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    La démocratie est-elle en danger? La sociologue Dominique Schnapper analyse plusieurs symptômes qui témoignent d'un profond malaise.

    La sociologue Dominique Schnapper analyse le mouvement des Gilets jaunes.

    La sociologue Dominique Schnapper analyse le mouvement des Gilets jaunes. (Reuters)

     

    La sociologue Dominique Schnapper, qui a publié en septembre 2018 le livre La Citoyenneté à l'épreuve – La ­démocratie et les Juifs (Gallimard, 400 pages, 22,50 euros), analyse le mouvement des Gilets jaunes, qui "récuse toute forme d'organisation", dans une longue interview au Journal du Dimanche. Selon elle, ce n'est pas l'action des élus qui est responsable de la crise à laquelle on assiste depuis trois mois mais "l'individualisme poussé à l'extrême" qui "conduit à refuser les contraintes qu'impose tout collectif".

    Comment analysez-vous la forme de protestation inédite incarnée par les Gilets jaunes?
    La manifestation de rue est un grand classique de l'histoire ­politique française. Elle était jusqu'à présent organisée par des syndicats ou des partis. Cette fois, nous sommes confrontés à des ­manifestants qui récusent toute forme d'organisation. Le gouvernement se retrouve sans interlocuteurs avec lesquels il pourrait discuter. Lorsqu'un Gilet jaune manifeste son intention d'ouvrir un dialogue, il est aussitôt contesté par d'autres qui disent : il ne nous représente pas. Cette situation explique à la fois la longévité du mouvement, qui pourrait durer encore des semaines, et la difficulté de sortir de la crise.

    Cette crise de la démocratie ne tient-elle pas aussi à l'action des élus?
    Je ne crois pas. Les ministres, les députés ou les maires d'aujourd'hui ne sont pas plus ­incompétents ou corrompus que leurs prédécesseurs. C'est l'individualisme poussé à l'extrême qui provoque la crise : personne ne peut me représenter sauf moi-même ! Cette conviction de plus en plus partagée conduit à refuser les contraintes qu'impose tout collectif. J'y vois le risque de sombrer dans une sorte d'anarchie qui ferait le lit du totalitarisme. Le rejet du débat démocratique par les ­Gilets jaunes a pour conséquence le ­caractère contradictoire des ­revendications. Comment peut-on à la fois réclamer moins d'impôts et plus de services publics ? Tout le monde connaît la phrase de ­Maurice Thorez [secrétaire général du Parti communiste français de 1930 à 1964] : il faut savoir finir une grève. Il tenait un discours de professionnel de la lutte sociale, cherchant une issue aux conflits.

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    Twitter est utilisé par certains enseignants comme un défouloir hyperviolent, où rien n'est censuré, même les insultes sexistes.

    Par Morgane Bertrand

    Publié le 23 février 2019 à 11h09
     
     

    Les enseignants se doivent  d'être exemplaires. C'est le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, dans l'article 1 de la loi sur l'école de la confiance, examinée cette semaine par les députés, qui le rappelle : 

    "Par leur engagement et leur exemplarité, les personnels de la communauté éducative contribuent à l'établissement du lien de confiance qui doit unir les élèves et leur famille au service public de l'éducation."

    Mais cette obligation, qui existe déjà pour tous les fonctionnaires, froisse sérieusement les enseignants. Le syndicat SNUuipp-FSU, syndicat majoritaire dans le primaire, a même lancé une pétition pour le faire savoir. Le ministre cherche-il vraiment à museler les enseignants ? 

    Une chose est certaine : les réseaux sociaux sont un lieu où certains profs semblent perdre tous sens de la mesure... au point qu'on tremble à l'idée que ces gens encadrent nos enfants toute la journée ! Twitter, notamment, se transforme en déversoir à insultes où, derrière les différends politiques, surgissent un imaginaire terriblement violent, des inspirations scatologiques, voire un sexisme totalement décomplexé.