• Plus de 1 000 militants de la CGT poursuivis en justice : Sophie Binet dénonce la répression des syndicats

     

    Alors qu’un deuxième membre du bureau confédéral de la CGT est convoqué à la gendarmerie, la secrétaire générale, dans une lettre envoyée à Élisabeth Borne, dénonce un « contexte de répression antisyndicale inédit depuis l’après-guerre ». Et enjoint le gouvernement à faire cesser « ce harcèlement judiciaire » qui « nuit à l’action syndicale ».

     

     

     

    a secrétaire générale de la CGT Sophie Binet rend visite aux grévistes de Valdunes, le 1er septembre 2023. © Mathieu Dréan

    La missive est partie mardi soir. Dans son courrier adressé à la première ministre, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet dénonce la multiplication des poursuites de responsables syndicaux issus de son organisation après la mobilisation contre la réforme des retraites. La liste dressée par la responsable syndicale est longue et témoigne d’un « contexte de répression antisyndicale inédit depuis l’après-guerre ». Ainsi, « au moins 17 secrétaires généraux d’organisations CGT, convoqués du fait de leur qualité de secrétaire général » ont fait l’objet de poursuites, et « plus de 1 000 militants de la CGT sont poursuivis devant les tribunaux ».

    Ce vendredi, Myriam Lebkiri, membre du bureau confédéral de la CGT, également cosecrétaire générale de l’Union départementale du Val-d’Oise, ainsi que Marc Roudet, membre de la commission exécutive de l’union départementale du 95 sont convoqués à la gendarmerie de Pontoise pour une audition. En soutien, un rassemblement est prévu avec l’ensemble des organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CGE-CGC, Unsa, CFTC, FSU, Solidaires).

    Contre le harcèlement judiciaire

    Début septembre, c’était Sébastien Menesplier, également membre du bureau confédéral, secrétaire général de la fédération des électriciens et gaziers, qui avait été entendu à la gendarmerie de Montmorency, toujours à propos des actions syndicales du premier semestre.

    Or, poursuit-elle, « nous avons autre chose à faire que de multiplier les rassemblements devant les commissariats pour soutenir nos camarades. Alors que les salaires baissent, que les faillites d’entreprises se multiplient, réprimer l’action syndicale conduit à empêcher les salarié·e·s de se mobiliser et de s’organiser pour faire valoir leurs droits ».

    En ce sens, la responsable syndicale suggère à la première ministre « de demander aux parquets de se concentrer sur la lutte contre les groupuscules d’extrême droite, ou encore contre le trafic de drogue, les violences sexistes et sexuelles, et la délinquance en cols blancs », plutôt que de « cibler des syndicalistes assimilés de façon scandaleuse à des voyous ou à des terroristes ».

    D’autant que « la multiplicité de ces procédures ne fait que traduire une réelle volonté politique de porter atteinte à l’action syndicale », analyse-t-elle. Pour Sophie Binet, « ce harcèlement judiciaire ne peut plus durer ». Elle revendique ainsi que ceux qui ont été condamnés « soient rétablis dans leurs droits » et l’adoption d’une « loi d’amnistie ».

    Une proposition de loi déposée par les sénateurs du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste, visant à amnistier les personnes condamnées pour certains délits commis à l’occasion d’une manifestation ou d’un mouvement de grève, a été rejetée par le Sénat, fin octobre.

    Le ministre de la Justice y voyait une loi qui « ne ferait qu’aggraver la discorde et nourrir l’impunité, alors même que les voies de l’apaisement ont été trouvées et que le dialogue social a été renoué lors d’une grande conférence sociale ». Une conférence sociale sur les salaires, dont les salariés attendent toujours le résultat…


  • Sciences Po Paris : des étudiants bloquent l’entrée de l’école pour réclamer la démission du directeur

    À l’appel de syndicats étudiants, réclamant la démission du directeur de l’école, une cinquantaine de personnes ont bloqué l’entrée de Sciences Po Paris.

    Par L.C. avec AFP

     

    L'entrée au bâtiment historique de Sciences Po a été bloquée par une cinquantaine d'étudiants, mardi 5 décembre.

     

    Impossible de rentrer dans Sciences Po Paris ? Mardi 5 décembre, une cinquantaine d'étudiants ont décidé de bloquer l'entrée de Sciences Po Paris, situé dans le 7e arrondissement de la capitale. Les abords du bâtiment historique sont ainsi occupés à l'appel de syndicats étudiants de l'école, afin de réclamer la démission de son directeur, Mathias Vicherat. Ce dernier a été placé en garde à vue pour violences conjugales, entre le dimanche 3 et le lundi 4 décembre. Les autres entrées des bâtiments annexes n'ont pas été entravées, permettant l'accès à l'enceinte du campus.

    « Nous demandons la suspension immédiate de Vicherat et sa démission pour des raisons d'exemplarité », a déclaré Inês Fontenelle, vice-présidente étudiante au conseil de l'Institut (Union étudiante) et membre du conseil d'administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP).

    La plupart des étudiants ou salariés interrogés par une journaliste de l'AFP ont refusé de s'exprimer. « Il faudrait attendre d'avoir plus d'informations sur la situation », a déclaré une étudiante qui a préféré garder l'anonymat.

    Le directeur devrait « rapidement » s'expliquer

    Mathias Vicherat, en poste depuis 2021, et sa compagne, s'accusaient réciproquement de violences conjugales et ont été placés en garde à vue dimanche soir avant d'être remis en liberté lundi.

    « L'unité médico-judiciaire n'a relevé d'incapacité totale de travail sur aucun des deux, et aucun des deux n'a souhaité déposer plainte à ce stade. L'enquête se poursuit en préliminaire », a précisé le parquet de Paris lundi.Mathias Vicherat « va s'adresser à l'ensemble des communautés de Sciences Po rapidement pour éclaircir la situation », a affirmé Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la FNSP dans un message adressé lundi soir aux membres du conseil d'administration du prestigieux établissement d'enseignement supérieur.

     

     


  • Airbus, cette citadelle que les syndicats se disputent

    La principale élection pour désigner les représentants des salariés s’ouvre mardi 21 novembre
     
    Airbus A 350 20/11/2023 Spitz
     
    Les faits -

    Entre les 21 et 23 novembre se tiennent les élections professionnelles les plus importantes du groupe Airbus. Marylise Léon (CFDT) s’est rendue au siège à Blagnac, le 3 octobre, suivie par Frédéric Souillot (FO) le 19 octobre, Sophie Binet (CGT) le 24 octobre et François Hommeril (CFE-CGC) le 9 novembre.

    S’il est une bataille qui fait rage entre les syndicats, c’est à Airbus qu’elle se livre, lors de ses élections professionnelles. Goutte d’eau dans la multitude de renouvellements des comités sociaux et économiques (CSE) du privé, celui du fleuron de l’aéronautique revêt une importance particulière : avec 50 000 salariés en France, c’est le plus gros employeur de la branche métallurgie, avec un haut niveau de syndicalisation. Ces élections clignotent depuis des semaines sur les radars des chefs de file syndicaux qui défilent les uns après les autres à Blagnac, en banlieue toulousaine, au siège du groupe.

     

  • Bordeaux : à Auchan-Lac, des salariés déballent leur « ras-le-bol général »

    Bordeaux : à Auchan-Lac, des salariés déballent leur « ras-le-bol général »

     

    « Les rayons sont remplis, ce n’est pas une grève, il n’était pas question de punir le client, explique Daniel Bruand, élu au CSE, trente-six ans de boutique. Mais parmi les 510 employés, il y a un ras-le-bol général. Certains sont venus nous voir pour qu’on organise quelque chose. »

     

    À travers cette action, les participants entendaient lancer « un appel à la direction, qui ne nous écoute pas ». Les griefs qu’ils veulent lui faire passer : « Elle n’embauche plus, elle ne remplace plus les arrêts maladie ni les départs en congés, détaille Daniel Bruand. Le résultat, c’est une surcharge de travail. Quand les clients constatent une rupture, c’est pour ça : on n’a plus de temps de remplir tous les rayons. »

    « Mal-être »

    Salima Lemzeri, secrétaire du CSE et déléguée du personnel, met en cause « la nouvelle organisation adoptée il y a un an et demi au niveau national ». Deux salariés expliquent que, depuis, « il n’y a plus aucune entraide : quand certains sont désœuvrés, d’autres sont débordés ». Et d’ajouter : « Nos compétences ne sont plus mises en valeur. Le travail est devenu inintéressant. »

     

    À ces reproches sur l’organisation générale, ils ajoutent des critiques sur la gouvernance locale : « Le management nous parle mal et ne tient pas compte des retours d’expérience de terrain. De toute façon, on voit bien que le but est toujours d’enlever plus de bras. »

    Daniel Bruand regrette que « la direction, prévenue depuis lundi, ne nous [ait] pas reçus et ignore le mal-être dans son magasin. Pour elle, on exagère ». Sollicitée par « Sud Ouest » sur ce mouvement d’une partie du personnel, la direction n’a pas donné suite.

     


  • Comment les syndicats américains ont fait plier Ford... et pourraient inspirer les ouvriers français

    Joe Biden s'adresse aux syndicalistes de l'UAW le 26 septembre 2023.
    Jim WATSON / AFP

    Comment les syndicats américains ont fait plier Ford... et pourraient inspirer les ouvriers français

    Lutte des classes

    Après des décennies de traversée du désert, les syndicats renaissent de leurs cendres aux États-Unis, où ils sont portés par un contexte très favorable. Après 41 jours de grève, les ouvriers de Ford ont ainsi obtenu une conséquente augmentation de salaire.

    « Nous avons obtenu des choses que personne ne pensait possibles », jubile Shawn Fain, le président de l'UAW (United Auto Workers), le grand syndicat américain des salariés de l'industrie automobile, dont le premier fait d'arme avait été d'obtenir le droit de parler lors des pauses déjeuners dans l'usine General Motors de Flint en 1937. Jugé moribond, fragilisé par des décennies de désindustrialisation et des scandales de corruption, l'UAW renaît de ses cendres et vient d'obtenir un succès de taille. Ce jeudi 26 octobre, après 41 jours de grève, les salariés de Ford ont obtenu une augmentation de 25 % du salaire de base d'ici 2028 et des indemnités de vie chère. Les travailleurs les moins bien payés bénéficieront même d'une augmentation de plus de 150 %.

    « Depuis le début de la grève, Ford a mis sur la table 50 % de plus que lorsque nous avons débrayé. Cet accord nous place sur une nouvelle voie pour redresser la situation chez Ford, chez les Big Three (surnom donné aux trois constructeurs historiques, N.D.L.R.) et dans l'ensemble de l'industrie automobile », espère Shawn Fain, dont le syndicat a pour la première fois engagé une grève simultanée chez Ford, General Motors et Stellantis, où le mouvement se poursuit. « La tendance est en train de s'inverser pour la classe ouvrière » veut même croire Shawn Fain alors que les mobilisations syndicales se multiplient dans la restauration, la logistique, et même à Hollywood, où les scénaristes ont fait plier les grands studios, début octobre, après 148 jours de grève.

    VENT PORTEUR

    Outre-Atlantique, les syndicats ont le vent en poupe. Selon un sondage Gallup, les Américains ne les ont pas autant soutenus depuis les années 1970. Le contexte semble favorable. Le chômage se situe à un niveau très bas aux États-Unis (3,8 % en août). Et, alors que des dizaines de milliards de dollars sont investis dans la réindustrialisation, des pénuries de main-d’œuvre apparaissent, ce qui renforce le pouvoir de négociation des salariés. Face à l'inflation persistante, les augmentations de salaires semblent d'autant plus légitimes que les grandes entreprises, notamment dans l'automobile, réalisent des profits très confortables (16,8 milliards d'euros en 2022 pour Stellantis).

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    Et ils sont soutenus par Joe Biden. Voulant notamment marcher dans les pas de Roosevelt, qui désignait « la cupidité des entreprises » comme « l'ennemi », le président démocrate aime à se présenter comme « le président le plus pro-syndicat » de l'histoire américaine. Et ces dernières semaines, il est apparu, mégaphone au poing, sur des piquets de grève. Dans l'optique de la prochaine élection présidentielle, en novembre 2024, Biden semble miser sur la vague syndicale pour emporter la voix des travailleurs de l'industrie alors que ceux-ci avaient plutôt opté pour Donald Trump, lors des dernières élections.

    PRINTEMPS SYNDICAL

    En France aussi, certains observent un « printemps syndical ». Dans un article pour The Conversation, plusieurs chercheurs constatent « un ensemble de signaux au premier rang duquel figurent les fortes mobilisations contre la réforme des retraites il y a quelques mois ». En juillet dernier, Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, annonçait avoir enregistré près de 50 000 nouveaux adhérents au cours du premier semestre 2023. Et Sophie Binet, à la tête de la CGT, avance le même chiffre dans ses rangs.

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  • Sophie Binet à Bordeaux pour présenter « un véhicule électrique accessible à tous produit en France »

     

    Sophie Binet à Bordeaux pour présenter « un véhicule électrique accessible à tous produit en France »

     

    La secrétaire générale de la CGT viendra à la rencontre des syndicats vendredi 20 octobre et défendre « le droit à la mobilité durable pour tous »

    Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, sera présente en Gironde ce vendredi 20 octobre. Elle rencontrera le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, à 11 heures.

     

    À l’issue de l’entretien, la syndicaliste devrait présenter devant l’hôtel de ville « la voiture électrique accessible à tous » promue par la CGT Renault. Elle rencontrera le syndicat MMTB (ex-Magna) pour échanger sur leur avenir et sur le projet industriel (Gazelle) avec les syndicats métaux du département.

    Début juin, le syndicat CGT de la métallurgie présentait un projet de diversification industrielle avec la société Gazelle Tech sur le parking de l’entreprise MMT-B, ex-Getrag. L’un des prototypes de la Gazelle Phoenix, une petite voiture électrique conçue localement, était exposé. Dans l’optique d’un arrêt de la production prévu pour fin 2025, la CGT tenait à se présenter « comme force de proposition en vue de maintenir l’activité », ainsi que l’a souligné Lionel Gaillard, élu CGT au sein du CSE de MMT-B.

    Un prototype de la Gazelle Phoenix, projet de la société Gazelle Tech.Un prototype de la Gazelle Phoenix, projet de la société Gazelle Tech.
    Archives Guillaume Bonnaud/ « SUD OUEST »

    « Droit fondamental »

    Mi-septembre, lors de sa conférence de presse de rentrée, Sophie Binet annonçait la construction d’un « plan d’action syndicale pour l’environnement ». Elle mettait alors en exergue le projet que la CGT de Renault présentera le 20 octobre en sa présence : celui d’un « véhicule électrique produit en France économique » au prix chiffré « à ce stade » à 10 000 euros, qui « nécessite un autre coût du capital, évidemment ».

     
     
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    « Les véhicules électriques sont trop chers pour être accessibles au plus grand nombre. Quand boucler les fins de mois est difficile, quand la voiture est indispensable pour aller au travail ou pour en trouver, pour faire ses courses, pour sortir de chez soi, pour vivre tout simplement, il n’y a pas d’autre choix que la voiture, gazole ou essence », écrivait la centrale en 2020. « Il n’y aura pas de lutte efficace contre le réchauffement climatique si l’accès à la mobilité durable reste réservé à la minorité aisée des grands centres urbains. […] Le droit à la mobilité durable pour tous est un droit fondamental. »





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