parfois, l’indifférence peut être vaincue, mais uniquement par des "stars" ! Car qui voulait se préoccuper de ces éléphantes ? Il ne s’agissait pas seulement de les sauver de l’euthanasie, il fallait aussi proposer une solution pour les faire quitter le Parc de la Tête d’Or. Tout le monde ne peut pas accueillir deux éléphantes chez soi. Sensibilisée par cette affaire, Brigitte Bardot a fait un peu de battage médiatique assez efficace pour que l’affaire atteignît les médias et le grand public, prêt à s’enflammer sur le devenir de ces pauvres animaux. Elle avait d’ailleurs proclamé qu’elle s’exilerait en Russie si on mettait à exécution le projet de les abattre.
Finalement, l’histoire a fini bien. On n’a pas voulu confier les éléphantes à Brigitte Bardot, qui avait proposé de les prendre en charge, mais on les a confiées à une autre "star", la princesse Stéphanie de Monaco, intéressée par le "challenge". Le 12 juillet 2013, Népal et Baby firent donc leur entrée dans la magnifique propriété de cinquante hectares de la princesse, à Roc Agel, sur le domaine de Fontbonne, dans la commune de Peille, en Alpes-Maritimes, qui surplombe la Principauté de Monaco.
Depuis quatre ans et demi, Stéphanie de Monaco s’occupait ainsi de ces deux éléphantes, grâce à son Association Baby et Népal qu’elle préside, qui lui permet, grâce à l’aide du public, de financer les nombreux frais d’entretien des éléphantes. Pour la princesse, ce fut véritablement une nouvelle vie et cela lui plaît, visiblement. Ce n’est pas évident de s’improviser maître d’éléphant et elle a dû apprendre auprès de spécialistes. Les deux éléphantes ont vécu dans de grands espaces, heureuses et épanouies, ce qui fait penser à cette formule savoureuse de l’ami André Gide : « Chaque animal n’est qu’un paquet de joie. » (1935). Je n’ai pas pu les voir heureuses, mais en 2006, je peux assurer qu’elles étaient malheureuses et tristes.
Les deux éléphantes ont subi deux séries de tests sérologiques selon les protocoles établis par les autorités sanitaires françaises, en juillet 2013 et en octobre 2013, et tous ces tests ont montré qu’elles n’étaient pas porteuses de tuberculose et qu’elles étaient en bonne santé. Ces tests ont été certes assez coûteux mais ont montré que les pouvoirs publics devaient un peu mieux instruire leur dossier avant de mettre à mort un animal.
Je n’oserais évidemment pas remettre en cause la bonne foi du maire ou du préfet. Il y avait effectivement un risque de tuberculose et pour les animaux, le bénéfice du doute se transforme rapidement en principe de précaution : on-abat-au-cas-où.
Que ce serait-il passé si les tests sérologiques de 2013 avaient été positifs ? Il aurait fallu soit les abattre quand même, soit s’assurer qu’elles eussent été parfaitement isolées selon sans doute des conditions très lourdes.
Pourquoi est-ce que j’en parle maintenant ? Parce que l’une des deux éléphantes, Népal, vient de mourir ce lundi 30 avril 2018, à un âge autour de 50 ans. Elle est morte de sa belle mort, heureuse des grands espaces depuis l’été 2013. Pour Baby, ce sera difficile de rester seule. Il y a des malheurs plus grands dans le monde et finalement, même si c’est une mort, c’est sur une note positive que je veux terminer ici, car ce n’était pas une mort provoquée, voulue par des autorités administratives insensibles qui se moquaient bien des animaux. Juste une mort de sa belle mort.
L’enseignement à en tirer, c’est qu’il devient de plus en plus difficile de considérer les animaux comme de simples biens de consommation ou choses. Ce sont des êtres, une loi a même inclus dans le code civil le fait que ce sont des êtres sensibles. Cela n’empêchera pas des les tuer plus ou moins proprement dans les abattoirs, ou dans les champs (quand il s’agit de lutter contre des insectes). C’est vrai qu’on aurait plus de compassion pour un éléphant que pour un insecte. Un éléphant est "gentil" (même si cet animal peut tuer parfois), immense (on ne peut pas ne pas le voir), et avec une espérance de vie de même ordre de grandeur que l’humain.
Hegel a écrit : « Ce qui élève l’homme par rapport à l’animal, ce n’est que la conscience qu’il a d’être un animal. » (1835). Cette lente évolution de la conscience humaine de la sensibilité des animaux est une bonne chose, même si elle n’aboutira jamais à grand-chose en raison de cette impossible équation : l’homme, qui aime se faire accompagner par des animaux domestiques qu’il chérit, est carnivore et restera toujours un prédateur des autres animaux, et c’est à la fois culturel …et naturel !
-
ABANDON D’ANIMAUX, SOUS QUEL PRÉTEXTE ET N’Y-A-T-IL PAS D’AUTRES SOLUTIONS ?
Mercredi, 1 Août, 2018Daniel RoucousL’abandon d’un animal domestique est un acte de cruauté passible de 2 ans de prison et 30 000 euros d’amende. Sous quel prétexte 60 000 animaux sont abandonnés chaque été alors que des solutions existent.
C’est les vacances, que faire de votre animal de compagnie ? L’abandonner ? Et pourquoi alors qu’il existe des solutions de garde : un voisin, des amis ou la famille, le véto, le home-sitting, le pet-sitter, le chenil, une pension, la SPA… selon vos moyens. Il suffit de demander, se renseigner. Chaque année, le ministère de l’agriculture organise des contrôles dans ces établissements par une opération protection animale vacances
Il ne s’agit pas de culpabiliser (encore que) mais surtout de réfléchir sur son rapport à l’animal, à ses responsabilités et à son engagement. Celles et ceux pour qui l’abandon ne pose aucun cas de conscience doivent savoir que si l’animal est juridiquement un objet comme votre poubelle, il est reconnu par le code civil et le code rural être sensible
A ce titre l’abandonner est un acte de cruauté et de maltraitance passible de 2 ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende en application de l’article 521-1 du code pénal.
Pour éviter d’en arriver là et trouver la meilleure solution, l’union fédérale des consommateurs UFC donne des conseils et adresses utiles
Sans oublier que de nombreux hôtels, campinfs, gîtes, locations saisonnières acceptent les animaux.
Bonnes vacances à vos animaux aussi !
Liens utiles
- droits des animaux domestiques
- vente entre particuliers de chiens et de chats
- voyager sans souci avec son animal
-campagne du ministère de l'agriculture "attention à la rage"
- liste des campings où vos animaux sont admis
- liste des hôtels admettant les animaux
-
UNIVERSITÉS. DEUX SOCIOLOGUES SANCTIONNÉS POUR AVOIR JOUÉ LES MÉDIATEURS
Jeudi, 2 Août, 2018Manon ChapelainLe 18 mai, des enseignants-chercheurs de l’université de Nantes ont tenté de désamorcer les tensions entre personnels et étudiants qui bloquaient la tenue des examens. Leur bonne volonté leur a valu blâme et ralentissement de carrière…
Punis pour avoir aidé… Deux enseignants-chercheurs en sociologie de l’université de Nantes se retrouvent pris, depuis deux mois, dans une affaire des plus saugrenues qui leur vaut sanctions et réprimandes. Leur tort ? Avoir voulu jouer les médiateurs, en mai dernier, entre le personnel administratif et les étudiants qui manifestaient contre la tenue des examens dans le cadre de la loi ORE (orientation et réussite des étudiants). Un acte de citoyenneté qui a débouché, mardi, sur une double peine. Le premier des deux profs a pris six mois de retard dans ses avancements d’échelon ; le second a reçu un blâme inscrit pour trois mois dans son dossier administratif.
« Ces sanctions ne sont pas un drame, mais cette affaire est très triste et en dit long sur l’université française aujourd’hui, où l’on brime la liberté d’expression », déplore l’un des mis en cause, qui préfère garder l’anonymat. Les faits remontent au 18 mai. C’est jour d’examen. Mais dès 6 heures du matin, la tension est déjà palpable avec des étudiants mobilisés contre les réformes du gouvernement. « La situation était déjà compliquée les jours auparavant, raconte Marie David, co-secrétaire du Snesup-FSU à Nantes. Les étudiants avaient été victimes de violences policières et d’intimidations de la part de membres de l’équipe de direction. » Ce vendredi, l’agitation est à son comble. La décision de relever l’identité de ceux qui boycottent l’examen met le feu aux poudres. L’épreuve est annulée. Et les étudiants réclament des explications. Prenant la mesure du face-à-face tendu, deux professeurs restent sur place afin de jouer les médiateurs. « On a dû s’interposer entre étudiants et personnels administratifs pour calmer la situation et trouver les mots justes », raconte l’enseignant.
Mais le lendemain, les deux sociologues découvrent, stupéfaits, qu’on leur reproche d’avoir « insulté, menacé, entravé, bousculé physiquement » le personnel administratif en compagnie des étudiants. Un des profs est immédiatement suspendu de ses fonctions pour quatre mois ! Et cinq plaintes – dont les accusés n’ont aucune nouvelle – sont déposées par des proches de la direction. Dans la foulée, la commission disciplinaire, qui reconnaît pourtant leur rôle de médiateur, se déroule à charge. « Elle était composée de personnes présentes sur la liste du président de l’université lors de son élection », peste Marie David.
Mais ces sanctions ne sont pas irrévocables. Les deux enseignants vont saisir le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche. Et engager des poursuites pour « dénonciations calomnieuses ». La solidarité s’organise également. Une pétition a été mise en ligne par des collègues sociologues. Pour eux, cette affaire « témoigne de l’application à marche forcée de la loi ORE dans les universités, au mépris d’une large partie de la communauté universitaire ».
Manon Chapelain