Il se veut résolument optimiste pour l'année à venir, tant sur le front de l'inflation que pour la croissance française. Bruno Le Maire s'est échiné à défendre les décisions budgétaires du gouvernement, jeudi 28 septembre sur France 2, lors de l'émission "L'Evénement, l'interview". Vingt-quatre heures après la présentation du budget 2024, le ministre de l'Economie a promis une baisse des prix alimentaires, tout en affirmant que "les Français ne s'appauvrissent pas". Franceinfo résume ce qu'il faut retenir de cet entretien avec la journaliste Caroline Roux.
Inflation : la France ne retrouvera pas "les prix d'avant" sur les produits alimentaires
"Je pense que l'année 2024 sera meilleure que l'année 2023", a expliqué Bruno Le Maire, ajoutant qu'il s'attendait à un reflux des prix "importants" dans les prochains mois. "Regardez les minimas sociaux, ils sont tous indexés sur l'inflation. Regardez les retraites" , a-t-il ajouté. Au sujet de l'augmentation des prix de l'alimentation, le ministre a admis qu'ils ne reviendraient pas "aux prix d'avant" la crise, mais il a de nouveau redit sa volonté que "les prix puissent décélérer et aller à la baisse". Le ministre a détaillé son "objectif" : "que l'argent n'aille pas dans les marges des distributeurs ou des industriels, mais dans les [baisses de] prix en rayons".
"Nous avons décidé d'avancer les négociations entre les producteurs et les distributeurs", a rappelé Bruno Le Maire, dans l'optique que "les prix baissent dès janvier". "J'ai des centaines d'agents qui vont s'occuper des marges (...) des contrôles de prix dans les rayons et veiller aux marges", a également affirmé le ministre, interrogé sur les mesures de contrôle mises en œuvre par le gouvernement. Bruno Le Maire a fait référence à la mise en place de l'Observatoire des prix et des marges et au travail de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
Baisse du pouvoir d'achat : "la première réponse" est "le travail"
Le ministre de l'Economie a rejeté une nouvelle fois la proposition d'indexer les salaires sur l'inflation, jugeant qu'une telle mesure ferait "augmenter le chômage". "La première des réponses au pouvoir d'achat, à la crainte sur les prix, à la crainte sur le niveau de vie, c'est le travail", a-t-il expliqué avant de lister les mesures de soutien mises en place par le gouvernement pour les ménages, notamment le nouveau chèque carburant à 100 euros(Nouvelle fenêtre) pour 50% des Français qui ont besoin de leur véhicule afin de se rendre au travail.
Sur la question de l'augmentation des salaires, Bruno Le Maire a affirmé que "les Français ne s'appauvrissent pas", expliquant qu'ils "ont des revenus qui augmentent régulièrement année après année". Le ministre a toutefois expliqué qu'"ils se sont appauvris relativement à deux autres grandes nations", citant l'exemple des Allemands et des Américains. "Je considère que les entreprises ont joué le jeu", a-t-il ajouté, soulignant des augmentations moyennes "de 5%" en 2023 (4,5% en réalité selon un cabinet d'études)(Nouvelle fenêtre).
Prévisions de croissance : un optimisme affiché pour 2024
Le ministre de l'Economie a réaffirmé son optimisme quant à la situation économique du pays. Lors de la présentation du budget 2024 mercredi, l'Etat a annoncé tabler sur une croissance de 1,4% pour l'année prochaine. Une prévision jugée "élevée" par le Haut Conseil des finances publiques. La Commission européenne table de son côté sur une croissance française de 1,2%(Nouvelle fenêtre).
Pas de quoi décourager Bruno Le Maire, qui croit à "une croissance positive, supérieure à celle de 2023". "On nous disait : 'En 2023, il y aura une récession partout en Europe, y compris en France.' Moi, je pense qu'on ne croit pas suffisamment dans les talents et les forces de notre économie, de nos salariés et de nos entrepreneurs", a-t-il balayé.
Transition écologique : la main tendue aux investisseurs privés car l'Etat ne pourra pas tout financer
Comment financer la transition écologique alors que la France doit se serrer la ceinture ? "Il n'y aura pas d'argent public suffisant", sous peine "d'augmenter les impôts", assure Bruno Le Maire, après la présentation, lundi, de la feuille de route du gouvernement sur le sujet. "Nous refusons cette solution", affirme-t-il. Il tend donc la main aux investisseurs privés "qui doivent participer à cette lutte contre le réchauffement climatique".
Le ministre de l'Economie avait d'ailleurs fait polémique en début de semaine(Nouvelle fenêtre), au sein même de la majorité, après avoir ouvert la porte à un report de l'interdiction des passoires thermiques, prévu au 1er janvier 2025. Sur France 2, il est revenu jeudi soir sur ses propos, insistant sur la nécessité "d'accompagner tout le monde" dans la transition.
Présidentielle 2027 : Bruno Le Maire a "beaucoup de rêves", mais une seule priorité
Interrogé sur ses ambitions présidentielles pour 2027, l'ancien candidat à la primaire de la droite a répondu d'un cryptique : "J'ai beaucoup de rêves", avant d'affirmer que sa priorité était l'instant présent, à savoir la lutte contre "la vie chère".
"Il n'y aura personne sur la ligne de départ qui soit capable de l'emporter en 2027 [au sein de son camp] si nous n'avons pas de résultats", a-t-il botté en touche, avant d'affirmer que "c'est le collectif qui gagne, et on verra ce qui se passe".