• Mort de Philippe Méziat, le “Monsieur jazz de Bordeaux” : « John McLaughlin, au cœur de la guitare »

    Mort de Philippe Méziat, le “Monsieur jazz de Bordeaux” : « John McLaughlin, au cœur de la guitare »

     

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    DANS LES ARCHIVES - Spécialiste du jazz, cet ancien chroniqueur pour « Sud Ouest » s’est éteint dans la nuit du mercredi 30 au jeudi 31 octobre 2024. L’occasion de relire cet article qu’il avait consacré à John McLaughlin lors de son passage en Gironde en mars 1998, avec son groupe « The Heart of things »

    Si les règles du bien-dire supportent mal l’imprécision du mot « chose », le discours philosophique (depuis Freud et Heidegger, au moins) est plus tolérant vis-à-vis d’un terme qui, en allemand et en anglais, permet de désigner à la fois l’objet premier dans son imprécision menaçante et, au pluriel, la multitude des petits objets qui nous attachent au monde. Dans le jazz, on trouve ainsi « The Foolish Things », titre d’un standard célébré par Lester Young qui évoque toutes les « petites choses » de l’amour et, au rang de mot d’ordre esthétique, la « new thing », la musique du début des années 60, autrement dit le free jazz.

    Le dernier disque (Verve/Polygram) de John McLaughlin — comme son groupe récent — s’appelle « The Heart of things », « le Cœur des choses », et nul doute qu’il constitue la matière essentielle de la tournée que le guitariste anglais entreprend ces jours-ci. Dire qu’il y a là du nouveau serait très excessif, même si la constitution du combo laisse entrevoir certaines ouvertures, avec l’arrivée du saxophoniste Gary Thomas, par exemple, musicien que l’on a comparé à Steve Coleman parce qu’il semblait intéressé, lui aussi, par les sirènes urbaines du rap et du mouvement hip-hop. À noter aussi la présence du bassiste Matt Garrison, qui est le fils du contrebassiste fétiche de John Coltrane.

    « Guitar hero »

    Dans l’ensemble, la musique actuelle de l’ancien guitariste de Miles Davis se réfère aux canons du « jazz-rock » le plus traditionnel. Elle est toujours superbement virtuose, elle dégage du jazz l’énergie comme s’il en pleuvait, elle projette avec détermination sa précision et son message dynamique. Son style nommé « New York fusion » s’adresse à tous ceux qui ne désespèrent pas que le message du dernier Miles Davis ait un prolongement.

    En matière de « guitar hero » le jazz ne connaît guère que Charlie Christian, qui a introduit et révolutionné la guitare électrique des armées 40 avant de disparaître prématurément. McLaughlin lui voue une admiration sans bornes, tout comme à Django Reinhardt, d’ailleurs. L’apport personnel du fondateur de « Mahavishnu Orchestra » aura été de réintroduire dans le jazz ce qui avait été exporté dans la musique populaire, histoire de remettre les pendules à l’heure et les comptes en ordre.

    Au long de son parcours, rien de ce qui a fait la gloire de l’instrument à six cordes ne lui aura été étranger, de Paco de Lucia à Jeff Beck en passant par Jimi Hendrix. Grisonnant et détendu, il poursuit avec tranquillité son chemin dans le jazz d’aujourd’hui, c’est-à-dire sans espérances particulières, mais sans concessions insupportables non plus. Le cœur des choses, c’est peut-être un battement, une pulsation, une sorte de rebondissement en quoi certains se reconnaissent.

    John McLaughlin, « The Heart of things », avec Debora Seffer et Thierry Maillard en première partie, jeudi 26 mars 1998, à 21 heures, au vigean, Eysines (05.56.00.21.30).

     

     
     
     
     
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