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Michel Barnier et son gouvernement devant leur feuille de route de politique générale
Paris – Le Premier ministre réunit, vendredi 27 septembre, son gouvernement afin de s’accorder sur la ligne politique qu’il présentera le 1er octobre prochain devant l’Assemblée nationale, et qui s’annonce toujours plus complexe sur fond de contraintes budgétaires et de «surveillance» de l’extrême droiteLe Premier ministre doit prononcer sa déclaration de politique générale (DPG) le 1er octobre dans le contexte inédit d’une « multicohabitation », selon les termes du président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius.
Cohabitation avec le président même si les deux hommes réfutent ce terme, cohabitation à l’Assemblée nationale, où il ne dispose d’aucune majorité absolue même en additionnant les élus du centre et de la droite qui le soutiennent, et cohabitation entre les forces au sein même de son gouvernement. Il semble de ce fait peu probable que Michel Barnier demande un vote, comme il peut le faire, à l’issue de son discours. La gauche a déjà prévu de déposer une motion de censure, tandis que l’extrême droite agite la menace, sans dire à quelle échéance, et dispose ainsi du « baiser de la mort », dixit un parlementaire Liot.
Avant ce séminaire à Matignon prévu de 15H00 à 18H00, le Premier ministre a reçu l’ensemble des forces syndicales et patronales qui ont salué son « écoute » mais sans déceler ses intentions. Il a aussi réuni mercredi 25 septembre, autour d’une même table, les groupes politiques de sa coalition, après plusieurs couacs et le recadrage de deux ministres EPR (Ensemble pour la République, ex-Renaissance). Il l’avait déjà fait la semaine dernière pour accélérer la finalisation de son équipe.
Patron. « Il veut montrer qu’il est le patron, il n’a aucun intérêt à apparaître faible », fait valoir un cacique de la macronie. Un proche de Michel Barnier met aussi en avant son « autorité ». « C’est l’ancien monde qui vient à la rescousse du nouveau. Il applique les bonnes vieilles méthodes de travail ». Mais le coup de fil du Premier ministre à Marine Le Pen, qui n’avait pas apprécié que le nouveau locataire de Bercy Antoine Armand refuse de travailler avec le RN, a exaspéré jusque dans le camp présidentiel.
« C’est bien joli de draguer Marine Le Pen, mais si c’est pour perdre les macronistes… », grince un ancien ministre EPR. Une cadre Renaissance regrette même la participation de son parti au gouvernement, « le dépassement, c’est terminé. Et la lutte contre l’extrême droite… On a Marine Le Pen qui appuie sur le bouton, le Premier ministre qui se couche, c’est absolument dévastateur ». « Armand a été recadré, mais Retailleau lui personne ne le recadre », s’offusque un député MoDem, dont le parti a hésité à entrer au gouvernement.
Michel Barnier a certes réuni à Matignon jeudi les ministres Bruno Retailleau (LR, Intérieur) --qui « tient les mêmes discours » que l’extrême droite selon l’allié du RN Eric Ciotti--, et Didier Migaud (ex PS, Justice) qui, à peine nommés, avaient engagé un bras de fer par médias interposés. Mais il ne s’agissait « pas du tout » d’un recadrage, selon l’entourage du Premier ministre, juste de « travailler sur les lignes communes sécurité et justice » de sa déclaration de politique générale.
Cap « austéritaire ». Outre l’immigration, qui a déjà fracturé l’ex-majorité, plusieurs sujets seront difficiles à arbitrer, comme la proportionnelle, à laquelle le parti allié Horizons et LR ne sont pas favorables, le texte sur la fin de vie, auxquels sont opposés plusieurs ministres conservateurs, ou encore les impôts, que les macronistes ne veulent pas augmenter. Or Michel Barnier doit résoudre la quadrature du cercle budgétaire, avec un déficit qui pourrait dépasser les 6% du PIB en 2024.
L'équilibre entre coupes dans les dépenses et recettes fiscales supplémentaires s’annonce très délicat à trouver, alors que la France est visée par une procédure de déficit excessif par la Commission européenne. Privilégiant une réduction des dépenses, le ministre du Budget macroniste Laurent Saint-Martin a exclu une « augmentation d’impôts généralisée ».
Michel Barnier a lui évoqué de possibles hausses ciblées sur les contribuables les plus riches et les grandes entreprises, brisant un tabou. Le président de la commission des Finances Eric Coquerel (LFI) a dénoncé un « cap (...) austéritaire » et déploré une possible hausse de la fiscalité « homéopathique ».
Anne RENAUT
© Agence France-Presse
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Emploi des seniors: «Arrêtons de compter seulement sur les jeunes pousses, appuyons-nous aussi sur les vieilles branches»
Il souffle un petit vent pimenté de bonnes ondes au sujet des seniors en entreprises. Si, si… Les messages se multiplient sur les réseaux sociaux, les colloques et conférences pour faire bouger les lignes aussi. Bonne nouvelle ? En partie seulement...Les faits -Pour l’instant, ces bonnes intentions sont souvent hélas surtout des mots, elles se traduisent trop peu en actes. Dans beaucoup d’entreprises, avoir passé les 45, 50, mais surtout les 55 ans (que dire alors des 60 ans !), c’est sentir fermement collée sur son front l’étiquette « ringard », « emmerdeur », « has been », « bientôt plus là »… Parfois par des gens qui ont le même âge, mais qui se trouvent tout en haut de la pyramide où les années semblent bizarrement passer moins vite. Il y en a un, qui a décidé de se payer la tête des décideurs, c’est Lucien Jean-Baptiste dans son nouveau film, « On fait quoi maintenant ? » qui sort en salle le 2 octobre, un joyeux coup de patte dans la fourmilière des poncifs. Avec de savoureuses réactions de seniors qui relèvent le gant. Car c’est sûr, pas question de se laisser persuader qu’on ne vaut plus rien !
Vous avez remarqué ? Les seniors sont devenus un thème à la mode. Les associations et les messages vitaminés qui expliquent pourquoi il faut prendre en compte les seniors surgissent d’un peu partout.
Juste avant l’été, deux figures médiatiques, le toujours charmant Antoine de Caunes et la pétulante Maïtena Biraben se sont lancés avec panache à l’assaut des idées reçues. Le premier en créant avec CMI, le magazine Vieux au titre qui claque.
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Plus question de se cacher, on affiche la couleur des années et on les dépoussière au passage. Pour quels lecteurs ? Ceux qui « s’intéressent au monde auquel ils ne demandent qu’à participer au lieu d’être un peu mis de côté, sur une voie de garage », expliquait lors du lancement celui qui, à 70 ans (qui l’eut cru ? ), a fait sienne la phrase de Groucho Marx, « dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s’est passé ».
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« Je suis heureux, je suis curieux, je suis enthousiaste, j’aime ce que je fais et j’ai l’impression que j’ai encore plein de choses à faire », explique à Aurélie Casse, dans C l’hebdo sur France 5, celui qu’on se pince pour considérer comme un tout jeune septuagénaire.
Esprit positif. La recette, c’est sûrement de cultiver cet esprit positif et d’aller de l’avant. Plus facile quand on ne prend pas en pleine face le regard, les brimades de certaines entreprises ou de recruteurs.
Maïtena Biraben, 57 ans, ex-présentatrice du Grand Journal de Canal + et des Maternelles de France 5, elle, a lancé avec Alexandra Crucq, un média numérique « Mesdames » pour les femmes de 45 à 65 ans qui sont trop souvent doublement discriminées.
« A partir de 45/50 ans, la femme sort du marché du travail alors que les plus de 45 ans sont plus de 9 millions en France », regrettait avant l’été sur France Info la nouvelle entrepreneuse qui l’assure, à partir de 45 ans on entre dans un âge de grande liberté. Il faut changer les regards, d’autant que les femmes ont encore de longues années devant elles. Comme elle le dit », on ne peut pas rester vieille pendant 45 ou 50 ans ! »
Un nouveau ton, de nouvelles voix s’attachent à parler aux femmes de plus de 50 ans. C’est le cas depuis quelques années du Club Landoy, un think tank qui étudie l’impact économique et social du vieillissement. Il a été créé par Sibylle Le Maire, directrice exécutive de Bayard tout comme la lettre Vives média destinée aux femmes de plus de 50 ans.
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Et ça continue sur grand écran cette fois. Mieux vaut en rire ! Le 2 octobre, rendez-vous au cinéma pour s’amuser des aventures d’un quatuor de choix, Isabelle Nanty, Gérard Darmon, Lucien Jean-Baptiste et Zabou Breitman dans la comédie « A 60 ans tout est permis. On fait quoi maintenant ? ».
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Tout démarre quand le cadre qui se pensait bientôt promu se voit grillé par une collègue bien plus jeune. Rupture conventionnelle, indemnités, 59 ans, tout y est !
Et il est vrai que dans ce cas de figure, rien n’est simple. Retrouver un emploi à plus de 50 ans est toujours un parcours du combattant. Pour Tong Chhor, directeur associé chez Elvinck et président de Seniors Force Plus, une association dont la mission est d’aider les seniors actifs à garder ou à retrouver un emploi, il y a loin des paroles aux actes !
« Certaines entreprises ont mis des mesures en place, les grandes entreprises ont signé des chartes, mais globalement très peu de choses ont changé en un an, à part des constats partagés sur des statistiques, des manifestations d’humeur sur les réseaux sociaux et une meilleure prise de conscience des politiques des entreprises sur l’employabilité des seniors », expliquait récemment Tong Chhor au micro de Cécile Desjardins lors d’un événement sur l’emploi des fifties organisé par l’Opinion.
Le baromètre CJD montre aussi que peu de choses ont changé. Mathieu Hetzer, président du CJD, le Centre des jeunes dirigeants (de PME et TPE) le regrette, parce que les seniors ont un rôle à jouer. « On a besoin des seniors. Ils pourraient transmettre leur expertise aussi bien sur l’aspect apprentissage d’un métier qu’en termes de posture. D’ici 2050, ils pourraient représenter un quart de la population et ils seront de plus en plus nombreux à travailler ».
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Seniors Force Plus, qui voudrait faire du sujet des seniors une grande cause nationale, a passé à la moulinette les pratiques des groupes du CAC40 pour un état des lieux. Le constat ? « Les entreprises du CAC40 ne communiquent pas beaucoup sur les seniors aussi bien en interne qu’en externe. Elles ne forment plus les seniors à partir de 45/50 ans et on ne les embauche plus à partir de 50 ans », résume Tong Chhor.
Wouah ! On part de loin.
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Vraiment toujours aussi réticentes à embaucher des seniors, les entreprises ? « Nous avons le même constat pour ce qui est des personnes qui sont en recherche d’emploi. Les jeunes sont très soutenus pour l’accès à l’emploi et à la formation et cela manque aux seniors », ajoute Mathieu Hetzer.
Son vœu ? « Arrêtons de compter seulement sur les jeunes pousses et appuyons nous aussi sur les vieilles branches ».
Bon, bon, on l’a compris, pour l’instant mieux vaut donc compter sur soi-même !
Alors, comment réagir ? On n’a pas le temps d’attendre que les chartes des entreprises se traduisent dans les faits, que les réflexes dépassés des décideurs soient oubliés.
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C’est d’abord l’estime de soi qu’il faut cultiver, la curiosité en acceptant de sortir de sa zone de confort dans certains cas, de prendre des chemins de traverse.
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Et attention, « il ne faut pas laisser le vieil homme rentrer » !
C’est le conseil de Clint Eastwood, sa réponse à un journaliste qui lui demandait ce qui lui permettait d’avoir toujours envie de créer. Antoine de Caunes y fait référence et on a bien envie qu’elle trotte longtemps aussi dans nos têtes et même dans celle de nos parents !
S’amuser, se passionner, savoir ce qu’on ne veut pas et ce qu’on veut, à 50 ou 60 ans, on le sait mieux et on savoure peut-être plus qu’avant. Alors on suit Isabelle Nanty et Lucien Jean-Baptiste dans leurs aventures déjantées… au moins sur le grand écran.
Sans se prendre la tête !
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La dette publique de la France grimpe à 112% du PIB
Paris – À fin mars 2024, cette dernière s'établissait à 110,5% du produit intérieur brut (PIB), a indiqué l’Insee vendredi 27 septembreL’endettement public du pays, qui s’est massivement accru depuis la crise sanitaire, a augmenté de 68,9 milliards d’euros pour atteindre 3 228,4 milliards d’euros entre avril et juin, a précisé l’Institut national de la statistique.
La hausse enregistrée au deuxième trimestre provient essentiellement de l’augmentation de la dette de l’Etat (+69,9 milliards d’euros). La dette des administrations de sécurité sociale s’est également inscrite en hausse, de 4 milliards d’euros. En revanche, la dette des organismes divers d’administration centrale s’est contractée de 4,7 milliards d’euros, et celle des administrations publiques locales de 0,3 milliard d’euros.
Le nouveau gouvernement du Premier ministre Michel Barnier s’est engagé à présenter durant « la semaine du 9 octobre » son projet de budget pour 2025, qui sera principalement placé sous le signe de coupes dans les dépenses publiques pour tenter d’assainir des finances publiques fortement dégradées. Une hausse de la fiscalité, ciblée sur les plus fortunés et les grandes entreprises, est également envisagée.
Pire. Après un décrochage à 5,5 % du PIB en 2023, le déficit public de la France connaîtra un nouveau dérapage en 2024 et risque de dépasser les 6 % du PIB, a prévenu le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin. C’est bien pire que le déficit de 5,1 % du PIB sur lequel tablait le précédent gouvernement et bien supérieur au seuil de 3 % fixé par l’Union européenne.
Devenu un des mauvais élèves de la zone euro, la France a vu sa note souveraine dégradée par l’agence de notation S&P Global Ratings fin mai et fait l’objet d’une procédure pour déficits publics excessifs de la part de la Commission européenne.
© Agence France-Presse
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Kiabi victime d’une «fraude financière sophistiquée» d’au moins 100 millions d’euros
Paris - L’enseigne française de magasins de vêtements a découvert, en juillet 2024, un détournement d’ampleur dans ses comptes, a indiqué vendredi 27 septembre la direction à l’AFP« Cette fraude ne remet en aucun cas en cause la solidité financière de Kiabi et n’a pas de conséquence sur le maintien de notre trajectoire annuelle », a ajouté cette source qui n’a ni confirmé ni démenti le montant du détournement. Kiabi a réalisé en 2023 un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros.
Selon France Info, une ancienne trésorière de l’enseigne de vêtements à bas prix a été interpellée au mois d’août par la police judiciaire à sa sortie d’un jet privé sur la piste de l’aéroport de Figaro, en Corse du Sud. Cette femme de 39 ans installée en Floride pour y travailler dans le luxe, a été mise en examen et placée en détention provisoire, précise le média.
Toujours selon France Info, Kiabi a cherché à récupérer mi-juillet un investissement réalisé un an plus tôt, mais quand l’entreprise s’est rapprochée de la banque, l’argent s'était « volatilisé », selon la technique des « comptes rebonds ».
Comptes rebonds. À l’issue de la garde à vue, l’ex-trésorière de Kiabi qui avait l’habitude de se mettre en scène sur les réseaux sociaux a été ramenée à Paris, où un juge d’instruction l’a mise en examen pour « escroquerie et blanchiment en bande organisée », les enquêteurs n’imaginant pas qu’elle ait pu agir seule, indique la radio.
« Nous avons immédiatement lancé toutes les actions nécessaires, y compris judiciaires, afin d’obtenir le recouvrement du montant de la fraude. Nous avons toute confiance dans le dénouement des actions menées par les autorités judiciaires et policières impliquées », a fait savoir vendredi 27 septembre la direction de Kiabi.
Créée en 1978 dans le Nord de la France, Kiabi s’appuie sur un réseau de 616 points de contact dans 28 pays. Kiabi fait partie de la galaxie familiale des Mulliez qui rassemble près de 50 enseignes au travers de participations diverses (Auchan, Decathlon, Saint Maclou, Jules, Pizza Paï, Electro Depot...).
© Agence France-Presse
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La boucle WhatsApp, redoutable outil de la communication politique
Ces canaux de diffusion, dans lesquels se retrouvent des centaines de journalistes, sont devenus très prisés des ministèresLes faits -Le gouvernement Barnier achève sa première semaine marquée par une communication erratique et deux appels d’excuse du Premier ministre adressées à Marine Le Pen et au maire de Cannes, David Lisnard
Dans La Divine comédie, les cercles de l’Enfer sont neuf. En politique, ils sont bien plus nombreux et prennent la forme de boucles WhatsApp dans lesquelles tournent des centaines de journalistes à la recherche d’une information concédée par les communicants des ministres.
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Michel Barnier cerné par les lignes rouges
Au sein du gouvernement et de la majorité, chacun joue sa partition pour tenter d’imposer sa ligne au Premier ministre avant le discours de politique généraleLes faits -Michel Barnier réunit ce vendredi un séminaire gouvernemental à Matignon pour préparer sa déclaration de politique générale. Le Premier ministre la prononcera mardi 1er octobre à l’Assemblée nationale. Il ne veut pas en faire un « catalogue » de mesures et tente de trouver le point d'équilibre de sa majorité composite.
Esbroufe : nom féminin. Sens familier : déploiement de manières et de propos fanfarons et hâbleurs pour en imposer ou étourdir l’entourage. « Pas d’esbroufe » : consigne donnée par Michel Barnier à ses ministres en gage de respect « pour tous nos concitoyens et pour tous les partis politiques ».