• Un décret entrera en vigueur en 2024 pour couvrir un maximum d’espaces agricoles de panneaux solaires. Des revenus en plus pour les paysans, des énergies renouvelables en plus pour la planète. Bonne nouvelle ? Pas si simple, selon Christian Dupraz, de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.

    Marianne : Avec l’agrivoltaïsme, faut-il choisir entre l’alimentation et l’énergie ?

    Christian Dupraz : La transition énergétique passe par le développement de la production d’électricité, notamment d’origine renouvelable. Le solaire photovoltaïque doit être développé.

    A LIRE AUSSI : Photovoltaïque : pour les agriculteurs, aubaine ou arnaque ?

     

     


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    Les faits -

    La crise Covid puis la guerre en Ukraine ont provoqué un double choc sur les échanges de matières premières et les chaînes de production agricoles. En 2024, année électorale en Europe, plusieurs décisions importantes devront être prises alors que le climat s’emballe.

    «La souveraineté alimentaire restera-t-elle une affaire de mots, ou prendra-t-elle enfin une consistance économique, technique, sociale et politique ? », s’interroge le chef économiste des Chambres d’agriculture, Thierry Pouch, en ce début d’année. La réponse dépendra de plusieurs rendez-vous cruciaux en 2024, à commencer par l'élection d’un nouveau Parlement européen au printemps et le renouvellement de la Commission, en plus d'échéances électorales dans différents Etats membres qui pourraient conditionner les orientations politiques. 30% du budget de l’Union étant consacré à la Politique agricole commune (PAC), ces échéances auront des répercussions très directes sur le monde agricole.


  • Vins de Bordeaux. Les premiers arrachages pourraient s’opérer à la mi-janvier

    Vins de Bordeaux. Les premiers arrachages pourraient s’opérer à la mi-janvier

     

    Un guichet unique d’instructions examine les centaines de dossiers déposés : les premières autorisations de travaux sont attendues dans les prochains jours

    Pour des centaines de vignerons girondins, il faut désormais patienter. Le guichet unique d’instruction, mis en place par la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), examine depuis le 20 décembre dernier les 1 211 dossiers déposés dans le cadre du dispositif d’arrachage sanitaire. La moitié de ces demandes portent sur une renaturation (mise en jachère ou boisement), l’autre sur une diversification de l’activité : le tout représente un peu plus de 8 000 hectares de vignes, un chiffre en deçà des 10 000 attendus par l’État.

     Au cours des semaines à venir, les viticulteurs vont recevoir une autorisation de commencement de travaux. « Les premiers arrachages pourraient intervenir dès la semaine prochaine », nous précise-t-on du côté du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux. Cette autorisation permettra à ceux qui le souhaitent d’engager le chantier d’arrachage mais « attention, souligne la préfecture dans un communiqué, elle ne vaudra pas notification de l’aide, ni ne préjugera de l’éligibilité finale du dossier ou que la totalité des surfaces demandées sera éligible ».

    Premiers versements en février

    Selon une entreprise de travaux agricoles dans le Blayais contactée ce jeudi 4 janvier, nombre d’exploitants attendent « la teneur de leur prime » pour pouvoir engager les travaux. À compter de ce mois, indique la préfecture, « les notifications d’aides avec le montant à percevoir après arrachage seront envoyées au fil de l’eau aux demandeurs dès lors que les dossiers seront complets et conformes ». Ce sera la deuxième étape. Ces notifications vont s’étaler jusqu’au mois prochain, « au regard du nombre [élevé] de dossiers ».Troisième étape : une fois l’arrachage effectué et la déclaration aux Douanes réalisée, une demande de paiement pourra être réalisée par le vigneron. « Les premiers versements pourraient avoir lieu dès le mois prochain », assurent les services de l’État. Les travaux d’arrachage, dans le cadre de ce dispositif, devront être opérés avant le 31 mai prochain. « En trois-quatre mois, cela va bien être compliqué de tout faire », juge, sceptique, le patron de la société spécialisée dans les travaux agricoles.

     


  • Tempête Ciaran : deux mois après, les agriculteurs attendent toujours de l’aide

    Depuis la tempête Ciaran qui a touché la Bretagne début novembre, les contours de l’intervention de l’État promise aux sinistrés s’esquissent enfin. Une aide « plus que bienvenue » mais jugée « insuffisante » par la Confédération paysanne.

     

    lougastel-Daoulas (Finistère), correspondance particulière.

    Des légumes éparpillés sur le sol, en piteux état. Au loin, une bâche en plastique éventrée et de longs bouts de ferraille pliés par les rafales. Depuis la tempête Ciaran survenue début novembre, la petite exploitation agricole de Sandrine Gawron fait peine à voir. Dans le Finistère et ailleurs en Bretagne, bon nombre d’agriculteurs ne sont toujours pas remis des dégâts occasionnés par un épisode météorologique d’une rare intensité. « Quand mon mari est arrivé sur les lieux, il s’est effondré », se souvient la maraîchère, installée à Plougastel-Daoulas depuis 2019.

     

     

    Loi des finances 2024 : « Les paysans sont les victimes de ce nouveau 49.3 », estime Olivier Morin ( Modef)

    La Première Ministre a de nouveau dégainé l’article 49.3 de la Constitution, ce jeudi 14 décembre, faisant ainsi passer sans vote la partie recettes du projet de loi de finances (PLF) 2024. Ce texte législatif ne répond pas aux attentes des petits exploitants agricoles, déplore Olivier Morin, secrétaire national du Modef et agriculteur biologique dans l’Indre.

     

    « Rien n'est prévu pour faire face aux difficultés des producteurs bio », dénonce Olivier Morin, secrétaire national du Modef
    Maylis Rolland / Hans Lucas via AFP

    Champagne pour la FNSEA, soupe à la grimace pour l’agriculture paysanne. En faisant adopter en force la partie recettes du projet de loi du budget de l’Etat (PLF) 2024, via une vingt-et-unième utilisation du 49.3, Elisabeth Borne a fait une heureuse jeudi dernier. La fédération patronale a obtenu un amendement de dernière minute revenant sur une hausse de taxes destinées à limiter l’usage des pesticides et les prélèvements d’eau.

    Pas de quoi cependant ravir tout le monde paysan. « Ce budget est néfaste pour l’agriculture familiale », a dénoncé le Modef qui a manifesté contre jeudi dernier. Et ce n’est pas le « projet de loi d’orientation et d’avenir » censée assurer la souveraineté alimentaire, que le ministre Marc Fesneau dévoile par petits bouts ces derniers jours avant un éventuel examen au Parlement au premier trimestre, qui rassure le syndicat revendiquant une « agriculture rémunératrice, solidaire, durable et responsable »

    Vous avez organisé un rassemblement ce jeudi 14 décembre devant l’Assemblée nationale pour dénoncer les faiblesses du PLF 2024 concernant les agriculteurs. En quoi ce texte ne répond-il pas aux attentes du monde paysan ?

    Le budget du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire s’établit pour 2024 à 7 milliards d’euros, dont 2 milliards pour l’enseignement agricole. C’est largement inférieur aux besoins. Prenons l’exemple des mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) que les agriculteurs contractent via les crédits de la Politique agricole commune (ces financements concernent un ensemble de mesures permettant de soutenir des exploitations agricoles qui s’engagent dans le développement de pratiques agro-environnementales telles que l’entretien des haies, des mares… ndlr).

    Les crédits de paiement pour ces pratiques baisseront de 35 % par rapport à 2023, alors que les budgets actuels sont déjà insuffisants pour honorer les contrats signés. Par exemple, en Bretagne, le budget pour 5 ans est de 90 millions d’euros, alors que les besoins estimés s’élèvent à 150 millions d’euros.

    Vous êtes aussi très remontés au sujet du bio

    L’agriculture biologique se trouve en grande difficulté du fait de la baisse de consommation de ses productions, conséquence de l’inflation et de la perte de pouvoir d’achat. Aujourd’hui, les ventes de bio reculent. Sa part dans la surface agricole utile stagne à 10,7 %, alors que le gouvernement s’était quand même fixé un objectif de 15 % pour 2022 et 18 % pour 2027. La tonne de blé bio est vendue presque au même prix que celle en agriculture conventionnelle : 230 euros contre 200 euros. Mais les coûts de production sont bien supérieurs en bio. Cela fait longtemps que nous réclamons une fixation du prix des denrées alimentaires, notamment des céréales, par des conférences annuelles entre les différents acteurs. Rappelons que 100 000 exploitations agricoles ont disparu entre 2010 et 2020 et que 45 % des agriculteurs devraient cesser leur activité d’ici à 2026. Il y a donc urgence à agir.


  • Vins de Bordeaux : dispositif d’arrachage sanitaire : plus de 1 700 dossiers déposés

    Vins de Bordeaux : dispositif d’arrachage sanitaire : plus de 1 700 dossiers déposés

     

    Les demandes couvrent près de 8 000 hectares de vignes : certaines, dans le cadre de la diversification, devront encore être arbitrées car elles dépassent l’enveloppe allouée

    Le plan d’arrachage sanitaire, lancé par l’État et le CIVB (Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux), vient de livrer son verdict. Clos depuis ce mercredi soir minuit, le guichet a reçu plus de 1 200 dossiers selon le ministère de l’Agriculture. Les services de l’État vont désormais instruire les différentes demandes avant de délivrer les autorisations de travaux qui devront être réalisés avant le 31 mai prochain. Le financement prévoit d’indemniser les viticulteurs girondins candidats à hauteur de 6 000 euros par hectare.

    Dans le détail, plus de 700 dossiers ont été déposés dans le cadre du dispositif financé par l’État, prévoyant le remplacement des vignes par du boisement ou une conversion en zones naturelles. Ils représentent près de 4 000 hectares pour un montant total d’aide maximum de 24 millions d’euros avant instruction. Un montant compatible avec l’enveloppe prévue (de 30 à 38 millions d’euros en fonction des besoins).

     

    En revanche, l’attractivité du dispositif financé par le CIVB, dépasse les espérances. Plus de 500 dossiers d’arrachage en vue d’une diversification vers d’autres activités agricoles ont été adressés pour une surface totale avoisinant les 4 000 hectares. Un montant (autour de 24 millions d’euros) qui va bien au-delà des 19 millions financés par l’interprofession bordelaise. « Le dispositif prévoit que si les demandes excèdent l’enveloppe disponible, celles-ci feront l’objet d’un coefficient stabilisateur limitant les surfaces éligibles qui sera déterminé à l’issue de l’instruction de l’ensemble des demandes », précise le ministère de l’Agriculture dans un communiqué.Le guichet du plan d’arrachage avait été ouvert le 20 novembre dernier pour une durée d’un mois. Lors des préinscriptions, le millier de dossiers avait été déposé portant sur plus de 9 000 hectares. Ce dispositif s’inscrit dans un contexte de crise pour la viticulture girondine, frappée tout particulièrement par une crise de la consommation.

     


  • Gironde : des agriculteurs de la zone maraîchère de Bordeaux tirent la sonnette d’alarme sur le risque inondation

     

    Gironde : des agriculteurs de la zone maraîchère de Bordeaux tirent la sonnette d’alarme sur le risque inondation

     

    Des agriculteurs d’Eysines et de Bruges sont excédés par le manque d’entretien de la Jallère à laquelle sont connectés le Lac de Bordeaux et l’étang de la Hutte de Bruges. Le mauvais écoulement des eaux lors de gros épisodes pluvieux menace leurs cultures. Ils pointent l’urbanisme grandissant et les défaillances de la Métropole

    La colère couve dans la zone maraîchère de Bordeaux. Frappés par deux tempêtes coup sur coup, les agriculteurs ont enduré cet automne une pluviométrie exceptionnelle d’environ 375 millimètres d’eau en 20 jours. Fatalement, les vents violents ont débâché des serres déjà fragilisées par l’orage de grêle de juin 2022 et les fortes précipitations ont entraîné des pertes dans les cultures.

    La maraîchère Floriane Laville redoute de voir ses serres régulièrement noyées sous les eaux si rien n’est fait.

    La maraîchère Floriane Laville redoute de voir ses serres régulièrement noyées sous les eaux si rien n’est fait.

    Floriane Laville

    À cette conjoncture défavorable se sont ajoutés, pour certains, des éléments structurels aggravants liés à la tenue du réseau hydraulique du marais. « Entre les ASA (associations syndicales agréées) des agriculteurs qui doivent ouvrir ou fermer certaines vannes et les services de Bordeaux Métropole qui gèrent cette zone, notamment pour éviter l’inondation de Bordeaux-Lac, on s’y perd. Trop de strates au-dessus de nous. On ne sait plus qui fait quoi », commente Aurore Cessateur-Sournac, agricultrice et élue à la Chambre d’agriculture. Et d’ajouter : « L’absence de communication peut engendrer de gros dégâts. On vient de le voir. Cette crise a eu au moins le mérite de mettre tout le monde autour de la table pour pointer les dysfonctionnements. Des réponses pérennes sont attendues, entre autres un protocole lisible sur la gestion du marais. »

    Selon Philippe Laville, les maraîchers déjà confrontés à des hausses de coûts n’accepteront plus longtemps de vivre avec la « guillotine » des inondations au-dessus de leur têteSelon Philippe Laville, les maraîchers déjà confrontés à des hausses de coûts n’accepteront plus longtemps de vivre avec la « guillotine » des inondations au-dessus de leur tête

    Olivier Delhoumeau

    Réunion d’urgence

    Aurore Cessateur-Sournac fait allusion à une visite de terrain organisée le 15 novembre avec l’élu métropolitain Patrick Papadato (stratégie nature, biodiversité et résilience alimentaire), suivie d’une réunion d’urgence le lendemain en mairie d’Eysines impulsée par la maire Christine Bost. Y assistaient des agriculteurs aux terres sous les eaux et des représentants de services métropolitains (Sabom, Gemapi). Le jour même, une pompe supplémentaire était installée en bout de Jallère (ou Jalle noire) pour accélérer l’évacuation des eaux vers la Garonne.

    Si le niveau a fini par baisser, le problème de fond subsiste, selon Philippe Laville, maraîcher à Bruges depuis quatre décennies. « Avant de nettoyer les fossés, la priorité est de s’occuper de l’axe principal : la Jallère. C’est le nerf de la guerre. Si on ne l’entretient pas, elle ne tire plus. Or cela fait plus de dix ans que je n’ai vu personne la curer », évalue-t-il, pointant la responsabilité de Bordeaux Métropole.

    Les bouts abîmés des carottes doivent être coupés avant d’être vendus à des clients qui acceptent les conditions.Les bouts abîmés des carottes doivent être coupés avant d’être vendus à des clients qui acceptent les conditions.

    Olivier Delhoumeau

    Une luge

    Problème, l’étang de la Hutte de Bruges et le Lac de Bordeaux sont reliés par écluses à la Jallère, censée absorber le trop-plein lorsque la cote d’alerte de ces deux bassins est atteinte. « Quand on les ouvre et que ça ne s’écoule plus normalement, l’eau reflue. Ce sont nos terres agricoles qui trinquent », déplorent Philippe Laville et sa fille Floriane, également agricultrice.

    Une course contre la montre s’est engagée pour récolter les légumes (carottes, patates douces, courges, etc.) abîmés dans des sols toujours détrempés à ce jour. Au plus fort des précipitations, « les tracteurs et les brouettes ne passaient plus dans les champs, peste Philippe Laville. On s’embourbait. Certains tunnels étaient inondés. J’ai dû bricoler un système de luge pour porter des colis de 25 kilos. Grâce au dévouement de nos salariés, on a pu sortir quelques produits. »

    Toutefois, les pertes (le préjudice est toujours en cours d’évaluation) seront conséquentes. Spécialisée dans les circuits courts, Aurore Cessateur-Sournac a dû privilégier les 13 Amap qu’elle fournit au détriment de deux magasins. Philippe Laville, qui travaille avec la restauration collective, a reçu le soutien de plusieurs cuisines centrales (Sivom du Haut-Médoc à Blanquefort, collège Edouard-Vaillant à Bordeaux et lycée Pape-Clément à Pessac).

    Urbanisation

    Au-delà des considérations sur le changement climatique, les maraîchers touchés mettent en cause l’urbanisation à outrance du secteur (Bordeaux-Lac, Le Tasta) qui a contribué à imperméabiliser les sols. Ils considèrent que les ouvrages hydrauliques de la Jallère ne sont plus adaptés à la donne actuelle.Vice-présidente métropolitaine déléguée à l’aménagement urbain et naturel, Christine Bost tient à rappeler le caractère exceptionnel des précipitations de novembre. Toutefois, l’élue reconnaît la nécessité d’une meilleure coordination. « Associations de maraîchers, Sabom (traitement des eaux) et dispositif Gemapi doivent travailler ensemble pour rendre le système d’alerte plus efficace. Il y aura forcément des travaux hydrauliques à budgéter. Lesquels ? Selon quel calendrier ? Une remise à plat s’impose », admet l’élue qui a provoqué une nouvelle réunion entre services techniques, ce jeudi 30 novembre, à la métropole. Curage ? Installation d’une deuxième vis sans fin pour accélérer le débit à l’exutoire de la Jallère ? Les questions sont posées.

     





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