• Retraites : « Nos lois de finances ne présentent pas correctement les comptes sociaux »

     

    Selon l’ancien inspecteur des finances Jean-Pascal Beaufret, les retraites représentent la moitié des 1 000 milliards d’euros de dettes accumulées sous l’ère Macron.

    Selon Jean-Pascal Beaufret, les retraites représentent la moitié de la dérive de nos comptes publics.

     

    C'est au moment de la réforme des retraites en 2019 que l'ancien inspecteur des finances Jean-Pascal Beaufret a commencé à s'intéresser au sujet. En décortiquant l'étude d'impact, il s'était rendu compte que la présentation des comptes masquait un trou béant. Depuis, il se bat pour une plus grande « transparence financière ». Dans un article pour la revue Commentaire, Jean-Pascal Beaufret s'est livré à une analyse de la dérive des comptes sous l'ère Macron. Le responsable, selon lui ? Les retraites, qui représentent la moitié de ce dérapage. Pour Le Point, il analyse la situation de nos finances publiques.

    Le Point : Vous êtes un ancien de Bercy. Le gouvernement vous semble-t-il de bonne foi lorsqu'il affirme que le dérapage budgétaire en 2023 et 2024 provient d'une simple erreur techniq...

     

     


  • Elon Musk nommé ministre de l’Efficacité gouvernementale par Donald Trump

    Le milliardaire, soutien actif du candidat républicain durant la campagne présidentielle, sera chargé de pratiquer des coupes massives dans le budget de l’administration fédérale.

    Par A.B. avec AFP

    Elon Musk au meeting de Donald Trump au Madison Square Garden, le 27 octobre 2024 à New York.

     

    Son zèle est récompensé. Elon Musk, entrepreneur richissime et mégalomane qui a soutenu avec acharnement Donald Trump, devient ministre de l'Efficacité gouvernementale. Le président élu a annoncé qu'il comptait nommer le patron de Tesla, SpaceX et X, conjointement avec l'homme d'affaires républicain Vivek Ramaswamy, à la tête de ce tout nouveau ministère. Sa mission : « envoyer des ondes de choc dans le système » en dérégulant à tout-va et en faisant des coupes drastiques dans le budget fédéral.

    Un « classement des dépenses les plus terriblement stupides » sera publié, ce qui « sera à la fois extrêmement tragique et extrêmement divertissant », a annoncé Elon Musk sur X après l'annonce de sa future nomination.

    Reste à savoir comment deux personnalités notoirement égocentriques, telles qu'Elon Musk et Donald Trump, vont s'entendre à long terme. Elon Musk, 53 ans, s'est jeté à corps perdu dans la campagne de Donald Trump dans les dernières semaines. Les images du multimilliardaire – Forbes estime sa fortune à plus de 300 milliards de dollars – bondissant sur scène pendant un meeting du républicain en Pennsylvanie ont fait le tour du monde.

    Loterie à 1 million de dollars

    Son comité de soutien a organisé une loterie offrant quotidiennement 1 million de dollars à un électeur inscrit dans les États clés qui acceptait de signer une pétition conservatrice en faveur de la liberté d'expression et du droit à porter des armes.

    Elon Musk a investi plus de 100 millions de dollars dans la campagne du président élu, et a utilisé son réseau social, sur lequel il publie sans discontinuer, comme une caisse de résonance. Le voilà donc ministre, en plus d'être à la tête de Tesla, premier constructeur de véhicules électriques au monde, et de SpaceX, sa société spatiale. Il mène divers autres projets qui illustrent sa vision techno futuriste d'une humanité augmentée grâce à la science, appelée à prospérer sur d'autres planètes. Parmi ces projets : Neuralink, une start-up qui ambitionne de relier directement le cerveau humain à l'ordinateur.

    Mégalomane, bourreau de travail, l'entrepreneur en série a toujours cultivé une image de patron rebelle, amateur de provocations, antipolitiquement correct. Millionnaire avant 30 ans après avoir revendu un éditeur de logiciels en ligne qu'il avait monté avec son frère, Elon Musk a par la suite fondé X.com, qui sera fusionnée avec PayPal, puis rachetée par eBay en 2002.

    Théorie du complot et misogynie

    Sa ligne libertarienne, ouvertement masculiniste, et ses critiques virulentes de l'immigration l'ont rendu de plus en plus populaire dans la droite américaine. Jusqu'à séduire, donc, Donald Trump, qui l'a qualifié de « super génie » dans son discours de victoire. Elon Musk a aussi le goût des théories du complot : il a affirmé, par exemple, cette année que le Parti démocrate « importait délibérément des migrants en situation irrégulière » pour accroître son assise électorale.

    En juillet, il avait annoncé avec fracas qu'il allait déplacer au Texas le siège de SpaceX et de X, en signe de protestation au passage d'une loi sur les élèves transgenres en Californie, un État que les républicains critiquent sans cesse pour ses politiques progressistes. Il y avait déjà déménagé en 2021 le siège de Tesla. Sur X, Elon Musk a livré ses conseils pour mettre fin à la guerre en Ukraine, suscité la polémique en proposant de « faire un enfant » à la superstar Taylor Swift après que cette dernière a pris position contre Donald Trump, ou encore qualifié d'« intéressante » une théorie selon laquelle seuls les « mâles dominants » devraient prendre des décisions politiques.En mai 2021, Elon Musk a révélé être atteint du syndrome d'Asperger, une forme d'autisme. Plus récemment, il a dit prendre de la kétamine, un puissant anesthésiant parfois détourné à des fins stimulantes ou euphorisantes, pour traiter une tendance à la dépression. Divorcé trois fois, Elon Musk est père de dix enfants, dont un décédé à 10 semaines. L'une d'entre eux, une fille transgenre, a déposé une demande officielle pour changer de nom de famille en même temps que de genre afin de couper tout lien avec son père.


  • Pourquoi la victoire de Trump arrange Mélenchon

    Les Insoumis estiment que Kamala Harris a perdu parce que sa campagne n’était pas assez radicale. Une grille de lecture qui permet de conforter la stratégie de Mélenchon.

    Par Michel Revol

    Publié le 13/11/2024 à 06h20

     

     

    Mercredi 6 novembre, dans la grande cour intérieure de l'Hôtel de Ville de Paris, Lamia El Aaraje lit les infos sur son smartphone d'un air désolé. L'adjointe à l'urbanisme d'Anne Hidalgo fait défiler les réactions des leaders de La France insoumise (LFI) après la victoire de Donald Trump, quasi garantie au petit matin.

    Les Insoumis entonnent déjà un même refrain. Il préoccupe Lamia El Aaraje, tenante d'une ligne républicaine, laïque et, pour tout dire, sociale-démocrate au sein du Parti socialiste. Kamala Harris, disent-ils, était trop molle, pas assez radicale, insuffisamment à gauche. L'adjointe d'Hidalgo en est sûre, LFI va poursuivre sa stratégie de radicalisation, entraînant toute la gauche dans une dangereuse glissade.

    « Impérialisme néolibéral »

    Jean-Luc Mélenchon, comme souvent, a...


  • jeudi 14 novembre 2024 à 18h30

    Droitisation française : mythe et réalités

    Le jeudi 14 novembre, l'Université Populaire de Bordeaux vous invite à écouter et échanger avec Vincent Tiberj. Ce sera en amphithéâtre Denucé de la faculté de la Victoire, dès 18h30.

    Vincent TIberj, professeur en sociologie politique à Sciences Po Bordeaux et chercheur au Centre Émile Durkheim, nous parlera de son dernier ouvrage et des thèses qu'il y développe : "Droitisation française : mythe et réalités".

    Résumé :
    La France deviendrait conservatrice. C'est une évidence pour beaucoup d'intellectuels et de journalistes, et les résultats électoraux semblent leur donner raison. Pourtant ce n'est pas la thèse de ce livre. Les citoyens français sont devenus beaucoup plus ouverts et progressistes qu'il n'y paraît. Face à cette situation paradoxale, Vincent Tiberj analyse comment offre politique et citoyens divergent. Il pointe l'importance de la manière dont on parle des inégalités sociales et des questions de société « en haut », qui vont à rebours des préoccupations d'« en bas ». Il met en avant la grande démission citoyenne face aux partis, aux candidats : avec ce silence électoral grandissant, les voix des urnes sont de moins en moins représentatives. La droitisation est un mythe, mais comme tous les mythes il pourrait bien avoir des lourdes conséquences sur les équilibres politiques et l'avenir des Français.


  • Viticulture : ça chauffe entre le collectif Viti33 et le syndicat des Bordeaux, une action prévue

    Viticulture : ça chauffe entre le collectif Viti33 et le syndicat des Bordeaux, une action prévue

    Des vignerons en colère doivent bloquer le siège du Syndicat viticole des AOC Bordeaux et Bordeaux supérieur ce jeudi 14 novembre

    Des vignerons girondins entendent mettre la pression sur leurs représentants ce jeudi 14 novembre. À l’appel du collectif Viti33, ils bloqueront l’activité de Planète Bordeaux, à Beychac-et-Caillau, siège du Syndicat viticole des AOC Bordeaux et Bordeaux supérieur dont les vignes représentaient plus de 50 000 hectares en 2023. En quelques mois, cette surface a nettement fondu, à la suite du plan d’arrachage, dit « sanitaire » mais qui vise à réduire la taille d’un vignoble en grave crise commerciale. Alors que de nombreuses exploitations se retrouvent en cessation de paiements ou qu’elles « font appel à des proches pour payer leurs traitements », dixit Didier Cousiney, porte-parole de Viti33, le collectif souhaite « secouer » la gouvernance syndicale pour qu’elle « fasse son job ».

    Ventes en berne

    Les sujets d’inquiétude ne manquent pas : prix du tonneau en chute libre, ventes en berne, rendements 2024 très bas… Le collectif Viti33 avait été à l’initiative ou avait participé au blocage de centrales de distributeurs ou de négociants en février et mars dernier. Cette fois, il vise les représentants de la filière. « Nous avons ras le bol de leur donner des idées depuis des années et de les voir attentistes alors que nous vivons une crise sans précédent », reprend Didier Cousiney.

    Réélu à la tête des Bordeaux et Bordeaux supérieur en fin d’été, Stéphane Gabard se défend de tout immobilisme face à un contexte très compliqué qu’il vit « au quotidien. » Une réunion de la cellule de crise à la préfecture ainsi que de nouveaux échanges avec les distributeurs au Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) sont programmés le mois prochain. « Je comprends les doléances, mais le travail se fait au quotidien, dit-il. Ce temps long s’explique aussi par la situation nationale : des travaux en cours à l’Assemblée ont été arrêtés, et beaucoup de dossiers n’ont pas avancé. Nous avons perdu plusieurs mois qui sont funestes pour les viticulteurs. »

    « Le collectif Viti33 est beaucoup dans la communication. Nous, nous travaillons sans rentrer dans les effets d’annonce qui peuvent parfois être déceptifs », ajoute Stéphane Gabard qui sera présent ce jeudi à « Beychac » : « Le principe, c’est d’accueillir nos collègues viticulteurs. »


  • Sécurité à Bordeaux : armes de poing, réorganisation… Les annonces de Pierre Hurmic sur la police municipale

     

    Sécurité à Bordeaux : armes de poing, réorganisation… Les annonces de Pierre Hurmic sur la police municipale

     

    Une « brigade d’appui et de sécurisation » d’une cinquantaine de membres va être créée courant 2025. Elle sera dotée d’armes létales

    Dans le plan complet de réorganisation de la police municipale, présenté ce mardi 12 novembre par Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, une mesure retiendra toute l’attention. Le maire écologiste a franchi une ligne idéologique : Bordeaux, comme une dizaine de communes de la métropole, va fournir des armes à feu à sa police municipale. Une première pour une ville écologiste. « C’est une décision que je n’aurais pas prise en début de mandat », confesse-t-il. Une décision qui échoit au seul maire : le sujet ne sera pas débattu en conseil municipal. Mais il l’a été, âprement, au sein de la majorité : « Tout le monde n’est pas sur cette position mais celui qui tranche, c’est moi », ajoute Pierre Hurmic.

    Cinquante agents armés

    Une « brigade d’appui et de sécurisation » va voir le jour dans le courant de l’année 2025, dotée d’une cinquantaine d’agents équipés d’une arme de poing. Elle interviendra en journée, en appui des autres brigades et sur l’ensemble de la ville en soirée, jusqu’à 2 heures du matin. « Elle s’inspire des bobbies anglais, dont une partie seulement est autorisée à disposer d’une arme à feu », indique Pierre Hurmic.

    Les policiers amenés à travailler avec un pistolet feront l’objet annuellement d’un bilan médical, psychologique, ainsi que d’une évaluation. À quoi s’ajoute une formation « exigeante, au-delà des standards fixés par la loi », précise Marc Etcheverry, adjoint à la sécurité. En plus de cette mesure phare, la municipalité annonce la création d’une école de formation des policiers municipaux, et la tenue d’états généraux de la délinquance et de l’insécurité pour « prévenir l’entrée dans la consommation de la drogue ».

    Comme sur la vidéoprotection et désormais l’armement, Pierre Hurmic a réajusté la mire : « Bordeaux n’est pas épargnée par la violence qui traverse notre société. Les faits et délits ont fortement augmenté de 2016 à 2019 (+ 24,3 % par an) Depuis 2021, ils augmentent de façon moins significative (+ 9,86 %). […] Pour autant, je ne peux me contenter de ces résultats, d’autant qu’ils recouvrent parfois des situations concrètes difficiles. Pour l’essentiel, les premières victimes de l’insécurité, comme avec le réchauffement climatique, sont les personnes les plus vulnérables. » Ainsi, en dotant ses agents d’armes létales, s’avance-t-il sur un terrain qu’aucun de ses prédécesseurs de droite n’avait emprunté.

    Réorganisation

    En parallèle, l’organisation de la police municipale va être revue du sol au plafond : « Elle doit avoir les moyens d’être une police pour tous, partout, tout le temps », argue-t-il. Concrètement, cela passe par un redéploiement géographique. Les effectifs seront affectés dans cinq secteurs de la ville, chaque jour au même quartier pour les agents. Une manière de réinventer la « police de proximité » qui n’a pas survécu à la présidence Sarkozy. Sauf que cette fois, elle se déploiera sous pavillon municipal, non plus sous celui de la police nationale. Pour des missions d’îlotage, de prévention, de dissuasion et de répression.

    « C’est une prise en compte de nos doléances, une bonne nouvelle »

    « Nous saluons cette décision. L’armement, même partiel, devrait permettre à tout moment du jour et de la nuit de disposer d’une unité équipée d’armes de poing, afin d’agir avec un maximum de sécurité. C’est une prise en compte de nos doléances, une bonne nouvelle, qui s’accompagne d’un projet de réorganisation nécessaire. Les choses vont dans le bon sens », constate Jérôme Desorthe, délégué CGT et policier municipal. Les agents relayés par le syndicat s’étaient mobilisés l’été dernier pour notamment demander l’armement.

    La décision devrait aussi faciliter le recrutement. La Ville s’est engagée à embaucher 30 policiers supplémentaires d’ici à 2026 dans le cadre du Contrat de sécurité intégrée (CSI) signé avec l’État : « Le problème de Bordeaux, c’est que nous avions des agents qui venaient puis repartaient faute d’armement. C’est un critère de fidélisation », ajoute le représentant syndical.

    Ligne rouge

    Dans le plan dévoilé ce mardi, apparaît une doctrine d’emploi de la police municipale. Un document qui insiste sur ses prérogatives, ses droits, ses devoirs, et sur la répartition des rôles entre agents nationaux et municipaux.

    En plus de la demande d’installation d’une compagnie de CRS à demeure, ce sujet sera abordé lors de la prochaine rencontre entre Pierre Hurmic et Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur. Dans les cartons de la place Beauvau, un projet prévoit d’étendre le pouvoir des polices municipales en leur octroyant le statut d’officier de police judiciaire. Une ligne rouge, une nouvelle, pour Bordeaux.

    La police municipale en Gironde

    Selon les statistiques 2023 de la préfecture, 120 communes disposent d’une police municipale dans le département. 232 agents, répartis dans 80 communes, sont équipés en armes à feu. 304 agents répartis dans 36 communes sont équipés d’un pistolet à impulsion électrique. 30 agents répartis dans quatre communes sont équipés en lanceurs de balles de défense.