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    Mythe

    Pouvoir d’achat: l’équation insoluble

    L’inflation s’installe plus durablement que prévu. Le gouvernement concentre ses efforts sur la hausse des prix de l’énergie, et renvoie la balle aux entreprises pour augmenter les salaires

    Kak_pouvoir_achat_inflation_équation_insoluble 15/12/2021 Grandin
    Kak
    Les faits -

    Le pouvoir d’achat s’est installé comme un thème majeur de la campagne présidentielle, et malgré un bilan positif, le gouvernement peine à récolter des lauriers. Les candidats proposent des solutions qui risquent d’alourdir la dette publique.

    L’Etat ne peut pas tout, mais c’est à la mode de tout lui demander, a fortiori dans une campagne présidentielle où chaque candidat promet monts et merveilles. Or « le problème économique de la rentrée ne sera pas l’emploi ni la croissance, mais le pouvoir d’achat, estime Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances. Cela peut légitimement occuper le débat ». C’est la première préoccupation des Français pour l’élection de 2022, devant la santé, l’immigration, la sécurité, la lutte contre le terrorisme ou l’environnement et le chômage, selon un sondage Odoxa pour Europe1 publié fin novembre.

    En la matière, le gouvernement a fait beaucoup : baisse des charges en début de quinquennat, baisse de l’impôt sur le revenu, encouragement de l’intéressement-participation, baisse de la taxe d’habitation… Puis durant la pandémie, maintien des revenus d’activité avec l’activité partielle et le fonds de solidarité pour les indépendants, aides à la survie des entreprises... Le pouvoir d’achat par ménage aura stagné en 2020 alors que le PIB a chuté de 8 %. En 2021, les créations d’emploi ont été impressionnantes. Mais la reprise économique a aussi ses défauts : l’inflation, liée aux goulots d’étranglement, aux tensions d’approvisionnement, et à la flambée des prix de l’énergie.

    Le gouvernement a alors prolongé le « quoi qu’il en coûte » : coup de pouce de 100 euros au chèque énergie pour 580 millions d’euros, indemnité inflation de 100 euros pour 3,8 milliards d’euros, gel du prix du gaz pour 1,2 milliard d’euros, et « bouclier tarifaire » pour bloquer les tarifs de l’électricité à partir de 2022 (coût estimé pour l’instant à 5,9 milliards d’euros), un interventionnisme assumé à Matignon. Soit plus de 11 milliards d’euros débloqués en quelques semaines. Résultat, le pouvoir d’achat par ménage aura augmenté de 1,8 % en 2021, a indiqué mardi l’Insee. Le smic a déjà été revalorisé automatiquement deux fois cette année et une nouvelle hausse aura lieu en janvier. « C’est 34 euros de plus par mois, pratiquement 450 euros sur l’année », souligne-t-on à Bercy. Le gouvernement a même décidé d’augmenter le taux du livret A, un choix discutable économiquement puisqu’il y a trop d’épargne et que les taux des banques centrales sont encore très bas.

    Perception. Et pourtant… la perception de hausse du pouvoir d’achat n’est pas au rendez-vous. « La principale difficulté, c’est que nous pouvons pousser des chiffres en disant que c’est nous qui avons le meilleur résultat, et mathématiquement c’est vrai, cela peut clore un débat, mais cela ne convainc pas l’opinion publique, regrette un ministre de Bercy. Il y a un décalage énorme entre le ressenti et les chiffres ». Et de se rassurer en se disant que cela aurait été pire si tous ces gestes n’avaient pas été faits.

    Ce décalage entre perception et statistique s’explique en grande partie par la hausse des dépenses contraintes ces dernières années. « Il faudrait savoir de quoi parlent les Français quand ils disent que le pouvoir d’achat est leur première préoccupation, indique Thierry Pech, directeur général de Terra Nova. Ils ne parlent pas du revenu disponible, mais de ce qui reste quand ils ont tout payé ». Facture d’énergie, loyers, remboursement d’emprunt immobilier, courses, assurance, transport, abonnement à Netflix… Tout augmente, et vite pour les ménages modestes. « Un ouvrier au smic, grâce à nos mesures prises durant le quinquennat, gagne l’équivalent d’un 13e mois car il passe de 1 249 euros nets à 1 490 euros nets, prime d’activité comprise, poursuit le ministre de Bercy. Mais il a aussi vu la part des dépenses contraintes multipliée par 1,5 dans son budget ».

    La communication sera d’autant plus difficile que l’acquis d’évolution du pouvoir d’achat à mi-2022 sera de -0,5 %, a indiqué mardi l’Insee. Car l’institut comptabilise l’indemnité inflation (3 milliards d’euros, un point de hausse du revenu des ménages sur un trimestre) entièrement fin 2021, alors qu’une grande partie sera versée début 2022. A la clef, un chiffre de plus dont les opposants de l’exécutif pourront faire leur miel. D’ores et déjà, Bercy a trouvé la parade : « Entre fin 2020 et mi 2022, le pouvoir d’achat aura augmenté de 2 % », entend-on dans les couloirs.

    Cercles vicieux. L’Etat se retrouve imbriqué dans plusieurs cercles vicieux. Il s’est endetté pour soutenir les revenus des ménages, grâce à la politique monétaire ultra-accommodante ? Cette même politique fait flamber les prix de l’immobilier qui plombent le budget des citoyens. Il relance l’économie, toujours à coup de dette publique ? Les entreprises n’arrivent plus à s’approvisionner et augmentent leurs prix, ce qui alimente l’inflation. Il dégaine des chèques en pensant à chaque fois que ce sera le dernier ? L’inflation s’installe – elle pourrait durer jusque fin 2022 – et la facture grimpe dangereusement.

    On ne peut plus continuer comme ça. « C’est une impasse, lâche Eric Woerth, député LR de l’Oise et ancien ministre du Budget. Aucun gouvernement ne peut penser augmenter durablement le nombre de chèques pour résoudre l’inflation, qui plus est dans un état de finances publiques extrêmement préoccupant. Cela fait quinze ans qu’on cherche l’inflation, et maintenant nous l’avons trouvée ».

    « Il faut choisir ses combats, et le nôtre, c’est l’énergie, indique Bruno Le Maire. Nous avons gelé le prix du gaz, le problème maintenant, c’est celui de l’électricité. En Italie, la facture a augmenté de 50 %, ce n’est pas le cas en France grâce aux prix régulés. Nous tiendrons la promesse du premier ministre Jean Castex de limiter à 4 % la hausse des prix de l’électricité en 2022 ». La hausse est actuellement de 15 %. Le levier fiscal mis en place par le gouvernement en supprimant la TICFE suffit jusqu’à 18 % de hausse. Au-delà, le gouvernement devra jouer sur un autre levier.

    Au-delà de cette lutte désormais réduite à contrer l’inflation énergétique, le plus gros facteur d’évolution du pouvoir d’achat est le marché du travail. L’exécutif fait valoir qu’un million d’emplois auront été créés durant le quinquennat. Reste la question des salaires. Le think tank Terra Nova a sondé un panel de citoyens sur le pouvoir d’achat et constaté que « pour certains, l’argument qui vient tout de suite à l’esprit est “je ne gagne pas assez”, et pour d’autres, ”je paye trop de cotisations”, constate Thierry Pech. Ce sont deux interprétations du pouvoir d’achat : l’une, classique, aboutit à une meilleure rémunération et reconnaissance du travail accompli, et l’autre est plus antifiscale et tournée vers les pouvoirs publics ».

    Promesses. Orla deuxième est éculée, selon le groupe d’experts sur le smic : il n’y a plus de marges pour baisser les charges sur les bas salaires. C’est pourtant ce que proposent Valérie Pécresse et Eric Zemmour, avec respectivement une suppression des cotisations salariales vieillesse jusqu’à 2,2 smic et une baisse de la CSG jusqu’à 2 000 euros, deux solutions inconstitutionnelles en l’état. Au gauche, on prône des hausses du smic et des salaires des fonctionnaires qui seraient tout aussi difficiles à mettre en œuvre, au risque de décourager la mobilité sociale et faute de moyens publics.

    La balle est donc dans le camp des entreprises, et non plus de l’Etat. Il a « fait sa part du travail, c’est désormais aux entreprises d’augmenter les salaires », affirme Bruno Le Maire. Le gouvernement travaille par ailleurs sur la proposition de Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, pour garantir que les augmentations du smic se répercutent automatiquement dans les branches professionnelles.

    « Tout est à la main des entreprises, c’est un problème de rapport entre offre et demande de travail, abonde Eric Woerth. Dans une économie qui tourne bien, ce sont les salaires qui augmentent, et tout le reste est totalement artificiel ». Qui rime avec présidentielle…


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    Changement climatique : en Gironde, Lacanau va transformer son front de mer avant la fin de la décennie

     

    À travers un plan de réorganisation de la station soutenu par l’État, la municipalité prévoit de supprimer les parkings du front de mer et de créer un vaste pôle d’échanges multimodal. Explications

    Dans le cadre de la recomposition des territoires soumis au recul du trait de côte en raison du phénomène d’érosion, la signature avec l’État du Projet partenarial d’aménagement de Lacanau (voir encadré) aura été l’occasion pour Laurent Peyrondet, le maire de cette station balnéaire, d’expliquer plus en détail quel sera le nouveau visage du front de mer.

    La transformation la plus importante sera la suppression des parkings qui font face à l’océan. Ils seront remplacés par une longue esplanade que l’édile appelle « un balcon sur l’océan ». Au pied de cette zone de promenade, l’ouvrage de protection permettant de contenir le phénomène d’érosion sera reconditionné « pour tenir jusqu’en 2050 ».

    Dans le cadre de la lutte contre l’érosion, le Groupement d’intérêt public littoral, dans lequel...