Michel Barnier, ancien ministre de l’Agriculture, a expliqué vouloir cibler cette maladie émergente « pas prise en compte » dans les systèmes d’indemnisation existants.
« FCO 8 ». Apparue dans le nord de la France début août, cette épizootie, qui n’est pas transmissible à l’homme, fait rage en Europe et progresse rapidement sur le territoire avec 4 644 foyers recensés au 3 octobre, selon le dernier bilan officiel.
Face à cette flambée, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a annoncé jeudi l’extension de la vaccination contre la FCO 3 - qui a débuté le 12 août dans le nord du pays - « à toute la France pour la filière ovine », la plus touchée par cette maladie qui affecte également les bovins.
Dans les allées du salon, à Cournon-d’Auvergne, les éleveurs ont salué ces mesures concernant la FCO 3, mais nombre d’entre-eux attendaient un geste plus large dans une région frappée par la FCO 8.
« Ici c’est la FCO 8 monsieur le Premier ministre. On a 20 à 60% de mortalité dans certaines fermes. Moi j’ai perdu 75 brebis sur 500 », lui a rappelé Michèle Baudoin, présidente de la Fédération nationale ovine (FNO), section spécialisée du syndicat majoritaire FNSEA.
« Premières réponses ». La Confédération paysanne, 3e syndicat agricole, a dénoncé un « tri inadmissible », fustigeant « l’abandon » des éleveurs « de la moitié de la France » victimes de la FCO 8.
Les syndicats plaident pour une prise en charge de la vaccination de toutes les fièvres animales. Selon la FNSEA, l’indemnisation de l’ensemble des éleveurs de brebis victimes de FCO nécessiterait entre « 100 et 150 millions d’euros ».
Tout en saluant « les premières réponses apportées », Arnaud Rousseau, le président du syndicat agricole majoritaire FNSEA a jugé l’aide insuffisante et mis en garde contre « le risque d’une politique des petits pas ».
Prêts à taux garantis. Prudent, le Premier ministre a dit qu’il n’oublierait pas les agriculteurs mais qu’il ne voulait « pas raconter d’histoires », au vu des contraintes budgétaires.
Alors que d’autres secteurs ont vécu une année difficile, dans la vigne ou les plaines céréalières où la moisson 2024 est la pire en 40 ans, il a annoncé un soutien aux exploitations « touchées par des difficultés graves actuellement et qui ont besoin d’oxygène ».
« Avec les banques disponibles (...) nous allons organiser ce dispositif de prêts à taux garantis par l’Etat pour les exploitations qui en ont besoin », a-t-il affirmé, répondant à une demande répétée de la FNSEA.
Attentes. Toujours sur les questions d’urgence, il a voulu apporter une première réponse à des « réglementations qui tombent d’en haut, parfois de Bruxelles, parfois de Paris, et qui ne sont pas adaptées au terrain ».
Ainsi, après avoir promis jeudi « une pause sur les normes », il a annoncé le report du 1er octobre au 15 novembre du délai fixé « pour l’ensemble des travaux d'épandage dans les exploitations agricoles » : une mesure présentée comme de bon sens alors que les champs sont actuellement « gorgés d’eau », empêchant les travaux dans de nombreux départements.
Conscient des attentes du secteur, le chef du gouvernement a réaffirmé que la loi d’orientation agricole, votée en mai à l’Assemblée nationale, poursuivrait son chemin au Sénat, où elle sera « inscrite à l’ordre du jour du mois de janvier, le plus tôt possible après le budget ».
Revendications. Cette loi d’orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture (LOA) doit mettre en œuvre de nombreuses revendications exprimées en janvier et février dernier.
Le texte notamment place l’agriculture au rang d’intérêt général majeur, met en place un guichet unique pour l’installation de nouveaux agriculteurs, facilite la construction de bâtiments d'élevage ou de réserves d’eau.
Plusieurs fois interpellé sur la menace du loup sur les troupeaux, le Premier ministre a estimé qu’une nouvelle évaluation officielle du nombre de loups en France mi-décembre représenterait un possible « moment clé » pour augmenter les abattages.
Céline CASTELLA avec Sofia BOUDERBALA à Paris
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