« On nous fait manger n’importe quoi » : à Bordeaux, les consommateurs inquiets de savoir le thon en boîte contaminé au mercure
Par Esther Suraud - gironde@sudouest.fr
Publié le 29/10/2024 à 20h23.
Mis à jour le 30/10/2024 à 9h02.
Les rayons des supermarchés sont encore pleins de boîtes de conserve de thon malgré l’alerte de deux ONG sur la contamination au mercure. Rencontres avec les consommateurs bordelais
Devant le rayon conserves du Carrefour City de la rue des Allamandiers à Bordeaux, Andréa n’en revient pas : « Le thon en boîte, c’est le poisson que je consomme le plus ! » Dans une enquête publiée ce mardi 29 octobre, les ONG BLOOM et Foodwatch ont révélé que le thon en conserve était contaminé au mercure et ce, dans la totalité des 148 boîtes sélectionnées aléatoirement dans cinq pays européens. Cette substance nocive pour la santé serait « l’une des dix substances les plus préoccupantes au monde, comme l’amiante ou l’arsenic ».
« C’est celle-ci que j’achète à chaque fois », livre Andréa en désignant une conserve bleu claire, avec un bateau pour emblème. La marque Petit Navire serait particulièrement pointée du doigt en France, avec une teneur de 3,9 mg/kg par boîte de thon blanc au naturel. « C’est dingue, hier encore, j’ai préparé une salade pour mes enfants à base d’œufs, de pommes de terre et de thon… Il en reste encore dans le frigo, je prévoyais de la finir pour le dîner. Je vais évidemment m’en débarrasser à mon retour », se résout la consommatrice.
« Limiter les risques »
Sans plus attendre, les deux ONG demandent un renfort de la réglementation et un arrêt de la commercialisation. Pourtant, dans les enseignes de grande distribution, comme au Carrefour Market de la Bastide, les rayons sont pleins de conserves. Et face à eux, des clients aux abonnés absents.Les rappels consommateurs de produits alimentaires de base se succèdent ces dernières années, et le mercure dans les boîtes de thon ne semble pas étonner Nicolas, un Bordelais de 32 ans. « Franchement, on nous fait manger n’importe quoi, constamment. Ça ne s’arrête jamais. J’essaie d’être vigilant mais, ce n’est pas toujours facile », partage celui qui préfère s’orienter vers des produits non modifiés et frais pour « limiter les risques de contamination ». Pas si simple pour Richard, dans le rayon voisin, qui n’a pas la possibilité de changer ses habitudes alimentaires, par souci financiers : « Aller à la poissonnerie pour ne pas acheter du thon en conserve… J’aimerais bien mais, ce n’est pas donné à tout le monde. »