• Mark Kidel, pionnier du documentaire rock à Bordeaux : « Je n’ai pas de style, je laisse parler les gens »

    Mark Kidel, pionnier du documentaire rock à Bordeaux : « Je n’ai pas de style, je laisse parler les gens »

    Mark Kidel, pionnier du documentaire rock à Bordeaux : « Je n’ai pas de style, je laisse parler les gens »

    « Free Will and Testament », documentaire de Mark Kidel sur Robert Wyatt, sera projeté deux fois, mercredi 6 puis samedi 9 novembre. © Crédit photo : Mark Kidel Films

    Le 10e festival Musical Écran, associant musiques et cinéma, a lieu du 5 au 15 novembre 2024 à Bordeaux et Bègles. Il propose notamment un focus sur Mark Kidel, l’un des premiers documentaristes à s’être intéressé au rock dans les années 70. Interview

    Mark Kidel, c’est un peu le lapin que Musical écran sort de son chapeau. Pour sa 10e édition, le festival bordelais consacré à des documentaires musicaux propose un focus sur ce réalisateur anglais, auteur – entre autres – de nombreux films sur le rock, la soul, la musique classique ou les musiques du monde depuis cinquante ans. Quatre d’entre eux seront projetés entre le mercredi 6 et le dimanche 10 novembre, et une rencontre est programmée le samedi 9 au théâtre Molière. Avant-goût.

    À Bordeaux, vous présentez des films sur Robert Wyatt, Boy George, Ravi Shankar et Tricky. Quel est le point commun entre ces artistes ?

    Le seul point commun, c’est moi. Je ne fais des films que sur des gens que j’aime, sans chercher à gagner de l’argent avec. C’est impossible avec ce genre de documentaire en Angleterre, où le statut d’intermittent du spectacle n’existe pas.

    Musical écran a choisi quatre films qui étaient disponibles en version sous-titrée. Ça me semblait particulièrement important pour celui sur Robert Wyatt. J’ai toujours trouvé les paroles de ses chansons magnifiques, même si lui-même ne s’est jamais considéré comme un poète.

    Mark Kidel : « Le cinéma vérité, cette manière de filmer en ne mettant rien en scène, me correspondait. »Mark Kidel : « Le cinéma vérité, cette manière de filmer en ne mettant rien en scène, me correspondait. »
    Mark Kidel Films

    La seule exception dans cette liste, c’est peut-être le film sur Boy George, que j’ai réalisé alors que je n’ai jamais été fan de Culture Club. Là, ce qui m’a intéressé, c’est son histoire. En particulier son rapport à la drogue : comment l’héroïne a été une compensation au fait de ne pas pouvoir vivre sa sexualité en public, à une époque où il était difficile d’être gay au Royaume-Uni.

    On vous présente souvent comme un pionnier du documentaire rock. C’est comme ça que vous vous voyez vous aussi ?

    Oui, même si j’ai aussi tourné des documentaires sur des compositeurs contemporains comme Edgard Varèse ou John Adams. Mais, dès les années 1970, j’ai suivi des groupes en tournée, en m’efforçant de convaincre la BBC que le rock méritait d’être pris au sérieux. Ça n’allait pas de soi auprès de gens de plus de 50 ans qui n’écoutaient que de la musique classique.

    J’avais en fait été marqué par « Don’t Look Back », le documentaire de D. A. Pennebaker sur la tournée de Bob Dylan au Royaume-Uni en 1965. Cette forme de cinéma vérité, filmer en ne mettant rien en scène, me correspondait. Je m’en suis servi pour mon film sur Tricky.

    Mon père était journaliste. De lui, je tiens un côté « observer le monde ». Je n’ai pas fait d’école de cinéma. J’ai appris le métier sur le terrain, en tant qu’assistant. C’est à mon avis la meilleure école.

    Vous avez aussi tourné des documentaires sur la révolution de 1956 en Hongrie ou sur ce qui fonde l’identité britannique. La méthode de travail est-elle la même que pour un film musical ?

    Non. Tous ces documentaires sont très différents. Déjà, ceux sur Tricky et Ravi Shankar, qui seront projetés à Bordeaux, ne se ressemblent pas beaucoup. Je n’ai pas de style, je laisse parler les gens. J’aime cette phrase de Fellini qui disait qu’il ne savait jamais à quoi ressembleraient ses films tant qu’ils n’étaient pas finis. Je me sens surtout privilégié d’avoir pu approcher des artistes comme Robert Wyatt ou Ravi Shankar.

    Séances de 5 à 8 euros. Pass à 20 et 25 euros. Détails sur bordeauxrock.com

     

     
     
     
     
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