• Lorsqu’une communauté est envahie par des forces armées étrangères, on retrouve généralement les mêmes réponses à l’agression, souvent réduites à la résistance ou à la collaboration. Ainsi, dira-t-on que le peuple résiste ou collabore. Mais est-ce si simple ?

    Les Gaulois ont-ils résistés à la conquête romaine menée par Jules César ? Les Russes ont-ils résistés à l’invasion et à l’occupation allemande de leurs territoires pendant la seconde guerre mondiale ? Les Français ont-ils collaboré pendant la même période ? Que dire des Egyptiens lors de l’invasion hyksôs à la fin de la XVIIe dynastie, des Aztèques lors que l’invasion espagnole au XVIème siècle, des Chinois lors des invasions mongoles, des Soninkés lors de l’invasion almoravides au XIème siècle, des Irakiens lors de l’invasion américaine au début de notre siècle, des Bandongos lors de l’invasion portugaise au XVIème siècle ou encore des Perses lors de l’invasion macédonienne au IVème siècle av JC ?

     

     

    Un peuple ne résiste ni ne collabore comme un bloc homogène. Cet article aura pour objet de décomposer les réponses à l’invasion en ses éléments constitutifs pour les décrire.

    Si on ne s’intéressait qu’aux opinions qui traversent les membres de la communauté, on distinguerait ceux qui approuvent l’invasion, ceux qui la désapprouvent et les indifférents. Mais approuver ou désapprouver une invasion n’implique pas de poser des actes en faveur ou en défaveur de l’envahisseur, et l’indifférence ne prédétermine pas à la passivité. Au cours de cet exercice, nous allons donc catégoriser les réponses à l’invasion en fonction des actes posés par les membres de la communauté agressée et ce, indépendamment de leurs opinions.

     

     On distingue :

     

    1. Les collaborateurs :

    Dans ce groupe, on trouve les catégories suivantes :

    a. Les enthousiastes : groupe d’individus qui trouvent un intérêt direct à collaborer avec l’envahisseur et qui leur ouvre les portes de la cité :

    -Soit pour conserver une position sociale dominante qu’ils voient menacées (par exemple en raison de la montée en puissance d’un groupe social concurrent ou d’une volonté générale de redistribution des ressources qui, si elle était suivie par des actes, briserait leur monopole)

    -Soit pour garantir leur ascension sociale ( parce qu’ils cherchent par exemple à accroitre leur pouvoir et que la seule manière d’y parvenir est de renverser l’ordre existant par la force, mais ne disposant pas des moyens de leur ambition, ils favorisent l’invasion étrangère pour atteindre leur but) 

    -Soit par haine de leur gouvernement (on pense par exemple à des opposants persécutés ou à des individus spoliés)

    -Soit pour des motifs idéologiques ou ethniques (par exemple une minorité ethnique ou religieuse qui s’estime opprimée ou qui aspire à une indépendance et pour laquelle l’invasion ouvre des perspectives d’autonomie politique) 

    Il arrive que ce soient les individus de cette catégorie qui fassent appel à l’envahisseur, qui l’encourage, le stimule, le décide à intervenir et qui construisent les mécanismes de légitimation de l’invasion et de l’occupation. Ils participent activement à l’effort militaire et logistique de l’occupant et le fournissent en renseignements. Ils ont une place de choix dans l’administration des zones occupées. En somme, ce sont les principales forces auxiliaires de l’occupant. Cette catégorie peut être constituée de personnages ambitieux disposant de moyens matériels considérables, jouissant d’une grande influence et tirant des bénéfices financiers et politiques de l’occupation mais aussi de petites mains des catégories sociales plus basses.

    Plus encore que l’occupant, cette catégorie de collaborateurs concentre l’hostilité des résistants qui voient en elle le principal ennemi, l’incarnation absolue du système d’occupation qu’ils combattent, l’ennemi fondamental. Le résistant peut le cas échéant s’assoir à la même table que l’envahisseur pour négocier, il peut même aller jusqu’à le respecter mais il ne réserve au traitre qu’un seul sort : la mort. Consciente de cette hostilité radicale, cette catégorie de collaborateurs se sent menacée en permanence par la résistance, elle sait qu’elle ne risque pas de perdre uniquement son rang et les privilèges acquis mais aussi sa vie. Ne se faisant aucune illusion sur son destin en cas de défaite, elle se montre plus cruelle encore envers les résistants que l’envahisseur lui-même, la destruction des résistants devient pour elle une nécessité biologique, elle se transforme donc en parfait relais de la structure d’occupation, elle est le dispositif d’occupation fait homme.

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    Dans le film « Adanggaman », le tyran Adanggaman chasse ses compatriotes pour alimenter le commerce triangulaire

     

    b. Les craintifs : personnes qui ont une situation socioprofessionnelle telle qu’elle rend leur collaboration indispensable à l’occupant (par exemple un commerçant chez lequel se fournissent les troupes d’occupation ou encore un fonctionnaire qui participe au maillage territorial de l’envahisseur). Ils collaborent avec l’envahisseur principalement par crainte de perdre leur statut social (le commerçant pourrait par exemple se faire exproprier et le fonctionnaire pourrait se faire limoger). Ces individus ne sont pas forcément des sympathisants de l’invasion, ils peuvent être indifférents ou avoir de la sympathie pour la résistance mais de manière générale, ils seraient passifs s’ils n’étaient pas utiles à l’envahisseur, par ailleurs lorsque ce dernier n’a plus besoin de leur service ils retournent à la passivité.

    c. Les contraints : ce sont généralement des individus dont la collaboration est nécessaire à l’envahisseur et qu’il contraint par la force. Ils ne peuvent s’opposer à cette coercition qu’en risquant l’emprisonnement, la torture ou la mort (par exemple une autorité religieuse ou tribale disposant de suffisamment d’influence pour mobiliser la population mais que l’envahisseur oblige à le soutenir ). Pour beaucoup, agir sous le fait de la contrainte de l’envahisseur et de ses auxiliaires n’est pas collaborer, placer cette catégorie d’individus parmi les collaborateurs est donc problématique. Ils posent néanmoins des actes favorisant l’occupation même s’ils sont contraints. Ils peuvent devenir passifs ou basculer dans la résistance lorsque la contrainte qui s’exerce sur eux cesse.

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    Travailleurs coréens réduits à l'état de quasi-esclavage pendant l'occupation nippone

     

    2. Les résistants 

    Ce sont les individus mènant des actions s’opposant à l'occupation de leur pays par des forces étrangères. On distingue parmi eux :

    a. Les enthousiastes : ce sont les partisans qui mènent la lutte contre l’envahisseur. On retrouve dans cette catégorie des individus qui ont exercés des charges publiques avant l’invasion, de simples patriotes farouchement opposés à l’envahisseur mais aussi d’anciens collaborateurs qui ont basculé dans la clandestinité pour échapper à la pression qui s’exerçait sur eux ou par hostilité à l’envahisseur, voire d’anciens collaborateurs au départ enthousiastes qui ont été déçus. Ils peuvent être  : 

    -Combattants : s’opposent militairement aux envahisseurs et à leurs collaborateurs

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    Partisans soviétique pendant la seconde guerre mondiale 

     

    -non combattants  : fournissent une aide logistique et financière ainsi que des renseignements aux combattants et mènent une lutte culturelle de légitimation de la résistance à l’occupation pour mobiliser le plus grand nombre de personnes. 

     

    b. Les contraints : ils s’inscrivent dans un tissu socioprofessionnel, dans une infrastructure socio-économique ou disposent de capacités telles que leur collaboration est indispensable pour la résistance. Ils posent des actes qui s’opposent à l’occupation par crainte que les résistants ne s’en prennent à eux et à leurs proches. La crainte qu’ils nourrissent pour les résistants est plus grande que la crainte que leur inspire l’envahisseur. Lorsque cette contrainte ne s’exerce plus sur eux, ils peuvent devenir passif ou basculer dans la collaboration par vengeance.

     

    3. Les passifs

    Constituent généralement le plus gros contingent de la population. On retrouve au sein de cette catégorie toutes les opinions : sympathisants de l’invasion, de la résistance ou indifférents. Mais tous affichent une indéboulonnable passivité, ils n’agissent ni pour hâter le départ de l’envahisseur, ni pour défendre l’occupant.

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    Soldats allemands attablés tranquillement à une terrasse de café parisienne 

    C’est une masse constituée d’individus avec différents moyens matériels, connaissances et capacités mais qui ne les déploient ni en faveur de la résistance, ni en faveur de l’occupation, leur seule préoccupation est de rester en dehors du conflit pour poursuivre leur vie comme si de rien n’était, sans jamais prendre aucun risque. Ils ne sont coupables de rien, mais pas entièrement innocents, la seule volonté dont ils font preuve, c’est celle du refus de s’engager.

     

    Conclusion

    Suivant les cas, on retrouve des proportions variables de ces catégories. La réaction d’une communauté à une invasion articule toujours dans les faits ces diverses catégories et leur distribution détermine le niveau général de résistance d’un peuple à une invasion.

    Il n’est jamais, dans la réalité, de catégorie complètement pure, il faut ici rappeler que l’on est en présence d’une démarche descriptive abstraite. Les guerres d’invasion et les occupations étrangères sont des processus flexibles et complexes, un individu peut passer d’une catégorie à une autre en fonction des circonstances. Cela ne signifie pas que l’on ne puisse discerner dans les occupations étrangères réellement existantes des traits dominants avec certaines caractéristiques qui les rattachent à ces idéaux-types.

    Rappelons également que dans ce type de guerre, l’espionnage et le contre-espionnage ont une place, de sorte qu’un individu peut sembler en apparence faire partie d’une catégorie mais réellement en appartenir à une autre ( ex : un individu peut feindre d’ être un collaborateur enthousiaste de l’occupant mais être réellement un résistant infiltré au cœur de l’infrastructure adverse ou inversement avoir une place au centre de la résistance mais être réellement espion au service de l’occupant, sans parler du cas des agents doubles). A noter également pour complexifier ce tableau que la résistance est rarement homogène, elle est généralement constituée de groupes distincts, tantôt alliés, tantôt concurrents et parfois ennemi mortels. On pourrait également parler du jeu des puissances étrangères qui trouvent un intérêt à soutenir la résistance et qui peut rendre la notion d'occupation étrangère floue lorsqu'elles envoient leurs propres troupes aider la résistance. 

     


  • Deux dentifrices sur trois contiennent du dioxyde de titane, une substance contenant des nano-particules (ISOPIX/SIPA)

    L'association Agir pour l'environnement a étudié 408 dentifrices vendus dans les grandes surfaces, pharmacies, parapharmacies et magasins bio.

    Par L'Obs avec AFP

    Publié le 28 mars 2019 à 09h11
     

    Le dioxyde de titane, controversé car il contient des nanoparticules, est largement présent dans les dentifrices, dénonce jeudi 28 mars l'association Agir pour l'environnement, qui demande que ce produit ne soit plus utilisé dans les dentifrices et les médicaments.

    L'association a étudié 408 dentifrices, dont 59 pour enfants, vendus dans les grandes surfaces, pharmacies, parapharmacies et magasins bio.

    Il en ressort que "deux tiers des dentifrices (271 dentifrices sur 408) contiennent du dioxyde de titane". "Un dentifrice pour enfants sur deux en contient (29 dentifrices sur 59)". Et "aucun des 271 dentifrices ne précise sur son emballage si le dioxyde de titane présent est à l'état nanoparticulaire", selon un communiqué de l'association.

    En mai dernier, la secrétaire d'Etat à la Transition écologique Brune Poirson avait annoncé la suspension de l'utilisation du dioxyde de titane (indiqué sur les étiquettes comme TiO2 ou E171) dans les produits alimentaires d'ici fin 2018 − suspension et non interdiction, qui dépend de l'Union européenne.

    Cette substance contient des nanoparticules − d'une taille inférieure à 100 nanomètres facilitant leur pénétration dans l'organisme − ce qui soulève l'inquiétude depuis plusieurs années des associations de défense des consommateurs et de l'environnement.

    Mais le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait refusé de signer l'arrêté de suspension, mettant en avant des "évaluations différentes" sur la dangerosité potentielle du produit. Il aurait ensuite fait machine arrière, selon des associations, et se serait engagé à suspendre cette substance à la mi-avril.

    Agir pour l'environnement, qui doit être reçue jeudi après-midi par le cabinet de Bruno Le Maire, demande "l'élargissement de l'arrêté de suspension du dioxyde de titane à tous les produits qui peuvent être totalement ou partiellement ingérés : dentifrices et médicaments (le TiO2 est présent dans les excipients de 4.000 médicaments)".

    L'association réclame aussi "une enquête de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) pour vérifier si l'absence de la mention 'nano' sur l'étiquetage des dentifrices est justifiée, ainsi que des sanctions dissuasives pour les fraudeurs".

    Elle a mis en place un site dédié dentifrice.infoconso.org.

     

    L'Obs avec AFP

    L'Obs avec AFP

    Journaliste