À l’affiche, le batteur Mathias Pontevia avec le groupe Pfui, entre rock noisy, poésie et photographie, et le binôme formé par la poétesse Laure Gauthier et le guitariste Serge Teyssot-Gay. Serge Teyssot-Gay ? Oui, l’ancien guitariste de Noir Désir, qui a définitivement tourné la page du rock, disons « classique » pour aller vers les musiques hors pistes. « Aujourd’hui, à part ce que je fais avec Interzone (son duo avec le joueur d’oud syrien Khaled Aljaramani, NDLR), tout mon travail repose sur l’improvisation », dit-il.
Et sur la multiplication des projets. Il en a actuellement une dizaine en cours, dont des collaborations avec le peintre Paul Bloas, la danseuse Dalila Belaza, la contrebassiste Joëlle Léandre ou le violoncelliste Gaspard Claus. « J’aime particulièrement le duo. C’est la formule la plus émotionnelle. Quand on est cinq ou six sur scène on peut se reposer. Pas quand on est deux, où il faut être constamment dans l’instant présent, dans cet état où l’adrénaline de la scène, la concentration que ça implique, font émerger certaines choses. »
Depuis la fin de Noir Désir, Serge Teyssot-Gay ne passe ainsi quasiment pas une semaine sans jouer, dans une nouvelle carrière qui l’a emmené jusqu’en Chine ou en Nouvelle-Zélande. « C’est ce qui fait que ton langage évolue. En jouant avec des gens différents, je remets tout le temps en cause ce que je fais. Je peux me servir d’un archet, d’un Ebow (un appareil qui fait vibrer les cordes de la guitare en émettant un champ électromagnétique, NDLR), de plaques de bois ou de métal, mais je ne m’interdis pas de jouer aussi de la guitare d’une façon classique. Ma palette d’expression s’est élargie. »
L’archet, un outil parmi d’autres pour tirer des sonorités originales de sa guitare.Avant de se produire avec Laure Gauthier, il a commencé par lire le texte qu’elle lira elle-même. « J’ai besoin de m’en imprégner pour pouvoir jouer avec, d’en comprendre le sens. Après, tout va se faire en fonction de ce que la voix de Laure m’indiquera : son timbre, le fait qu’elle soit posée ou pas, le rythme de la lecture… Je ne serai pas dans une position d’accompagnateur. Ce sera comme deux voix qui avancent en parallèle. Un texte qui se déploie, ça offre une ouverture plus large qu’une chanson. »
Après « La Cité dolente », lu et « joué » à deux en 2023, c’est un nouveau texte, « Désir de nuage », que Laure Gauthier lira à L’Inconnue. Qui parle de quoi ? Serge Teyssot-Gay ne veut pas en parler. « Tout doit rester possible : le chaos comme l’harmonie ou le silence. C’est surtout ça qu’il faut accepter. Et c’est tout ce qui fait la différence avec le rock et la chanson. »
Jeudi 17 octobre à 19 h 30, 10 euros, 181, rue François-Boucher, Talence. 05 57 35 32 32 - linconnue.fr