Depuis le lundi 23 septembre, les infirmières et aides-soignantes du service portent sur leur blouse une affichette indiquant « en grève ». Selon Sonia, infirmière dans le service depuis quatorze ans, chaque journée de travail est une question de choix : « Entre un patient suicidaire, un à terre, et un autre sans défense immunitaire, partage la soignante. On adore notre métier mais on est vraiment crevées. »
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Gironde : à Cenon, un projet de maraîchage et de vergers bio pour les cantines de la rive droite
L’Atelier des coteaux, entreprise d’insertion, va exploiter 1 800 m² au domaine du Loret, à côté de la piscine cenonnaise, dans le cadre du programme alimentaire de territoire sur la rive droite urbaine
Quand on ira piquer une tête au complexe Elodie-Lorandi, à Cenon, on pourra, avant ou après (pendant, ça va être dur), jeter un œil aux courgettes et aux pommes qui poussent derrière. Le conseil municipal, partenaire avec Bassens, Floirac et Lormont, d’un projet alimentaire de territoire (PAT) au sein du Grand Projet des villes (GPV) rive droite (1), a voté à l’unanimité, ce lundi 7 octobre, la convention d’occupation temporaire (COT) accordée à l’Atelier des coteaux sur un terrain voisin de la piscine municipale, pour la culture bio de fruits et légumes destinés aux cantines publiques des quatre villes.
À l’arrière des complexes aqualudique et footballistique du Loret, le maraîchage bio va se développer sur près de deux hectares.Y. D.À l’arrière de l’ancienne chartreuse, près de 2 hectares (1 800 m²) seront dévolus à cette entreprise d’insertion basée à Lormont et spécialisée dans l’environnement. Dans le cadre de l’appel à projets lancé par le GPV, elle avait déjà décroché l’exploitation du site lormontais du Grand Tressan (3 hectares) et de celui de Labat à Cenon (1 hectare), mais sur ce dernier, ce ne sera pas possible : la ressource en eau y est trop faible et la commune envisage sur cet ancien terrain de sport un espace paysager et nourricier à vocation pédagogique, comprenant des arbres, arbustes fruitiers et plantes vivaces.
L’eau de la piscine en renfort
Au Loret et selon la COT adoptée, l’Atelier des coteaux se déploiera sur trois espaces : une serre, une parcelle de légumes plein champ, et une autre de vergers à dominante pommes. Le tout bio et destiné aux cuisines centrales des quatre villes, à l’instar du Grand Tressan mais aussi des Jardins garonnais à Floirac, déjà en exploitation sur 2 000 m². La Ville construira la clôture et installera compteurs d’eau et électricité, mais aussi et surtout, elle fournira un apport précieux d’eau : celle du circuit du fonctionnement de la piscine municipale mitoyenne, soit 150 m³ par semaine, suffisants pour la serre et le plein champ.
Les rejets d’eau de la piscine municipale pourront être utilisés par l’exploitant de la parcelle de maraîchage.
Y. D.Si qualité et volume de l’eau disponible sont ad hoc, l’Atelier des coteaux installera trois modulaires et la serre de 2 000 m² dans les mois qui viennent, commençant la mise en culture au printemps 2025. La convention est signée pour douze premières années. Le projet alimentaire de territoire du GPV est axé sur la transition alimentaire, le développement d’emplois et de compétences par l’insertion et la formation (notamment à destination de la population des quartiers prioritaires de la politique de la ville), la recherche et la sensibilisation des publics.
(1) Groupement d’intérêt public rassemblant les quatre villes.
Un mois de festival AlimenTerre
Initié en 2007 par le Comité français pour la solidarité internationale (CFSI), le festival itinérant AlimenTerre a touché près de 90 000 citoyens dans plus de 600 communes françaises et une douzaine de pays. Cenon l’accueille du 15 octobre au 12 novembre. Au menu, quatre projections-débats (espace Signoret et ludo-médiathèque, entrée libre) sur l’impact de notre consommation de poisson (15 octobre), la pêche intensive en Afrique (5 novembre), l’emprise de l’agro-industrie (8 novembre) et l’élevage éthique (12 novembre). Autres événements : un atelier « fresque agri’-alim’» pour comprendre notre système alimentaire (18 octobre), fête de l’automne au Jardin RêVé (19 octobre), ou une rencontre avec l’auteure-illustratrice Florie Saint-Val à la ludo-médiathèque (9 novembre). Programme en détail sur cenon.fr.
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Ubisoft : mouvement de grève chez le géant du jeu vidéo, sur fond d’incertitudes et de rumeurs de rachat
Plusieurs organisations dont le STJV appellent au débrayage pour protester contre un retour en arrière en matière de télétravail, « goutte d’eau » après plusieurs négociations sociales difficiles. La direction réagit
«Le jeu vidéo est pour nous tous une passion. Ce n’est pas une raison pour accepter de mauvaises conditions de travail. » Il y a une semaine, l’ambiance était à la fête pour Ubisoft, avec l’inauguration à Bordeaux de son nouveau studio. Ce mardi 15 octobre, l’ambiance est à la grève, à l’appel de plusieurs organisations, dont le Syndicat des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo (STJV).
Celle qui s’inquiète des « conditions de travail » est Laure Turban, « associate producer » (productrice associée) chez Ubisoft Bordeaux et représentante STJV. « La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, explique-t-elle, c’est l’annonce mondiale que l’accord sur le télétravail changeait sans que cela ait été discuté en amont. » Selon elle, ce changement de politique « risque de contraindre certains à quitter l’entreprise : en effet, depuis cinq ans, tous les recrutements se faisaient avec des possibilités de télétravail et des collègues s’étaient installés parfois loin des studios ». Contactée par « Sud Ouest », la société indique qu’« après avoir attentivement passé en revue nos besoins métiers et les retours de nos équipes, nous avons décidé de ne pas revenir à un modèle 100 % présentiel mais envisageons de modifier notre approche afin que les équipes soient au bureau au moins trois jours par semaine ».
Nous envisageons de modifier notre approche afin que les équipes soient au bureau au moins trois jours par semaine »
Ubisoft assure toutefois que « celles et ceux qui en ont besoin auront le temps de s’adapter à ce changement et nos chefs d’équipe locaux détermineront quand des exceptions sont justifiées ».
« Délit d’initié »
Reste que l’annonce mondiale (Ubisoft a 45 studios partout sur la planète) s’insère, en France, dans un contexte légal : « Une négociation avec les élus syndicaux en CSE [Conseil social et économique] est obligatoire », pointe Laura Turban. Ce dont la direction convient : « Des discussions sont en cours. »
Mais la question du télétravail seule n’explique pas l’ambiance dégradée. « Elle intervient après des négociations sur l’intéressement lors desquelles la direction a mis le couteau sous la gorge des syndicats pour qu’ils signent un accord moins avantageux – ce qu’ils ont refusé, indique la représentante STJV. Auparavant, ce sont les négociations salariales qui nous ont laissé l’impression d’un manque de dialogue et d’incertitude. »
Cette incertitude est accentuée par l’actualité commerciale et financière d’Ubisoft : démarrage décevant du jeu « Star Wars Outlaws », décrochage de l’action en bourse, report du lancement d’« Assassin’s Creed Shadows »… « À chaque fois, on apprend les nouvelles par les réseaux sociaux », regrette la Bordelaise.
Dernière péripétie : des soupçons de délit d’initié. Après l’annonce par Bloomberg, le 4 octobre, du possible rachat d’Ubisoft par le Chinois Tencent, l’action du Français avait rebondi de 30 %. Mais un internaute a repéré un ordre d’achat de 225 000 titres quarante-cinq minutes avant la publication de l’information. Et la députée PS du Puy-de-Dôme Christine Pirès Beaune a demandé à l’Autorité des marchés financiers (AMF) de se pencher sur la question.
Questionné à ce sujet, Ubisoft ne fait pas de commentaire. Le préavis de grève court jusqu’à jeudi.
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Gironde : Axolotl va tester une recyclerie éphémère et un atelier de réparation à Saint-Médard-en-Jalles
Axolotl investira samedi 19 octobre le club-house Monplaisir dans le cadre des Journées nationales de la réparation. Les membres de l’association y testeront une recyclerie éphémère, un stand de réparation de vêtements et de bijoux, un goûter anti-gaspi. L’équipe cherche à s’installer durablement dans un local. La Ville de Saint-Médard est intéressée
La recyclerie s’appelle Axolotl, du nom d’une petite salamandre marine ayant la capacité de régénérer ses membres et ses organes lorsqu’ils sont endommagés. Domiciliée pour l’instant au Haillan, l’association se rendra le samedi 19 octobre à Saint-Médard-en-Jalles, commune ayant également la salamandre pour emblème. Elle investira le club-house Monplaisir, au sein du complexe sportif Robert-Monseau, dans le cadre des Journées nationales de la réparation.
Initiées par Halte à l’obsolescence programmée, ces journées ont pour vocation de sensibiliser les citoyens aux écogestes. Les bénévoles d’Axolotl déploieront ce jour-là une recyclerie éphémère. Vêtements, bibelots, objets de déco, petit mobilier… Chacun pourra venir dénicher des produits de seconde main vendus à des prix solidaires. Le stock est issu de dons de particuliers et de commerçants.
Tee-shirt en tote bag
« Les gens auront la possibilité de venir avec un vêtement ou un bijou abîmé pour le faire réparer. Deux couturières bénévoles et une créatrice de bijoux seront à nos côtés. Elles montreront par exemple comment transformer un tee-shirt en tote bag. Il y aura un hôpital à doudous pour les enfants, un goûter anti-gaspi avec des gâteaux dont les ingrédients principaux seront des épluchures de banane et des peaux de citron », énumère Marie-Charlotte Deguelte. Qui porte le projet avec son conjoint Stephan Affolter. Des jeunes du centre socioculturel La Source du Haillan ont confectionné la banderole de l’événement.
« La mairie de Saint-Médard a manifesté la volonté de nous accompagner sur son territoire »
L’équipe d’Axolotl est à la recherche d’un local, seul moyen pour elle de pérenniser son activité. « La mairie de Saint-Médard a manifesté la volonté de nous accompagner sur son territoire. Plusieurs pistes sont actuellement explorées. Nous devrions bientôt avoir la confirmation d’un lieu » , avance prudemment Marie-Charlotte Deguelte, tout en espérant une ouverture début 2025.
Outre une recyclerie, l’association entend organiser des ateliers, développer un tiers-lieu où se mêlent les générations, inviter des scolaires sur la thématique du recyclage et de la seconde main. Autre priorité affichée : créer de l’emploi pour des personnes en situation de handicap ou éloignées du marché du travail.
Journées nationales de la réparation avec la recyclerie Axolotl le samedi 19 octobre de 10 à 18 heures au club-house Monplaisir (rue Charles-Capsec) à Saint-Médard-en-Jalles. Renseignements : 06 75 94 16 49.
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Bordeaux : une rame de tramway coupée en deux pour être transportée et rénovée à Clermont-Ferrand
Une première rame de tramway a dû être séparée en deux parties lundi 14 octobre avant d’être acheminée vers Clermont-Ferrand pour une rénovation complète. La démarche doit se généraliser à la moitié de celles qui circulent sur le réseau TBM, pour pouvoir les exploiter dix années de plus
Accorder dix ans de vie en plus aux rames de tramway de la métropole bordelaise : la mesure est intéressante du point de vue économique et écologique. À condition, bien sûr, que ce passage de 30 à 40 ans de mise en circulation ne pose pas de problème de sécurité. Ce sont tous ces enjeux qui accompagnent le départ, mardi 15 octobre, d’une première rame vers Clermont-Ferrand pour une rénovation complète de ses systèmes.
Le tramway de Bordeaux a fêté ses 20 ans en 2023.GUILLAUME BONNAUD / SO370 kilomètres de route pour un véhicule qui a dû être coupé en deux avant d’être chargé sur deux camions. 18 mètres d’un côté, 26 de l’autre. Trois modules de la rame d’un côté, quatre de l’autre. L’opération est lourde et elle a dû s’étaler sur deux jours. KB2M (Keolis Bordeaux Métropole Mobilités), l’opérateur privé qui gère les transports dans l’agglomération, est en phase de test dans cette démarche pionnière en France. « Plusieurs réseaux souhaitent la mettre en place mais nous sommes le premier à avoir obtenu le feu vert de l’État, en avril 2024 », explique Erell Chandellier, directrice maintenance patrimoniale.
À Clermont-Ferrand, l’entreprise ACCM, spécialisée dans la maintenance des trains et des tramways, sera chargée de vérifier la structure de la rame, de tester ou de changer certaines pièces (connecteurs, éléments de toiture…), sachant que le reconditionnement d’une rame « coûte dix fois moins cher que l’achat d’une rame neuve, explique-t-on à KB2M. L’opération est vertueuse car elle permet de réemployer certains gros équipements comme des coffrets de traction ou des bogies » (le chariot situé sous la rame, sur lequel sont fixées les roues, NDLR).
L’opération doit durer onze mois, mais le rythme doit s’accélérer par la suite pour atteindre à terme les 39 jours pour chaque rame. D’ici à 2030 il est en effet prévu que 62 d’entre elles soient rénovées, sur les 130 actuellement en service sur le réseau TBM. « Quasiment la moitié de celles qui circulent en 2024 datent de la mise en exploitation, en 2003 », rappelle-t-on à KB2M.
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« On est crevés » : à Pessac, les soignants du service hématologie de Haut-Lévêque en grève
En grève depuis le 23 septembre, le service d’hématologie du CHU de Bordeaux s’est mobilisé ce lundi 14 octobre dans l’espoir d’acquérir du matériel et des postes supplémentaires
« Nous sommes ici pour nous faire entendre », lance Fabrice Boissimon, secrétaire général de la CGT Hôpital SUD. À l’entrée de l’hôpital Haut-Lévêque, quelques infirmières et représentants syndicaux se sont mobilisés ce lundi 14 octobre pour distribuer des tracts par-dessus les fenêtres des véhicules. Ils dénoncent le manque de personnel et de matériel dans le service d’hématologie clinique et de thérapie cellulaire du CHU de Bordeaux, qui prend en charge les patients atteints de cancers du sang.
Les mobilisés réclament l’ouverture, d’ici à 2027, de dix postes d’infirmières et de six aides-soignantes supplémentaires. Une pétition a été lancée, récoltant plus de 500 signatures, ainsi qu’une demande d’entretien auprès de l’Agence régionale de santé.
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Repas à 1 euro : les étudiants peuvent désormais se restaurer le soir au Crous Bordeaux-Aquitaine et « ça change la vie »
Publié le 14/10/2024 à 16h50.Mis à jour le 15/10/2024 à 10h41.Depuis l’élargissement du service en soirée dans les restaurants universitaires, nombreux sont les étudiants à bénéficier des repas à 1 euro le soir. Une initiative du Crous Bordeaux-Aquitaine qui séduit, comme le démontre l’affluence au Mascaret
Une file d’étudiants s’est formée dès 18 h 20 devant le Mascaret. Mercredi 9 septembre, plus de deux semaines après l’élargissement du service le soir, ils sont 250 étudiants à se rendre au restaurant universitaire du campus Carreire. Et parmi eux, 50 % bénéficient des repas universitaires au tarif d’un euro, étant boursiers ou en situation de précarité. Dans l’agglomération bordelaise, trois restaurants universitaires du Crous Bordeaux-Aquitaine proposent cette restauration tardive, du lundi au vendredi, de 18 h 30 à 19 h 45 : le Capu à la Victoire, le Veracruz à Pessac et le Mascaret.
Ce dernier accueille 1 800 étudiants le midi et le soir, son nombre de couverts oscille entre 250 et 300. « On observe une progression constante depuis l’ouverture et, avec le bouche-à-oreille, je ne serai pas surpris que l’on atteigne les 400 couverts prochainement », vise Vincent Chabas, responsable des sites.
Repas à 1 euro pour tous
Avant de rejoindre la bibliothèque universitaire, Aurélien se restaure en vitesse. En cinquième année de médecine dentaire, l’étudiant se rend au Mascaret le midi et, depuis peu, le soir. « Ça me change la vie, je n’avais jamais osé imaginer que c’était possible. Ça me fait gagner du temps et de l’argent », partage le boursier de 23 ans.
Sa camarade, Manon, est davantage sceptique en regardant son assiette : des haricots verts, des samoussas aux légumes et un yaourt. L’étudiante, non-boursière et végétarienne, ne semble pas y trouver son compte : « Il n’y a pas de protéine, c’est carencé. Ça m’embête de payer 3,30 € (tarif pour les non-boursiers) alors que, en faisant mes courses moi-même, je peux manger mieux et moins cher », partage celle qui souhaite une généralisation des repas à 1 euro.
Habitués du Veracruz, Anas et Vallentino fréquentent à présent le Mascaret. Chaque soir, avant de rejoindre leur logement étudiant, ils s’y retrouvent pour le dîner. « Ça m’arrive de louper des repas. Avec 1 euro, je ne mange rien chez moi. Ici, on se régale et en plus, il n’y a pas de vaisselle à faire ! », s’amuse Vallentino. Pour son ami, ce rendez-vous n’est pas seulement un bénéfice économique, mais aussi un moyen d’alimenter sa vie sociale : « Ça permet de rencontrer des gens et de ne pas s’isoler seul chez soi. »
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