C’est un secteur qui, pendant le Covid, a été reconnu de « première ligne », avec des salariés qui ont répondu « présent » quand il a fallu aller aux avant-postes dans les hôpitaux, les transports, les entreprises ou encore les commerces alimentaires pour assurer l’entretien. Et ce secteur de la propreté et de l’hygiène, la séquence coronavirus terminée, continue d’embaucher et de souffrir d’un déficit d’image.
Ce n’est donc pas un hasard si Carole Grandjean, ministre déléguée de l’Enseignement et la Formation professionnels, avait choisi, ce mercredi 19 avril, de passer une grande séquence de sa visite en Gironde dans le CFA dédié aux métiers de la propreté, à l’Inhni de Pessac, et ce, pour parler attractivité mais aussi réforme du lycée professionnel, en résonance avec l’allocution de lundi soir d’Emmanuel Macron.
Bon, la réforme du lycée professionnel, ce n’est pas la nouveauté de la semaine sortie du chapeau du président de la République. En octobre dernier, des groupes de travail se sont mis en place avec les acteurs de l’enseignement professionnel, avec des experts, avec l’État et avec les familles. Plus de 200 propositions ont émergé et vont être discutées avec les organisations syndicales après le 1er mai, pour une feuille de route remise avant l’été et une mise en musique à la rentrée de septembre.
La ministre a rencontré les apprentis mais aussi les entreprises du secteur de la propreté et de l’hygiène, secteur qui recrute et peine à trouver des candidats.D’ores et déjà, on s’achemine vers une découverte des métiers dès le collège, dans les classes de 5e, 4e et 3e. D’ailleurs, au CFA pessacais, Carole Grandjean n’a cessé de demander aux apprentis présents en CAP, bac pro ou bac + 3 comment le secteur de la propreté les avait attirés…
« On peut évoluer très vite dans ces métiers. L’ascenseur social n’est pas bloqué »
Erseda était en foyer. Ce sont ses éducateurs qui lui ont conseillé de s’orienter dans cette branche où on recrute. Elle a enchaîné CAP, bac pro et BTS en apprentissage. Elle a même pu obtenir des aides pour passer le permis. Benjamin, en BTS, connaît le secteur, Papa a une société de nettoyage. « On peut évoluer très vite dans ces métiers. L’ascenseur social n’est pas bloqué. » Il suffit de le faire savoir. La branche professionnelle a augmenté de 11 % ses minima sociaux. Et la Fédération des entreprises de propreté a besoin de 500 à 700 apprentis dans ses sept CFA.
Gratification des stages
Mais la future réforme du lycée professionnel ne se limite pas à l’attractivité des métiers. « Les groupes de travail nous ont permis d’objectiver le constat que seulement un élève sur deux diplômés en lycée professionnel réussit à s’insérer dans l’emploi – 65 % de ces élèves veulent poursuivre leurs études, mais seulement 35 % le pourront et 50 % de ces derniers y parviendront, a rappelé la ministre. D’où la nécessité de revoir la promesse d’insertion et la perspective de poursuite d’études. » Des pistes émergent d’ores et déjà. À commencer par un accompagnement individuel des élèves les plus fragilisés et un renforcement des savoirs fondamentaux tels que lire, écrire et compter, quand le taux d’illettrisme à la sortie du lycée professionnel est jugé trop élevé.
« Ensuite, nous avons la volonté de rapprocher l’école de l’entreprise et de renforcer l’offre de formations sur des filières insérantes. Autrement dit, celles qui ont un taux très faible d’insertion doivent être supprimées car ne répondant pas aux enjeux de la société. Ça veut dire que nous allons ouvrir des formations et en fermer sur la base des grands enjeux nationaux qui se posent à nous, le numérique, l’environnement, mais avec une territorialisation de la réalité des métiers. Dans certains territoires, ce seront plus des métiers industriels, dans d’autres, des métiers liés au tourisme », a précisé Carole Grandjean.
Des moyens vont être mobilisés via le fonds France 2030 pour former les enseignants afin d’accompagner l’évolution des secteurs d’activité, pour créer de nouveaux plateaux techniques aux côtés des régions et pour, conformément à la promesse d’Emmanuel Macron, « gratifier » les stages. « Gratification à la charge de l’État et qui va responsabiliser l’élève, mais aussi l’entreprise vis-à-vis de la qualité de l’accueil et du stage en lui-même, ainsi que l’établissement quant à la complémentarité de la formation. Ce qui signifie que ces stages devront être mieux préparés. »
On l’aura compris, c’est l’image de la voie professionnelle et son accompagnement qu’il faut changer. « On a réussi à le faire pour l’apprentissage avec 837 000 apprentis en 2022 dont 65 702 en Nouvelle-Aquitaine (+11 % depuis 2021). Et en gardant le cap d’un continuum depuis la formation initiale jusqu’à la formation continue. L’apprentissage doit se retrouver tout au long de la vie professionnelle », a conclu la ministre.