• À Bordeaux, sous les pavés, la corruption… L’affaire des pavés de la CUB bientôt au tribunal

    À Bordeaux, sous les pavés, la corruption... L’affaire des pavés de la CUB bientôt au tribunal

     

    Treize ans après son ouverture, l’information judiciaire sur l’affaire des pavés de la CUB est terminée. Elle révèle un vaste système de corruption dans les années 2000 et 2010 autour de marchés public. Quatorze cadres du BTP dont des filiales de Vinci, Fayat, Cassous et deux fonctionnaires territoriaux sont renvoyés devant le tribunal correctionnel de Lyon. Six anciens fonctionnaires de la Communauté urbaine de Bordeaux ont déjà été condamnés cet hiver

    Début octobre 2010, la nouvelle de l’interpellation par le Service national des douanes judiciaires (SNDJ) de Lassen L., cadre de la Moter, une filiale de Vinci basée à Mérignac (33), avait fait souffler un vent de panique dans le BTP aquitain et dans certaines collectivités du Sud-Ouest. Surnommé Monsieur Tramway, l’homme, fin connaisseur des rouages et des secrets du secteur, était soupçonné d’être au cœur d’un vaste système de détournements de fonds et de corruption. Mais la justice a laissé tout son temps au BTP pour digérer la nouvelle. Il aura en effet fallu attendre treize ans avant qu’un juge d’instruction lyonnais (l’affaire a débuté par un signalement à Lyon) ne rende une ordonnance de règlement.

    Arrosage en règle

    Six fonctionnaires de l’ex-Communauté urbaine de Bordeaux (aujourd’hui Bordeaux-Métropole), la CUB, ont déjà comparu l’hiver dernier dans une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité pour des faits de corruption et ont écopé d’amendes de plusieurs dizaines de milliers d’euros ou de prison avec sursis. Deux de leurs anciens chefs de service comparaîtront bientôt devant un tribunal correctionnel aux côtés de 14 anciens dirigeants ou cadres de sociétés de BTP dont des filiales de Vinci, Fayat, Cassous (les sociétés, elles, ne sont pas poursuivies)… Ces prévenus, qui sont pour la plupart aujourd’hui à la retraite ou ont été licenciés, répondront, à des niveaux de responsabilité différents, de détournements de fonds, faux, corruption, blanchiment, favoritisme ou escroqueries…

     

    La partie la plus visible du manège de Lassen L., qui était surveillé comme le lait sur le feu par les douanes depuis début 2010, donnera au dossier son surnom d’affaire « des pavés le CUB ». Les douaniers soupçonnent en effet ce cadre sorti du rang de la Moter de s’être mis en cheville notamment avec des entreprises du Lot-et-Garonne pour détourner et revendre des pavés issus de chantiers de la CUB où la société, fondée par l’ancien maire du Cap-Ferret Robert Cazalet avant d’être rachetée par Eurovia (groupe Vinci), était particulièrement active.

    1,5 million de cadeaux

    Mais les découvertes des enquêteurs vont aller bien au-delà et vont mettre à jour un système généralisé dans lequel une grande partie des chantiers menés sous l’ère Juppé-Feltesse, et, en premier lieu, la construction du tram, semblent entachés de pratiques douteuses. Au cœur du dispositif, un arrosage en règle des agents de la CUB chargés de contrôler les travaux. Voyages, séjours paradisiaques, électroménager, emplois pour des membres de la famille, travaux à l’œil dans leurs domiciles… Rien n’était trop beau pour s’attirer les bonnes grâces des fonctionnaires chargés de s’assurer que les travaux respectaient les cahiers des charges.

    TRAVAUX TRAMWAY CENON A BORDEAUX - PETIT Claude (CENON)TRAVAUX TRAMWAY CENON A BORDEAUX - PETIT Claude (CENON)

    Les douanes ont identifié une vingtaine de bénéficiaires réguliers de ces largesses au sein de la CUB. Six d’entre eux ont reconnu avoir, en échange, accepté de fermer les yeux sur des métrés non conformes, rendant possible des surfacturations de 5 à 20 % des chantiers. Deux chefs de service sont poursuivis pour avoir, en plus, divulgué en douce des informations à des responsables d’entreprises pour leur permettre d’ajuster leurs offres sur les marchés publics voire de s’entendre entre eux avant de soumissionner. L’un des deux fonctionnaires est soupçonné d’avoir transmis des informations à cinquante reprises !

    Dommages et intérêts

    Aux agents ayant plaidé coupable, la collectivité a déjà réclamé des dizaines de milliers d’euros de dommages et intérêts. « La question est pourtant de savoir ce qu’a fait la CUB pour protéger ses agents des pressions des entreprises », souffle Me Saad Berrada, l’un des avocats des contrôleurs condamnés. Dès 2007, une note interne pointait en effet les manœuvres suspectes entre fonctionnaires et entreprises. Mais elle semble être restée lettre morte, jusqu’à ce que l’affaire éclate quelques années plus tard.

    « La question est de savoir ce qu’à fait la CUB pour protéger ses agents des pressions des entreprises »
    L’installation du rail central, en mars 2003, place Pey-Berland.L’installation du rail central, en mars 2003, place Pey-Berland.
    Archives Stéphane Lartigue/SO

    Au cœur du dispositif présumé, alimentée par un circuit complexe de fausses factures et de rétrocommissions, la société Matériaux Filliatre, un fournisseur du BTP aujourd’hui liquidé, est soupçonnée d’avoir servi de grand magasin dans lequel le BTP, notamment sous l’impulsion de Lassen L., puisait les présents destinés à entretenir le système. Les enquêteurs estiment qu’en dix ans, la société a libéré plus d’1,5 million d’euros de « cadeaux ». Ceux-ci auraient servi à mettre de l’huile dans les rouages des marchés publics, soit pour corrompre des fonctionnaires ou des cadres de sociétés concurrentes, soit pour enrichir certains responsables de chantiers.

    « Un sinistre judiciaire »

    Cette possible corruption d’habitude ne couvre toutefois pas les hypothèses les plus hautes émises par les enquêteurs au début de l’enquête. La piste de financements politiques avait été éveillée par la découverte, lors d’une perquisition, que des informations sensibles sur les travaux du tramway avaient été fournis à un ancien chef de Moter par un ancien membre du groupe communiste de la CUB. Les enquêteurs avaient par ailleurs été intrigués par la présence, dans la galaxie des marchés de la CUB, de la société Hogos-Inefco (qui proposait des prestations de lobbying au moment des appels d’offres) dont le fonctionnement pouvait se rapprocher d’autres sociétés citées dans des affaires judiciaires visant des financements politiques. Mais ni la perquisition du siège du PCF à Paris, ni l’audition de l’ancien trésorier du parti n’ont permis d’étayer ces soupçons qui n’ont pas débouché sur des poursuites. Dans ce volet politique, le fils de l’ancien président du Conseil départemental de Gironde, Nicolas Madrelle, un temps mis en examen, a finalement bénéficié d’un non-lieu.

    Procédure interminable

    Faut-il voir dans ces développements une explication à la durée anormalement longue de cette procédure ? « On a le sentiment d’un dossier dans lequel on cherchait quelque chose d’énorme qui a fait pschitt. Finalement, on se raccroche à des lampistes », pense Me Arnaud Dupin, l’avocat des deux chefs de service de la CUB. « Nous sommes face à un sinistre judiciaire sans comparaison. On a cru au départ qu’on allait ébranler le Landerneau bordelais. Mais dans sa gourmandise, la justice s’est étouffée et des gens sont restés mis en cause pendant treize ans, parfois sans même être entendus », tacle MJean Gonthier, l’avocat d’un responsable de Fayat. « Une justice qui dure autant perd de son sens », s’est borné à commenter pour sa part Me Jean-Felix Luciani, l’avocat du cadre de la Moter qui fait figure de principal prévenu dans le dossier.

    Faut-il voir dans ces développements une explication à la durée anormalement longue de cette procédure ?

    L’audience, qui devrait s’étaler sur une quinzaine de jours, pourrait se tenir courant 2025 et promet d’être houleuse. Après l’affaire Seurot, il s’agira du deuxième grand dossier de corruption autour des chantiers pharaoniques dans l’agglomération bordelaise entamés à la fin des années 1990 sous l’impulsion d’Alain Juppé.

     

     
     
     
     

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  • Manifestation du 1er octobre à Bordeaux : pas de grève chez TBM mais des perturbations à prévoir sur le parcours

    Manifestation du 1er octobre à Bordeaux : pas de grève chez TBM mais des perturbations à prévoir sur le parcours

     

    TBM annonce que le réseau circulera normalement mais des interruptions et déviations auront lieu sur le parcours de la manifestation

    L’intersyndicale appelle à une mobilisation nationale ce mardi 1er octobre pour « contester la réforme des retraites » et « souligner le déni démocratique ». À Bordeaux, les mots d’ordre seront : « Retraites, salaires, services publics, non à l’austérité, pour la justice sociale ». Le cortège partira à 11 h 30 de la place de la République avant de passer par le cours d’Albret, Gambetta, le cours Georges-Clemenceau, la place Tourny, la rue Esprit des lois et les quais pour s’arrêter sur la place de la Bourse.

    Le long de ce parcours, il faudra s’attendre à des interruptions de tram et des déviations de bus, prévient TBM qui annonce sinon une circulation normale sur le réseau.


  • Bordeaux : une quinzaine d’individus en cagoule caillassent des vitrines et sèment la panique à Saint-Michel

     

    Bordeaux : une quinzaine d’individus en cagoule caillassent des vitrines et sèment la panique à Saint-Michel

    L’irruption de la bande d’encagoulés a provoqué un début de panique sur les terrasses. © Crédit photo : Esther Suraud

    Les faits se sont produits ce dimanche 29 septembre vers 19 h 30, place Meynard

    Une bande d’une quinzaine d’individus, tous encagoulés et vêtus de noir, a déclenché un mouvement de foule, ce dimanche 29 septembre, vers 19 h 30, sur la place Meynard, dans le quartier Saint-Michel à Bordeaux.


     
     

    Selon une témoin sur place, la bande a fait irruption sur la place après avoir caillassé, à l’aide de matraques, des vitrines de la rue des Faures, une artère commerçante adjacente avec de nombreuses boutiques orientales. Aucune vitrine n’a toutefois été brisée. L’arrivée sur la place de ces individus a provoqué la panique alors que les terrasses des cafés étaient remplies à cette heure de la journée.

    La bande a fui par la rue Saint-François.La bande a fui par la rue Saint-François.
    Esther Suraud

    La bande a ensuite pris la fuite par la rue Saint-François, poursuivie par plusieurs individus de la place Meynard. Un habitué des lieux indique que ce genre d’incident n’est pas une première. Les passants ont déserté les lieux. Il pourrait s’agir d’une rixe entre bandes rivales. Ce dimanche à 21 heures, personne n’avait été interpellé et aucun blessé n’était à déplorer. Plusieurs équipages de police ont été dépêchés sur place.

    « Toutes les tables ont valsé »

    Les clients du bar restaurant chez Georges se sont enfermés derrière les grilles. L’un d’eux, assis en terrasse au moment des faits, « a cru qu’il allait y passer ». « Le mouvement de foule était impressionnant », affirme une autre cliente. « Je n’ai jamais assisté à ça, embraye le serveur d’un restaurant de la place, en terrasse lors des faits. Quelques bagarres, mais rien d’aussi choquant. On a dit à tout le monde de rentrer pour se mettre en sécurité. On ne sait pas comment s’annonce la suite de la soirée, la plupart des clients ont quitté les lieux. »

    « J’aimerais bien que la mairie fasse quelque chose et qu’elle reconnaisse le problème » (un gérant de café)

    « Ils avaient des machettes, toutes les tables ont valsé. On a fait rentrer les clients à l’intérieur et on a rangé la terrasse. J’aimerais bien que la mairie fasse quelque chose et qu’elle reconnaisse le problème, car c’est inadmissible qu’il y ait des scènes de semi-guérilla un dimanche après-midi. Saint-Michel n’est pas un coupe-gorge, mais ce n’est pas normal que des personnes aient peur », affirme par ailleurs le gérant d’un café.


  • Manifestation Intersyndicale contre la reforme des retraites entre les Invalides et la Place d'Italie, à Paris, le mardi 6 juin 2023.

    Manifestation Intersyndicale contre la reforme des retraites entre les Invalides et la Place d'Italie, à Paris, le mardi 6 juin 2023.
    Chang Martin/SIPA

     

    Critères de pénibilité, augmentation des cotisations… Nos pistes pour "ajuster" la réforme des retraites

    Le gouvernement Barnier pourrait-il amender le recul de l'âge légal de départ en pension de 62 à 64 ans ? Afin d'y parvenir et de contenir le tassement des ressources de notre système de retraite, l'exécutif a plusieurs options, comme par exemple l'augmentation des cotisations salariales et patronales sur les pensions. À Michel Barnier de s'y atteler.

     

    Le Premier ministre Michel Barnier cherche-t-il à gagner du temps en demandant aux partenaires sociaux « d’ajuster » la réforme des retraites de 2023 ? Ou est-il prêt à amender le recul de l’âge légal de départ en pension de 62 à 64 ans ? « On a une loi qui prévoit un cadre financier et je pense que ce cadre financier doit être préservé », a-t-il déclaré. C’est flou !

     

     

     

     


  • Dans le quartier prioritaire des Sablons, le taux de chômage dépasse les 14 %, contre 8 % pour la moyenne nationale.

    Mineurs non accompagnés, déclassement social, chômage… Les nouveaux "tourments" du Mans face à l'immigration

    La préfecture de la Sarthe a vu la part de sa population immigrée multipliée par deux entre 2006 et 2021. Reportage dans une ville qui découvre, ces dernières années, les enjeux de l’insertion de ces nouveaux arrivants.

     

    Ses rillettes, ses Vingt-Quatre Heures, sa cathédrale Saint-Julien et, désormais, ses nombreuses épiceries exotiques. Car, ces quinze dernières années, Le Mans* a vu sa démographie se transformer. La part des immigrés dans la population a gagné 5 points, pour s’établir à 10,1 % de la population totale. De 2006 à 2021, elle a doublé.

    L’avenue du Général-Leclerc, qui relie la gare au centre-ville, illustre ce nouveau paysage multiculturel. L’offre commerciale révèle l’évolution démographique. Sapphir et Tamara tiennent l’épicerie The Caribbean Shop depuis dix ans. « On s’est vite rendu compte que les produits créoles n’intéressaient pas autant que les produits africains, on a adapté notre offre », explique Tamara, originaire du Guyana. La responsable doit affronter la concurrence : « En 2014, nous étions deux commerces à proposer des produits africains dans cette rue, aujourd’hui il y en a cinq… »