• En début de soirée, les familles laissent peu à peu place aux bandes de jeunes.
    Lucas Planavergne - « Marianne »

    Bagarres, vols à l'arraché : à la foire du Trône, "bientôt y aura plus que les emmerdeurs"

     

    Bagarres, vols à l'arraché : à la foire du Trône, "bientôt y aura plus que les emmerdeurs"

    Ce samedi 6 avril, des incidents ont éclaté en marge de la célèbre fête foraine parisienne, ne manquant pas de faire réagir sur les réseaux sociaux. Sur place, les visiteurs restent vigilants... et les forains peinent à contenir leur colère.

    Soleil éclatant, jeux d'eau, odeurs sucrées de barbe à papa… À la foire du Trône, ce mercredi 10 avril, on se croirait en plein cœur de l'été. Vers 14 heures, la foule commence à affluer, les enfants gambadent à travers les allées, les rires se mélangent aux incessants bruits de machine.

    Ici, on tire à la carabine, on pêche les canards ou on tente de gagner une peluche. Là, on dégomme des plots au ballon de foot avec le tube marseillais Bande organisée en fond. L'ambiance est joviale, familiale. Rien à voir avec celle de samedi dernier, à en croire les nombreux incidents relatés sur les réseaux sociaux au cours du week-end.

     

     

    « Cette année, c'est du n'importe quoi. C'est une dinguerie, la famille ! Vols de churros à l'arraché, vols de pommes d'amour à l'arraché, où vous avez vu ça ? », a dénoncé un visiteur dans une séquence devenue virale. « Y a des mecs de Vitry qui m'ont encerclé [...] Vraiment la Foire du trône, c'est fini pour moi », a également réagi Willy à La Prod, influenceur aux millions d'abonnés sur TikTok pris à partie par une bande de jeunes alors qu'il tournait une vidéo.

    Mauvaise pub

    Sur place, certains forains refusent de mettre des mots sur ces débordements, sans doute par crainte de nuire à la réputation de la foire. « N'écrivez rien, j'veux pas parler, ça m'intéresse pas », nous remballe ainsi un gérant de manège, laconique. « Moi, je ne sais rien », balbutie une vendeuse de gaufres, juste à côté. Et de finir par confier, entre deux bouffées de cigarette : « Enfin si, j'ai vu des flics et des Noirs courir à droite et à gauche… C'est tout ! »

    Un peu plus loin, Victor (dont le prénom a été modifié) ne cache pas sa colère. « Ce genre d'embrouilles, ce n’est pas nouveau, mais on voit de plus en plus de conneries et de violence. Rien que ce samedi, c'était quatre ou cinq bagarres. Déjà qu'on est pas gâtés par la météo cette année, ça nous aide pas », regrette le jeune homme, qui s'occupe du stand de ses parents en leur absence. Avant de dresser un triste constat : « Je viens ici depuis tout petit et c'est de pire en pire. À cause de cette mauvaise pub, bientôt y aura plus que les emmerdeurs ! »

    Côté sécurité, les lieux semblent pourtant bien gardés. En plus des policiers municipaux qui patrouillent à l'intérieur, à chaque entrée de la fête foraine, plusieurs vigiles contrôlent les sacs et procèdent à des fouilles corporelles sur les arrivants. Devant la porte principale, ils sont près d'une dizaine aux aguets, gilet jaune sur le dos, talkie-walkie à la main.

    « C'est vrai que samedi, on ne s'y attendait pas vraiment. Si j'ai bien compris, ça a dégénéré entre des jeunes à cause d'un TikTok », glisse l'un d'entre eux, évoquant « le rôle des réseaux sociaux » dans ce genre d'incidents. « Mais globalement, ça va. Y a pas tant de tensions non plus », tempère son collègue, moins bavard. Interrogées sur les éventuelles mesures mises en place pour endiguer le phénomène, ni la préfecture de police de Paris ni la mairie écologiste du 12e arrondissement de la capitale ni la députée EELV de la circonscription Éva Sas n'ont donné suite.

    « On doit faire attention à nos affaires »

    S'ils ne sont pas encore dégoûtés de la foire du Trône, les passants gardent tout de même ces altercations dans un coin de leur tête. « Mon mari m'a montré les vidéos. C'est à cause de ce genre de trucs que je n'étais pas venue depuis au moins quinze ans », avoue Marie, trentenaire résidant dans le Val-de-Marne. « Mais bon, là c'est les vacances, il fait beau… Je n'exhibe pas trop mon iPhone et j'ai demandé à une amie de m'accompagner pour m'aider à garder l'œil sur les petites. Faut bien leur faire plaisir », poursuit la mère de famille, pointant ses deux fillettes, Victoire et Fienna.

    Les plus jeunes visiteurs ne sont pas non plus passés à côté des événements de samedi. « Bien sûr, je les ai vus sur les réseaux. De toute façon, déjà avant ça, on me disait que c'est craignos ici, que je devais faire attention à mes affaires », développe Sylvain, venu avec ses amis. Ketsia, elle, était même présente lors des débordements du week-end. « Dès qu'on a vu que ça commençait à se bagarrer, on est parties », assure la lycéenne, habituée de la fête foraine parisienne. « Y avait aussi trop de monde. Et souvent, c'est le soir que ça part en sucette », embraye sa copine Jade.

     

     


  • Le soft power islamiste a de beaux jours devant lui

     

    Menacé sur internet après avoir demandé une élève de retirer son voile dans l'établissement fin février, le proviseur du lycée Ravel à Paris a démissionné. Si l'institution a fait ici son travail, la bataille culturelle, elle, n'est pas gagnée.les religions