• Projet Canopia à Bordeaux : un geste architectural « authentiquement haussmannien »

     

    Projet Canopia à Bordeaux : un geste architectural « authentiquement haussmannien »

     

    Depuis la gare de Bordeaux, le nouveau cours Saint-Jean déroulera un tapis de verdure de 19 mètres de large et 600 mètres de long jusqu’à la Garonne. © Crédit photo : Maison Édouard François Doug & Wolf

     

    Apsys, opérateur unique de la requalification des îlots Saget et Descas, architecte et paysagiste, revendiquent « un parti pris fort » dans la conception du projet attendu pour 2027. Où le classicisme de Bordeaux inspire et aspire à demeurer dans le temps

    L’ambition est « que l’on ait l’impression que le quartier a toujours existé ». Alors que les îlots Descas et Saget, au sud de Bordeaux, sont en cours de déconstruction, Maurice Bansay a présenté la philosophie du projet Canopia, ce mercredi 16 octobre.

    L’architecte Édouard François, Michel Desvignes, paysagiste, et Maurice Bansay, président fondateur d’Apsys, ont présenté la philosophie de Canopia, au cœur du site actuellement en déconstruction.L’architecte Édouard François, Michel Desvignes, paysagiste, et Maurice Bansay, président fondateur d’Apsys, ont présenté la philosophie de Canopia, au cœur du site actuellement en déconstruction.
    Thierry DAVID / SO

    Le président fondateur d’Apsys assume « de se distinguer de l’urbanisme de zone d’aménagement concerté ». Au cœur d’Euratlantique, qui voit s’ériger de nouveaux immeubles aux lignes contemporaines, Canopia se veut la « pièce manquante du puzzle » reliant l’ensemble de ces quartiers au Bordeaux historique, dont le classement Unesco « nous oblige à une opération d’exception ».

    Le cours Saint-Jean, nouvelle artère piétonne et végétalisée, offrira ainsi les mêmes proportions que le cours d’Alsace-et-Lorraine.

    Canopia sera demain un ensemble de 38 bâtiments déployés sur 4 hectares dont l’ordonnancement et l’esthétique reprendront les codes architecturaux « authentiquement haussmanniens ». Le méridien reliant la gare à la Garonne en est l’illustration majeure. Cette nouvelle artère piétonne et végétalisée, baptisée cours Saint-Jean, offrira les mêmes proportions que le cours d’Alsace-et-Lorraine. Avec ses 600 mètres de longueur et 19 mètres de largeur, il marquera la « cohérence urbaine » du nouveau programme.

    La maquette de Canopia révèle l’importance du nouveau cours Saint-Jean, reliant la gare à la Garonne, et illustre le choix haussmannien de l’ordonnancement du nouveau quartier.La maquette de Canopia révèle l’importance du nouveau cours Saint-Jean, reliant la gare à la Garonne, et illustre le choix haussmannien de l’ordonnancement du nouveau quartier.
    Thierry DAVID / SO

    La pierre de taille, caractéristique de Bordeaux

    De part et d’autre de cet axe, la construction par îlots n’excédera pas les hauteurs relevées dans le centre-ville. Elle respectera aussi les perspectives d’un Bordeaux « temple du classicisme », en jouant « des rythmes, des formes et des gabarits des bâtiments dans leurs justes proportions ».

    Infographie Sud Ouest

    La pierre de taille, caractéristique de Bordeaux, sera massivement employée dans les nouvelles réalisations. Certaines façades d’immeubles seront conservées en l’état. Et sur les déconstructions en cours et prévues pour durer encore six mois, Apsys récupérera un millier de tonnes de matériaux à réutiliser en phase de construction. « Pour ne pas avoir l’impression d’être ailleurs qu’à Bordeaux », souligne Édouard François. L’architecte n’entend toutefois pas se contraindre dans les codes architecturaux du XVIIIe siècle. « Mais en proposer une libre interprétation contemporaine. »

    Édouard François a ainsi travaillé à partir de sept immeubles bordelais pour élaborer « un script paramétrique » révélant les codes et les cotes des façades bordelaises. À partir de cette trame, il a composé avec « une grande liberté de traitement de la pierre », surélevant ici un bâtiment d’une résille de bois, bousculant la rectitude d’une hauteur par l’ajout d’une verrière, quand ailleurs le végétal vient rompre les alignements. Le tout, « avec l’accord de l’architecte des Bâtiments de France ».

    Dernier tronçon des quais

    L’architecte, à l’œuvre sur le projet depuis 2016, a également souhaité réaliser « quelques bâtiments emblématiques ». Ainsi a-t-il conçu, à l’entrée du cours Saint-Jean, depuis la gare, l’immeuble Tauzia tout de « blocs de verre ». Tels des blocs de pierres, les ensembles translucides seront agencés avec des décalages et éclairés la nuit.

    L’immeuble Tauzia, à l’entrée du cours Saint-Jean, tout en blocs de verre illuminés la nuit.L’immeuble Tauzia, à l’entrée du cours Saint-Jean, tout en blocs de verre illuminés la nuit.

    Maison Édouard François Doug & Wolf

    Canopia s’inscrit aussi dans la volonté de Bordeaux de reconquérir son fleuve. Tout en comblant « la nécessité de rééquilibrer Bordeaux-Sud en végétalisation », a pointé Valérie Lasek, la directrice générale d’Euratlantique. Au débouché du pont Saint-Jean et dans la perspective du cours du même nom, le parc Descas s’étendra sur 2 hectares. Les anciennes voies d’accès au franchissement « seront prochainement détruites pour réimperméabiliser les sols », annonce Valérie Lasek. Avec ses 12 000 mètres carrés de ferme urbaine et de jardins actifs, le site permettra aux Bordelais « d’apprivoiser le dernier tronçon des quais », se félicite-t-on chez Apsys.

    Sur les quais, le futur parc Descas sera le nouveau poumon vert de Bordeaux avec ses 2 hectares.Sur les quais, le futur parc Descas sera le nouveau poumon vert de Bordeaux avec ses 2 hectares.

    L’Autre Image_APSYS_MEF_

    L’opérateur ne manque pas de souligner que tout cela s’effectue « sans aucun argent public ». Les 347 millions d’euros de financement ayant été bouclé cet été. « Avec ce quartier durable, au vrai sens du terme, nous laisserons un héritage à Bordeaux et aux Bordelais », a conclu Maurice Bansay.

    Un vide qui deviendra lieu de rassemblement

    6 400 mètres carrés de logements dont deux résidences étudiantes, 6 600 mètres carrés de bureaux, deux hôtels : Canopia ambitionne d’être un lieu de vie permanent. Le projet se complète donc de 15 000 mètres carrés de restaurants et d’activités de loisirs, comptant six rooftops et de 140 boutiques, dont 1 000 mètres carrés seront voués à l’économie sociale et solidaire, à la demande de la Ville de Bordeaux.
    Apsys, opérateur unique, assurera la totale gestion de l’ensemble comme de la « programmation événementielle ». Un avantage pour Céline Poix, sa directrice générale, « car on va pouvoir traiter la diversité de l’offre » tout en préservant le tissu économique local. Ce, grâce au comité d’enseignes, mis en place depuis 2021, selon la volonté de la nouvelle municipalité. Avec une attention toute particulière a souligné Olivier Cazaux, maire adjoint, « sur la qualité urbaine des locaux et leur possible changement d’affectation ».

  • Budget 2025 : coup d’envoi des débats en commission ce mercredi

    L’examen du très politique budget de l’État démarre ce mercredi 16 octobre en commission à l’Assemblée, sur fond de discordance dans le camp gouvernemental.

    Par Le Nouvel Obs avec AFP

     

     

     

     

     

    Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, à l’Assemblée nationale à Paris le 15 octobre 2024.  ALAIN JOCARD / AFP

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    Budget 2025 : premier acte. Exercice rituel devenu bataille rangée en l’absence de majorité, l’examen du très politique budget de l’État démarre ce mercredi 16 octobre en commission à l’Assemblée, sur fond de discordance dans le camp gouvernemental et de défiance sur les raisons du déficit.

    Comment trouver 20 milliards de recettes supplémentaires pour abonder 60 milliards d’économies ? La question est à l’agenda jusqu’à samedi de la commission des Finances de l’Assemblée, éclatée à l’instar de l’hémicycle en trois blocs.

    Plus de 1 700 amendements ont été déposés, même si une partie sera déclarée irrecevable d’ici le début des débats ce mercredi peu après 17 heures. Des discussions qui se feront sur fond de méfiance sur les causes du dérapage du déficit qui pourrait atteindre 6,1 % du PIB. La commission des Finances devrait voter pour demander sa transformation en commission d’enquête sur ce sujet, avant d’entamer les débats sur le budget.

    « Radical désaccord »

    L’examen en commission est en quelque sorte un tour de chauffe, car les députés repartiront de la copie initiale lundi dans l’hémicycle, mais chaque amendement adopté ou article supprimé servira de levier face au gouvernement. D’autant que le budget pourrait être in fine adopté au 49.3, avec Matignon qui tiendrait seul le stylo.

    « Nous sommes en radical désaccord avec ce budget », a assumé la patronne du groupe LFI Mathilde Panot. Pour la gauche l’équation est simple : rejeter le budget ou faire adopter une version « NFP-compatible », selon l’expression du président LFI de la commission Eric Coquerel.

    Avec à titre d’exemple un rétablissement de l’impôt sur la fortune renforcé par un volet climatique. Les groupes de gauche présenteront aussi chacun des mesures, sur la prise en charge des personnes en Ehpad pour les socialistes par exemple, ou une taxe sur les superprofits des entreprises pétro-gazières pour les écologistes.

    Côté Rassemblement national, on ne se privera pas de laisser planer la menace d’une censure dans l’hémicycle pour mettre la pression sur l’exécutif. « Sans changement fondamental, la question de la censure se posera », explique le député Jean-Philippe Tanguy au Figaro, précisant que « si la censure devait venir, ce serait avant tout un refus d’un 51e budget de faillite ».

    Si le groupe de Marine Le Pen dévoilera officiellement ses mesures à la presse ce mercredi à 11 heures, leurs amendements montrent qu’ils souhaitent imposer la suppression immédiate de la CVAE, un impôt de production sur les entreprises, ou annuler les hausses de tarifs de l’électricité prévues, alors que le gouvernement envisage de remonter la taxe « au-delà » de 32 euros par mégawattheure.

    Un sujet qui crispe jusque chez les soutiens du gouvernement, notamment au groupe macroniste et du parti Les Républicains (LR). Pourtant membres de la coalition, les députés LR, Laurent Wauquiez en tête, proposeront de supprimer la mesure, invitant dans leur amendement le gouvernement « à travailler sur un effort plus important de réduction de dépenses publiques », plutôt qu’à recourir à des « mesures fiscales » touchant « l’ensemble des Français ».

    « Justice fiscale »

    Autre pilule qui passe difficilement dans une partie de la macronie, l’instauration d’une contribution exceptionnelle visant pour trois ans les ménages les plus aisés et qui devrait toucher 24 300 foyers fiscaux, selon une évaluation préalable publiée par le ministère du Budget.

    Une partie de l’aile droite du parti présidentiel Renaissance proposera de revenir dessus, quand des alliés du MoDem voudront au contraire la pérenniser. « La justice fiscale ça s’inscrit dans le temps long », a justifié le député MoDem Jean-Paul Mattei.


  • Sanofi a annoncé avoir choisi le fonds CD & R pour lui céder le contrôle d’Opella, qui commercialise le Doliprane. SOPA IMAGES/SIPA / SOPA IMAGES/SIPA

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    Les syndicats CFDT et CGT de Sanofi ont appelé ce mercredi 16 octobre à une grève reconductible à partir de jeudi pour s’opposer à la cession attendue à un fonds américain de la branche santé grand public du groupe, Opella, qui commercialise le Doliprane.

    La CFDT, syndicat prépondérant chez Sanofi (34 %), appelle à « un mouvement de grève générale à partir du 17 octobre pour exprimer sa colère contre la vente d’Opella », sur tous les sites du groupe, selon un tract dont l’AFP a pris connaissance.

    Cette décision a été prise à la suite d’un courrier de la direction adressé aux salariés qui « continue de minimiser les choses », a précisé à l’AFP Humberto de Sousa syndicaliste CFDT Sanofi. « Elle n’a pas bougé d’un iota, elle a toujours l’intention de vendre à un fonds américain et déroule le plan, quelles que soient les injonctions du gouvernement », a-t-il ajouté.

    La CGT (20,3 %) lance un « appel clair et franc, en illimité jusqu’au retrait de la vente d’Opella », sur les deux sites français d’Opella à Lisieux (Calvados) et Compiègne (Oise), a indiqué à l’AFP Fabien Mallet, syndicaliste CGT Sanofi France. Les autres syndicats du groupe se positionneront dans la journée, assure « Libération ».

    Le gouvernement donne des gages

    Dans son point d’information adressé aux salariés dont l’AFP a obtenu copie, Sanofi répète notamment que le Doliprane continuera d’être produit en France et présente son maintien à hauteur de 50 % au capital d’Opella comme une garantie de son ancrage français.

    Le groupe pharmaceutique français a annoncé vendredi avoir choisi le fonds CD & R pour lui céder potentiellement le contrôle d’Opella, qui commercialise une centaine de marques de produits sans ordonnance dont le Doliprane (paracétamol). Cette opération soulève de fortes préoccupations chez les salariés et les responsables politiques pour des enjeux de souveraineté sanitaire et d’emplois.

    Le gouvernement a demandé des gages aux parties prenantes en matière de maintien de l’emploi, de l’empreinte industrielle, de la localisation du siège et de la recherche et développement.


  • Neuf membres présumés de la DZ Mafia de Marseille en garde à vue pour un double meurtre

    Ces personnes sont entendues dans le cadre de l’enquête ouverte après le meurtre d’une femme de 25 ans et d’un homme d’une vingtaine d’années en novembre 2023 à Marseille.

    Par Le Nouvel Obs avec AFP

    Neuf membres présumés de la DZ Mafia en garde à vue à Marseille pour un double meurtre commis en novembre 2023. ALAIN ROBERT/SIPA

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    Neuf membres présumés de la DZ Mafia, le principal clan de narcotrafiquants marseillais, étaient en garde à vue ce mercredi 16 octobre pour leur implication dans un double meurtre en novembre 2023, a indiqué à l’AFP une source policière, confirmant une information du « Parisien ».

    Dix personnes avaient été interpellées lundi dans cette affaire, mais l’une d’entre elles n’était plus en garde à vue mercredi, selon la source de l’AFP.

    Ces personnes sont entendues dans le cadre de l’enquête ouverte après le meurtre d’une femme de 25 ans et d’un homme d’une vingtaine d’années, abattus dans leur véhicule sur le parking d’un McDonald’s des quartiers populaires du nord de Marseille le 11 novembre.

    Des tueurs à gages, des chauffeurs…

    « Parmi les gardés à vue se trouvent les tueurs à gages présumés, les logisticiens et les chauffeurs » soupçonnés d’être impliqués dans cette fusillade, qui outre les deux morts avait blessé trois autres personnes à bord de la même voiture, assure « le Parisien ».

    Au moment des faits le procureur de la République de Marseille Nicolas Bessone avait indiqué que les cinq personnes touchées étaient stationnées sur le parking d’un McDonald’s vers 23 heures « quand un véhicule (était) arrivé à leur hauteur et les a[vait] rafalés à la kalachnikov ».

    Ce coup de filet intervient dans un contexte d’effervescence dans le milieu marseillais, puisque deux narchomicides ont de nouveau endeuillé la ville en octobre, notamment le meurtre d’un chauffeur de VTC, victime collatérale du trafic de drogue

     

     


  • Enquête

    Pollution dans le quartier des Bassins à flot de Bordeaux : «On nous a vendu du vert et on se retrouve avec du noir»

    Présenté comme un petit paradis moderne, l’ancien quartier portuaire au bord de la Garonne accueille depuis quelques mois ses nouveaux occupants. Alarmés par des symptômes médicaux, ils prennent conscience que la page des activités industrielles toxiques n’a pas été tournée.
    publié le 14 octobre 2024 à 14h59
     
     

    Il faut comprendre l’angoisse de vivre dans un quartier dont le sol est saturé par les métaux lourds et les hydrocarbures. Depuis six mois, les habitants des Bassins à flot, à Bordeaux, tanguent entre peur légitime d’avoir développé une affection et paranoïa à chaque gêne anormale. «La gorge qui gratte un peu tout le temps», «les bronchites et sinusites à répétition», «les céphalées régulières, voire les vertiges certains soirs». L’asthme, les insomnies, et même les conjonctivites du chat. Symptômes ou surinterprétation ? Difficile de rester rationnel lorsqu’on craint d’être victime d’une pollution inodore et invisible, sauf sur les lignes d’un compte rendu de laboratoire d’analyse.

    «Ils doivent prendre conscience qu’ils sont en train d’empoisonner les gens», martèle ainsi Isabelle, propriétaire dans l’une des nouvelles résidences du secteur. La retraitée et d’autres représentants de ce quartier flambant neuf du nord de la ville sont venus à la rencontre de Libération, et multiplient les accusations. «Ils nous mettent en danger sciemment.» «Ils attendent un drame.» «Ils signent notre arrêt de mort à moyen ou long terme.» Derrière ce «ils», figurent pêle-mêle les directeurs du Grand Port maritime de Bordeaux (GPMB), le maire écologiste Pierre Hurmic, son adjoint chargé du secteur, Vincent Maurin, mais aussi la préfecture et toute administration n’ayant pas pris à leurs yeux la mesure de l’urgence. La pollution est provoquée, selon eux, par les activitées

     

  • Enquête

    Les femmes esclaves des diplomates (4/4) : à Paris, la fuite et la double peine d’une domestique de l’ex-ambassadeur du Chili auprès de l’OCDE

     
    Une travailleuse péruvienne engagée auprès de la famille de Felipe Morandé, qu’elle a suivie après la nomination de ce dernier à Paris, raconte la dégradation de ses conditions de travail, sa liberté confisquée, puis les sévices infligés par un couple qui lui propose de l’aide après sa fuite en 2021. Deux ans plus tard, elle porte plainte pour «traite des êtres humains» contre ses ex-employeurs, toujours protégés par l’immunité diplomatique.
    publié le 14 octobre 2024 à 11h07
    (mis à jour le 15 octobre 2024 à 12h03)
     

    Les femmes esclaves des diplomates

    Plusieurs domestiques de diplomates d’ambassades parisiennes les accusent d’esclavage moderne. Pour la première fois, elles témoignent. «Libération» a enquêté sur les conditions de vie et les violences qu’elles disent avoir vécues au domicile de leurs employeurs, protégés par leur immunité diplomatique.

    La vie d’Alicia (1) a basculé le 19 décembre 2018. Depuis un an et demi, cette Péruvienne exerçait comme domestique pour une famille aisée de Santiago, au Chili. Afin de subvenir aux besoins de ses six enfants restés au Pérou, elle s’occupait de la garde des trois garçons du couple (âgés de 17, 13 et 5 ans à l’époque), du ménage et de la cuisine au sein du foyer. Un travail «bien payé» (environ 500 euros par mois) selon son récit, avec des horaires définis (de 7 heures à 21 heures) et deux jours de repos le week-end. Mais en cet hiver 2018, la famille déménage à Paris, où le patron d’Alicia est nommé ambassadeur du Chili auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Lors de la campagne présidentielle, l’année précédente, qui a débouché sur la réélection de Sebastián Piñera, sa femme et lui ont activement soutenu le candidat. Le père de famille, Felipe Morandé, a été son ministre des Transports et des Télécommunications entre 2010 et 2011, lors du premier mandat de l’élu de droite. La mère, Carola Zuñiga Inostara, dirige une entreprise de communication.