• Tandis que le chiffre d’affaires global de la FDJ a dépassé les 2,5 milliards d’euros en 2023, l’État n’a fixé qu’à 380 millions d’euros par an (pour une durée de vingt-cinq ans) la cession des droits exclusifs sur les loteries et les paris sportifs.

    Tandis que le chiffre d’affaires global de la FDJ a dépassé les 2,5 milliards d’euros en 2023, l’État n’a fixé qu’à 380 millions d’euros par an (pour une durée de vingt-cinq ans) la cession des droits exclusifs sur les loteries et les paris sportifs.
    ERIC CABANIS / AFP

     

    Privatisation de la Française des Jeux imposée par Macron et Kohler : un ticket perdant pour les finances publiques

    Imposée par le duo Macron-Kohler, la vente de la Française des jeux, en 2019, a privé l’État d’une rente précieuse et régulière. Le tout au profit de la start-up nation, qui a bénéficié, pendant trois ans au moins, de subventions issues du produit de l’opération.

     

    L’État n’a pas vocation à gérer des entreprises, quand bien même il s’agirait de l’ancienne tombola lancée en 1927 par les « gueules cassées » pour venir en aide aux soldats défigurés lors de la Première Guerre mondiale. Et qu’importe que cette société détienne une partie du monopole des jeux de hasard et abonde généreusement les caisses de Bercy. Il vaudrait mieux qu’elle soutienne la start-up nation. Telle est l’idéologie combinée du pur produit de l’Agence des participations de l’État Alexis Kohler et de l’ancien banquier d’affaires Emmanuel Macron, qui irrigue la privatisation de la Française des jeux (FDJ), réalisée en 2019 dans le cadre de la loi Pacte.

     

     

     


  • Les projets de Meta pour en mettre plein la vue

    La maison mère de Facebook a dévoilé deux nouveautés encore en développement : une IA créatrice de vidéos et des lunettes de réalité augmentée.

    Une image obtenue de l’outil Movie Gen (Meta) à partir du texte dicté suivant : « Un koala tout doux surfe. Il a un pelage gris et blanc et un nez rond. La planche de surf est jaune. Le koala tient la planche de surf avec ses pattes. L’expression du visage du koala est concentrée. Le soleil brille. »

    Une image obtenue de l’outil Movie Gen (Meta) à partir du texte dicté suivant : « Un koala tout doux surfe. Il a un pelage gris et blanc et un nez rond. La planche de surf est jaune. Le koala tient la planche de surf avec ses pattes. L’expression du visage du koala est concentrée. Le soleil brille. »

    Grosse rentrée pour Meta. La maison mère de Facebook a dévoilé Orion, un projet de lunettes de réalité augmentée qui s'appuie sur pas moins de sept caméras pour prendre en compte l'environnement de son porteur, mais aussi pour lui délivrer des informations sous forme d'hologrammes. Avec ce prototype, capable de détecter les mouvements des yeux et des mains, Meta réussira-t-il là où Google, avec ses lunettes jugées trop intrusives, n'avait pas convaincu en 2012 ?

    Autre pari, la maison mère de Facebook vient de dévoiler Movie Gen, un outil « text-to-video » lui aussi encore à l'état de recherche. Comparable, par certains aspects, au logiciel Sora lancé par son concurrent OpenAI, Movie Gen promet de produire des vidéos de seize secondes en 1080 p à partir d'une simple commande textuelle.

    Movie Gen devrait permettre également de générer de la musique ou des effets sonores synchronisés au contenu vidéo. Envie de célébrer l'anniversaire de votre meilleur ami en créant un clip où il se retrouve, habillé, en train de nager à côté d'un magnifique hippopotame ? Ce sera bientôt possible, à condition de respecter les droits d'auteur – Meta explique avoir entraîné Movie Gen sur un ensemble de « données sous licence et accessibles au public » – tout comme l'ego de la personne à qui vous voulez faire plaisir…

     

     


  • Philippe Dessertine : « Commençons par réformer les services publics »

    ENTRETIEN. Selon l’économiste, le budget 2025, qui s’appuie sur l’impôt, passe à côté de l’essentiel : une restructuration profonde de la dépense publique.

     

     

     

    Ancien membre du Haut Conseil des finances publiques (HCFP), l'économiste Philippe Dessertine est un fin connaisseur du budget de l'État. Nous lui avons demandé d'évaluer le projet de loi de finances (PLF) 2025, présenté jeudi 10 octobre par le gouvernement de Michel Barnier. Économies en trompe-l'œil, hausse de la fiscalité, absence de réforme… Voici son analyse sans concession.

    Le Point : Les finances publiques françaises vont-elles si mal ?

    Philippe Dessertine : Oui, nos finances publiques vont mal. Elles se détériorent à un rythme accéléré depuis quelques mois, bien que cette tendance ait commencé il y a de nombreuses années. Aujourd'hui, nous sommes pris dans un cercle vicieux : le paiement des intérêts de la dette contribue à lui seul à l'augmentation de la dette publique. À un nive...


  • Ukraine: Volodymyr Zelensky dit vouloir obtenir la fin de la guerre en 2025

    Berlin – Le président ukrainien a dit vendredi viser une fin de la guerre en 2025, en terminant sa tournée européenne à Berlin, où il a obtenu la promesse que l’aide allemande ne faiblirait pas au moment où Kiev peine sur le front est face aux troupes russes
     
    Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le chancelier allemand Olaf Scholz

    Cette tournée européenne avait pour objectif de présenter son « plan de victoire » pour contraindre la Russie à mettre fin à la guerre lancée en février 2022 par le Kremlin, et réclamer davantage d’armes pour repousser les troupes russes du territoire ukrainien. « L’Ukraine veut une fin rapide de la guerre (...) je voudrais voir cela pas plus tard que l’année prochaine, 2025 », a-t-il dit au côté d’Olaf Scholz devant la presse. « Il est très important pour nous que l’assistance ne baisse pas l’année prochaine », a-t-il insisté.

     

    Le chancelier, dont le gouvernement a prévu, au grand dam de Kiev, de réduire de moitié en 2025, à 4 milliards d’euros, la somme allouée aux aides militaires bilatérales destinées à l’Ukraine, s’est voulu rassurant. « Notre soutien pour l’Ukraine ne faiblira pas », a-t-il dit. L’engagement allemand et européen en faveur de l’Ukraine est aussi un message « clair à Poutine : jouer la montre ne fonctionnera pas ».

    « Ligne directrice ». La recherche « d’une paix juste et durable pour l’Ukraine reste la ligne directrice de notre action commune », a encore souligné le chancelier, prévenant toutefois que les alliés n’accepteraient « pas une paix dictée par la Russie ». M. Zelensky a bouclé sa tournée par une dernière rencontre officielle avec le président allemand Frank-Walter Steinmeier.

    Lors de son tête-à-tête avec Olaf Scholz, le dirigeant ukrainien devait renouveler son appel à l’Allemagne pour qu’elle lui livre davantage d’armes, notamment des missiles à longue portée pouvant toucher le territoire russe en profondeur. Malgré les pressions, y compris au sein de sa coalition avec les Verts et les Libéraux, le social-démocrate Olaf Scholz a jusqu’ici catégoriquement refusé de fournir des Taurus, missiles sophistiqués d’une portée d’environ 500 km, par crainte d’une escalade entre l’Otan et le Kremlin, qui brandit régulièrement la menace nucléaire.

    Frappes russes. La tournée de M. Zelensky est intervenue alors que les forces russes continuent à progresser dans l’est de l’Ukraine et que les bombardements contre les infrastructures critiques se multiplient avant l’hiver. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des frappes nocturnes russes ont tué quatre personnes, dont une adolescente, et en ont blessé dix autres dans la région côtière d’Odessa (sud). M. Scholz a annoncé une aide à court terme de 170 millions d’euros pour aider à réparer les infrastructures endommagées.

    Après de premières étapes à Londres et Paris, où il a démenti toute discussion en cours sur un quelconque cessez-le-feu, Volodymyr Zelensky s’est entretenu jeudi avec la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni. Mme Meloni a annoncé dans la foulée que l’Italie accueillerait les 10 et 11 juillet 2025 la prochaine conférence sur la reconstruction de l’Ukraine.

    Mirage 2000-5. Auparavant, Volodymyr Zelensky avait été reçu à Paris par son homologue français Emmanuel Macron, qui l’avait assuré que l’aide de la France – qui a confirmé cette semaine la livraison d’avions de chasse Mirage 2000-5 au premier semestre 2025 – se poursuivait « conformément à ses engagements ». Vendredi, M. Zelensky a aussi rencontré le pape François au Vatican, à qui il a demandé l’appui diplomatique du Saint-Siège pour aider à rapatrier les Ukrainiens détenus par Moscou.

    Le président ukrainien Volodymyr Zelensky reçu par le pape François au Vatican, le 11 octobre 2024Le président ukrainien Volodymyr Zelensky reçu par le pape François au Vatican, le 11 octobre 2024  -  Handout - Cité du Vatican (AFP)

    Cette tournée a été organisée aussi à moins d’un mois de l’élection présidentielle américaine, dont l’issue incertaine fait craindre à Kiev pour la pérennité du soutien américain. Les conséquences d’une éventuelle victoire de Donald Trump ont toutefois été minimisées par le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte, jeudi à Londres. « Je suis absolument convaincu que les Etats-Unis seront partie prenante, parce qu’ils comprennent que ce n’est pas seulement de l’Ukraine qu’il s’agit, mais aussi d’eux-mêmes », a-t-il déclaré.

    « Plan de victoire ». Le « plan de victoire » de Kiev « vise à créer les conditions propices pour une fin juste de la guerre », a affirmé M. Zelensky, ajoutant : « L’Ukraine ne peut négocier qu’en ayant une position forte. » Ce plan doit être dévoilé lors d’un deuxième sommet pour la paix, attendu en novembre, mais dont la date n’a pas été confirmée par Kiev.

    M. Zelensky a de nouveau insisté jeudi sur « la nécessité d’obtenir l’autorisation de frapper profondément sur le territoire russe » avec les armes à longue portée fournies notamment par le Royaume-Uni, l’un des plus importants soutiens de son pays. Le dirigeant réclame depuis des mois aux alliés l’autorisation d’utiliser les missiles à longue portée pour frapper les cibles militaires en Russie.

    Isabelle LE PAGE avec Ania TSOUKANOVA à Varsovie

    © Agence France-Presse

     

  • La bataille des mémoires fait rage entre l’Espagne et le Mexique

    Mexico - L’Espagne a boycotté le 1er octobre l’investiture de Mme Sheinbaum, parce qu’elle n’a pas invité le roi. Le pouvoir de gauche au Mexique lui demande toujours des excuses pour la Conquista et les « dommages » subis par les peuples indigènes
     
    AFP - Sheinbaum Felipe VI.jpg
     
    Cette combinaison de photos créée le 25 septembre 2024 montre la président du Mexique (à gauche) pendant une conférence de presse le 11 juin 2024 et le roi d'Espagne Felipe VI (à droite) à son arrivée au San Salvador le 31 mai 2024.  -  Marvin RECINOS, Yuri CORTEZ - Mexico (AFP)

    A Mexico cette semaine, une centaine de personnes se sont pressées à la présentation du documentaire « Hispano-américa, chant de vie et d’espérance » à la gloire de l'œuvre civilisatrice des « Conquistadores » dans le Nouveau Monde. La thèse du film, tourné au Mexique, au Pérou, en Equateur et en Bolivie, est simple : l’Espagne a civilisé une région barbare par la religion et la musique, avec pour héritage la grandeur de l’architecture baroque.

     

    Le réalisateur espagnol José Luis Lopez-Linares « offre une vision renouvelée » de la « Conquista », souligne le dossier de ce documentaire qui doit sortir jeudi dans 80 salles au Mexique. « C’est un pamphlet ordurier, manipulateur et raciste qui cherche à falsifier l’histoire », s’est emporté le journaliste culturel José Juan de Avila joint par l’AFP, après avoir été réduit au silence par les cris du public acquis aux thèses du film pendant la présentation.

    « Bases idéologiques ». Le documentaire ne mentionne aucun aspect négatif de la colonisation : indiens massacrés, morts de la variole, convertis de force au christianisme ou réduits au travail forcé. Ce travail « s’appuie sur des bases idéologiques créées en son temps par le Franquisme, c’est-à-dire l’apologie débridée de l'œuvre de l’Espagne en Amérique’ », avait fulminé l’historien espagnol Carlos Martinez Shaw lors de sa sortie en Espagne en avril dans 59 salles. Le roi Felipe VI avait assisté à la première à Madrid.

    Ce documentaire est présenté au Mexique en pleines commémorations du 12 octobre, fête nationale en Espagne, mais jour de la « diversité culturelle » dans des pays d’Amérique latine comme le Mexique et la Colombie, voire jour de la « résistance indigène ». Surtout, le film est lancé en pleine crise ouverte entre le roi Felipe VI et la nouvelle présidente mexicaine de gauche Claudia Sheinbaum.

    L’Espagne a boycotté le 1er octobre l’investiture de Mme Sheinbaum, parce qu’elle n’a pas invité le roi. Le pouvoir de gauche au Mexique lui demande toujours des excuses pour la Conquista et les « dommages » subis par les peuples indigènes. Mme Sheinbaum a mis vendredi le roi d’Espagne au défi de profiter du 12 octobre pour « commencer les procédures d’excuses publiques aux peuples originaires du Mexique ». Maire de Mexico (2018-2023), l’actuelle présidente avait fait enlever la statue de Christophe Colomb dans le centre de la capitale pour la remplacer par la figure d’une femme indigène.

    « Légende noire » ? Le débat « reste très fort », explique à l’AFP l’historien mexicain Federico Navarrete de l’Université Nationale Autonome du Mexique (UNAM). La querelle renvoie au « privilège des personnes blanches et d’origine européenne dans notre pays » et aux « inégalités qui existent toujours au Mexique » en fonction de la couleur de la peau, ajoute-t-il.

    Le débat existe aussi en Espagne. A l’occasion du 12 octobre, quelque 200 affiches ont été placardées dans des lieux publics à Madrid et d’autres villes avec un slogan à la gloire des « Conquistadores » : « Ni génocidaires, ni esclavagistes, ils furent des héros et des saints. Joyeuse journée de l’Hispanité ! ».

    La campagne a été lancée par l’Association catholique propagandiste (ACP) qui explique vouloir « démonter les clichés de la légende noire » des crimes de la colonisation espagnole. « Aussi bien en Espagne qu’au Mexique, ce sont des questions de politiques intérieures », ajoute l’historien mexicain Alfredo Avila. « Il y a dans les deux cas des intérêts nationalistes », ajoute-t-il.

    « Base électorale ». « Au Mexique, il y a la volonté de souder la base électorale » de la gauche au pouvoir en demandant des excuses à l’Espagne, décrypte aussi David Marcilhacy, professeur d’histoire hispanique à Sorbonne-Universités. Jeudi, résidence de l’ambassadeur d’Espagne à Mexico. Des centaines de personnes se pressent à la réception donnée par l’ambassadeur espagnol Juan Duarte Cuadrado à l’occasion de la Fête du 12 octobre.

    Sous les applaudissements, l’ambassadeur insiste sur les liens profonds entre l’Espagne et le Mexique, prenant l’exemple des plus de 50 vols hebdomadaires entre les deux pays : « Ces vols nous unissent sur le plan politique, économique et permettez-moi de vous le dire, sur le plan émotionnel ». L’Espagne est le premier investisseur européen au Mexique, avec des entreprises leaders dans leur secteur, comme la banque BBVA.

    Le débat n’est pas spécifique à l’Espagne et ses anciennes colonies. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune vient de qualifier la colonisation française de « génocide », écartant l’idée d’une visite à Paris. En août 2022, le président Macron en visite en Algérie avait convenu avec son homologue algérien de créer une commission d’historiens binationale sur la colonisation et la guerre d’indépendance (1830-1962).

    Samir TOUNSI

    © Agence France-Presse

     

  • Rachida Dati veut une réforme profonde du Pass Culture, totem d’Emmanuel Macron

    Paris – Dans une tribune au Monde publiée vendredi, la ministre de la Culture dit souhaiter réformer en profondeur le Pass Culture, totem de la politique culturelle du chef de l’Etat, dont le coût élevé et les effets sont très contestés par les acteurs du secteur
    jerc-caricature-Rachida-Dati-racist-instinct-st-20 by jerc-tbm on ...
     

    Cinq ans après son introduction, la ministre issue de LR, ralliée à Emmanuel Macron et qui a survécu à la dissolution, propose d’en finir avec ce qui faisait l’originalité du dispositif : une subvention universelle de 300 euros pour tous les jeunes de 18 ans, à dépenser comme bon leur semble pour de la culture. Vendredi, au lendemain de la présentation du premier budget du gouvernement Barnier, Rachida Dati profite d’une tribune au Monde pour suggérer des aménagements, après des rapports ayant pointé les limites du dispositif.

     

    Moduler. La ministre souhaite tout d’abord moduler la somme offerte aux jeunes. « Sans renoncer à l’universalité du dispositif, nous devons davantage assumer que le Pass Culture a vocation à corriger des inégalités de destin », souligne-t-elle, en donnant « davantage aux jeunes de condition modeste, sans négliger les classes moyennes ». Elle souhaite également en finir avec le libre-service, qui permet aux jeunes de dépenser comme bon leur semble leur subvention. Une partie devra être consacrée aux réservations de spectacles vivants, largement boudés par les bénéficiaires, qui n’y consacrent qu’un pour cent de leurs dépenses. Jusqu’ici, les jeunes privilégient les achats de livres, dont une grosse part de mangas, et de cinéma, pour les trois quarts des dépenses.

    Cette réforme du Pass Culture, qu’une partie du secteur attendait avec impatience, doit permettre de « faire mieux avec moins », avance-t-on rue de Valois. Avec 4,45 milliards d’euros alloués (stricte reconduction du montant attribué par la loi de finances initiale l’an dernier), le ministère de la Culture s’estime relativement épargné par l’effort budgétaire demandé en 2025 mais voit dans le Pass Culture une importante source d’économies. Étrenné en 2019-2020, le dispositif a bénéficié à plus de 3,4 millions de personnes depuis sa généralisation en 2021, touchant une grande majorité de chaque classe d’âge. Succès aidant, les chèques faits aux jeunes coûtent quelque 210 millions d’euros par an.

    Reproches. Or, de nombreux acteurs culturels reprochent au Pass, très gourmand en argent public, de rater sa cible en arrosant tout le monde, même ceux qui ont déjà les moyens ou l’habitude de consommer de la culture. Et de ne pas inciter les jeunes à aller vers des spectacles ou des œuvres vers lesquelles ils ne se seraient pas tournés sinon, gonflant les ventes des grandes industries culturelles, comme les éditeurs d’ouvrages de New Romance (fictions amoureuses agrémentées de suspense et d’érotisme) dont les ventes explosent, plutôt que les structures fragiles.

    Pour y remédier, de premières réformes ont déjà été menées, l’Etat créant une « part collective » dépensée via les enseignants. Mais « la part individuelle reste encore, trop souvent, un instrument de consommation culturelle et de reproduction sociale », constate la ministre dans sa tribune, s’appuyant sur deux rapports gouvernementaux. Elle souhaite donc réduire la part directement versée aux jeunes au profit des sommes qui permettent d’améliorer « la diversification des publics et des pratiques ».

    « Désaveu ». « La messe est dite pour le Pass Culture », juge pour l’AFP l’universitaire et économiste de la culture Jean-Michel Tobelem, qui y voit « un désaveu » du Président Macron. « Beaucoup de gens n’ont pas voulu accepter l’idée que le Pass Culture n’atteignait pas ses objectifs, jusqu’à ce que la situation devienne intenable » budgétairement, regrette-t-il. Il appelle à accompagner cette réforme d’un soutien aux acteurs comme les petites librairies, les MJC et l’éducation populaire.

    Sociologue au Cerlis, spécialiste des pratiques culturelles des adolescents, Tomas Legon y voit lui aussi la fin de l’esprit original du Pass Culture. « Le pass représentait une forme modeste d’innovation dans la politique culturelle » en laissant aux ados le choix de leurs pratiques. « Là, on revient à l’objectif classique depuis les années 1950 de la “démocratisation culturelle”, distinguant les “bonnes” pratiques des “mauvaises” et considérant qu’il y a des choses moins culturelles que d’autres », analyse-t-il.

    Francois BECKER

    © Agence France-Presse