• Crise agricole : Gabriel Attal arrose encore le productivisme

     

    Annoncées samedi par le Premier ministre, les quatorze « mesures complémentaires » aux 67 engagements déjà promis cet hiver aux agriculteurs confirment le soutien du gouvernement au modèle agro-industriel encensé par la FNSEA.

    Gabriel Attal, en déplacement avec le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau dans une exploitation maraîchère normande, espère éteindre définitivement la colère agricole en annonçant de nouvelles mesures de soutien au secteur, samedi 27 avril.
    ©Damien Meyer/AFP

    Vive la compétitivité et l’agrobusiness ! La marotte caractérisant la vision de la politique agricole française sous Emmanuel Macron a été confirmée ce samedi 27 avril, lorsque, en déplacement dans la Manche, Gabriel Attal a annoncé quatorze engagements « complémentaires » en faveur de l’agriculture, dans l’espoir de clore une profonde crise qui a amené, de janvier à mars, des milliers de producteurs sur les routes.

    Arnaud Rousseau, président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), syndicat majoritaire, avait sonné la charge lors du 78e congrès du syndicat, en mars : « Porter le goût d’entreprendre en agriculture, voilà notre mission (…) Il n’est pas question qu’un seul jour passe sans qu’il ne soit productif pour les agriculteurs. » L’appel a été entendu par l’exécutif.

    Réduction des délais pour contester les méga-bassines

     

     


  • L’exécutif annonce des mesures complémentaires pour l’agriculture

    Lors d’un déplacement dans la Manche, samedi 27 avril, Gabriel Attal doit dévoiler un panel de mesures visant à apaiser pour de bon la colère agricole
     
    Voici la suite du plan visant à calmer la colère agricole. Matignon a annoncé, samedi 27 avril, quatorze mesures complémentaires en faveur de l’agriculture, disant vouloir renforcer la souveraineté alimentaire française et répondre aux revendications du secteur.
     

    « Notre gouvernement est pleinement engagé à soutenir nos agriculteurs, qui jouent un rôle vital dans notre société », écrit le Premier ministre Gabriel Attal, cité dans un communiqué, qui doit effectuer un déplacement dans la Manche, ce samedi 27 avril. « Ces mesures complémentaires qui s’ajoutent aux 67 mesures que j’avais annoncées le 26 janvier, démontrent notre détermination à répondre aux besoins de nos agriculteurs et à garantir un avenir prospère pour notre agriculture », ajoute-t-il.

     

    « Phase de suivi ». Parmi les nouvelles mesures figurent une liste de 100 projets d’hydraulique agricole destinés à une gestion durable des ressources, une amélioration des retraites des agriculteurs avec notamment une prise en compte dès 2026 de leurs 25 meilleures années, des prêts de trésorerie via Bpifrance ou encore une baisse de la taxe sur le foncier non-bâti.

    En outre, figure, selon Le Figaro, la présentation de la version définitive du plan Ecophyto de réduction des pesticides (mis en pause lors de la crise agricole), ou encore un plan d’aide ciblant trois départements frappés par les crises météorologiques (Pyrénées-Orientales, Aude, Hérault).

     

    A la suite de la lecture du plan gouvernemental, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs « considèrent désormais que la phase de travail postérieure aux mobilisations entamées en novembre dernier se termine. S’ouvre désormais la troisième phase de suivi de la déclinaison concrète de chacune des mesures », ont-ils indiqué dans un communiqué commun.

     

  • Prélèvements et consommations d’eau: le match nucléaire-agriculture

    Depuis, dix ans, l’irrigation des terres agricoles gagne du terrain, augmentant la consommation du secteur
     
    Champ maïs 18/04/2024 Inchauspé
     

    France Stratégie a présenté, jeudi 18 avril, une note sur les enjeux et les usages relatifs aux prélèvements et à la consommation d’eau en France. Côté prélèvements (30 milliards de mètres cubes), c’est le secteur énergétique qui arrive en tête : 47 % lui sont imputables, l’essentiel étant utilisé pour le refroidissement des centrales nucléaires. L’agriculture apparaît, elle, comme la bonne élève, avec 11 % seulement du total prélevé.

     

     

     

    C’est une tout autre affaire lorsqu’on s’intéresse aux consommations d’eau (4,4 milliards de mètres cubes) qui représentent la part des prélèvements qui ne retournent pas aux milieux d’origine. Cette fois, ce sont 14 % seulement qui proviennent de l’énergie et 62% de l’irrigation des terres nécessaire à l’agriculture. Pour les centrales nucléaires, l’essentiel de l’eau douce prélevée est en effet restitué au milieu d’origine (avec une température plus élevée qu’au départ). Pas pour l’agriculture.

     

    Conflits d’usage. Si aujourd’hui, seules 8 % des surfaces agricoles sont irriguées, les auteurs du rapport ont souligné une forte dynamique de l’utilisation de ces techniques. Cette hausse est observable partout, mais elle est particulièrement frappante en Artois-Picardie, où sont cultivés de nombreux « légumes d’industrie » comme les haricots verts, les petits pois et les carottes. « Les agriculteurs ont besoin d’irrigation pour respecter les calibres imposés par les cahiers des charges des industriels » a indiqué Hélène Arambourou, adjointe au directeur du département développement durable et numérique de France Stratégie.

     

    Le taux d’irrigation a aussi augmenté pour la vigne, passant de 3 % à 9 % en quelques années. Cette augmentation de l’irrigation, combinée à la volonté des pouvoirs publics de réindustrialiser l’Hexagone et de relancer le nucléaire, fait dire aux auteurs que les conflits d’usage de cette ressource pourraient s’accroître à l’avenir. Mais ce ne sont pas les nouveaux réacteurs qui seront les plus à blâmer.


  • Gironde. Le Département met un billet sur l’agriculture en circuit court

    Gironde. Le Département met un billet sur l’agriculture en circuit court

     

    Dans le cadre de son programme “Gironde Alimen’terre”, la collectivité veut accompagner le développement des fermes en agroécologie de proximité

    Bienvenue au château Le Parvis, ses 5 hectares de vignes, ses dizaines de poules et sa quarantaine de variétés de légumes cultivés tout au long de l’année. L’exploitation de Camblanes-et-Meynac vient d’être la première ferme labellisée « Gironde Alimen’terre », un programme du Département visant à accompagner l’agroécologie de proximité. Ce choix tient du symbole, la propriété étant « typiquement exemplaire » de ce que la collectivité souhaite promouvoir. Sur place, le paysan Olivier Reumaux, reprenant les terres familiales au début des années 1990, n’a pas succombé aux sirènes d’une agriculture dévoreuse de surface. Convertie au bio dès 1999, se diversifiant au maraîchage une vingtaine d’années plus tard ainsi qu’à l’élevage, l’exploitation pratique la vente directe et fournit les cantines de plusieurs écoles du coin.

    Ce mercredi 10 avril, Olivier Reumaux a pu faire goûter au président du Département Jean-Luc Gleyze ou au maire de Camblanes Jean-Philippe Guillemot sa nouvelle culture : des asperges, tout juste sorties d’une terre amoureuse – soit riche en argile et qui colle aux bottes du vigneron après la pluie –, qu’il vend à 11 euros le kilo dans son magasin ouvert chaque jour de la semaine (10-19 heures) et même le samedi (10-13 heures). Si le château Le Parvis est la première ferme « Gironde Alimen’terre », une petite dizaine d’autres structures doivent la suivre d’ici la fin de l’année, notamment l’association Deux Bouts, installée à Vayres dans le Libournais et qui pratique l’insertion par le maraîchage.

    En ce moment, asperges, salades ou petits artichauts sont proposés au magasin de la ferme, ouvert du lundi au samedi.En ce moment, asperges, salades ou petits artichauts sont proposés au magasin de la ferme, ouvert du lundi au samedi.
    Jean-Charles Galiacy

    Soutenir

    « Les fermes à taille humaine attirent les jeunes générations, observe Ève Demange, conseillère départementale en charge du programme « Gironde Alimen’terre », également conseillère municipale déléguée à la résilience alimentaire à Bordeaux. Si on souhaite que l’agriculture puisse se développer sur notre territoire, il faut la soutenir. » Et pas n’importe laquelle : dans la charte d’engagement qu’elle signe avec les exploitations, la collectivité vise celles ayant une production diversifiée et nourricière, des pratiques préservant la biodiversité et qui fonctionnent en circuit court.

    « Si on souhaite que l’agriculture puisse se développer sur notre territoire, il faut la soutenir »

    Avec ce réseau, le Département entend mettre en relation plus finement les agriculteurs avec les structures dont elle a la compétence, afin d’alimenter possiblement la restauration collective des collèges ou des Ehpad, ainsi que les épiceries solidaires, une manière de soutenir « nos agriculteurs par la commande publique ». « L’ambition, c’est également de créer un partage d’expériences entre les différents adhérents, reprend Ève Demange. Dans le même sens, nous aimerions nous faire accompagner par des chercheurs, je pense notamment à ceux de Bordeaux sciences agro, pour pouvoir formaliser des pratiques vertueuses. »

    Emploi

    Le programme « Gironde alimen’terre » tient également à développer des initiatives, en lien avec le dérèglement climatique ou la sobriété énergétique. Il souhaite ainsi promouvoir l’expérimentation ou la culture de variétés rustiques ou résistantes à la sécheresse ainsi que la capacité à produire sa propre énergie et à diminuer ses émissions carbone.

    Ce type de ferme peut également se montrer attractif en termes d’emplois. Au château Le Parvis, depuis quelques années, le couple Reumaux peut compter sur deux nouvelles collaboratrices. La trentaine, Cristina, ancienne violoncelliste au conservatoire de Lyon et Pauline, ex-webdesigneuse, ont tout plaqué pour devenir ouvrières agricoles et trouver un nouveau sens à leur parcours. Alors, heureuses ? « C’est parfois très difficile, éreintant même, il nous faut faire du sport et consulter l’ostéo mais je me plais dans cette nouvelle vie », résume la première.

    Cristina et Pauline, qui ont quitté leur poste de violoncelliste ou de web designer pour devenir ouvrières agricoles, au côté du couple Reumaux.Cristina et Pauline, qui ont quitté leur poste de violoncelliste ou de web designer pour devenir ouvrières agricoles, au côté du couple Reumaux.

    Jean-Charles Galiacy

    Arrachage des vignes : Jean-Luc Gleyze songe à la reconversion maraîchère

    Le président du Département, Jean-Luc Gleyze, dit insister pour récupérer la cartographie parcellaire des vignes en voie de disparition à la suite du plan d’arrachage sanitaire, qui doit concerner dans un premier temps autour de 8 000 hectares de surface en Gironde. L’objectif ? « Pouvoir identifier des lieux sur lesquels le foncier pourrait être mis à disposition de projets maraîchers », explique l’élu socialiste. L’idée serait de mettre en réseau cette cartographie avec ceux qui cherchent un terrain propice à la culture de légumes et de fruits. Le président du Département doit se rapprocher du préfet pour tenter d’obtenir cette cartographie.

     


  • Prix planchers: le gouvernement espère un coup de balai au Sénat

    Après le vote en première lecture à l’Assemblée de leur proposition de loi visant à instaurer des prix planchers agricoles, les écologistes espèrent la placer au Sénat. Le gouvernement voudrait rapidement stopper les velléités d’administration des prix, dont,majoritairement, les agriculteurs ne veulent pas
     
     
    «Une majorité très peu mobilisée, des LR totalement absents, et voilà ce qui arrive ». Commentaire désabusé d’un député de la majorité, hier, après l’adoption d’une proposition de loi des députés Verts. À la faveur de leur niche parlementaire, ils ont poussé un texte instaurant des prix planchers pour les produits agricoles. Une tentative similaire des Insoumis avait échoué en novembre, mais la crise agricole a redonné du lustre à l’idée.
     

  • Agriculture en Nouvelle-Aquitaine : la redevance sur l’eau n’augmentera finalement pas en 2024

    Agriculture en Nouvelle-Aquitaine : la redevance sur l’eau n’augmentera finalement pas en 2024

    Au terme d’une réunion de conciliation avec trois syndicats agricoles, Alain Rousset, président du Comité de Bassin Adour-Garonne, a annulé la lourde augmentation de la redevance sur l’eau prévue pour 2024

    Même endroit, le parvis de l’hôtel de Région à Bordeaux, mais pas du tout même ambiance. Le 11 mars dernier, des militants de la Coordination rurale avaient dévasté le lieu et l’avaient aspergé de lisier, ainsi que d’autres sites de Bordeaux, comme le miroir d’eau. Ce jeudi 4 avril, l’ambiance est au contraire débonnaire et conviviale avec les trois organisations représentées, la FDSEA régionale, les Jeunes Agriculteurs de Nouvelle-Aquitaine et EAAG, le syndicat des irrigants de Gironde.

    Comme un marché miniature, des stands ont été dressés avec des produits régionaux : fraises, asperges, noisettes, pruneaux, carottes ou poireaux. Des verres de vin circulent, ainsi que des plateaux de charcuterie. Des agents de la Région viennent grignoter, certains font même quelques emplettes. Une poignée de policiers surveille sereinement le rassemblement.

    En concertation

    Les manifestants sont pourtant en colère. Ils ont en effet appris que le comité de bassin Adour-Garonne, présidé par Alain Rousset, envisageait d’augmenter le taux de la redevance agricole de 53 à 155 %. « Pour certaines exploitations agricoles, ce sont plus de 10 000 euros de charges supplémentaires, c’est intenable », souligne Daniel Philippe, le président d’EAAG.

    Un avis que partage Alain Rousset. Vers 13 h 30, après une longue réunion de conciliation, le président néo-aquitain et les responsables syndicaux sortent sur le parvis et sous le soleil. De cordial, le climat passe presque à euphorique car Daniel Philippe annonce que la hausse des taxes est gelée pour 2024. Petite pique à Alain Rousset quand même, « ce serait mieux d’y penser avant de voter les hausses ».





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