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L’immigration n’est pas forcément «mauvaise», affirme Macron
Paris – Les propos du chef de l’État viennent en écho à ceux du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui se montre ferme sur la question migratoire« Est-ce que l’immigration c’est mauvais ? La réponse est non. Ça dépend », a lancé le chef de l'État lors d’une émission spéciale sur la Francophonie diffusée samedi sur la radio France Inter. « Est-ce que l’immigration du continent africain, elle est mauvaise en général ? En vrai, pas totalement », a poursuivi Emmanuel Macron dans des propos enregistrés le 1er octobre.
Mesures restrictives. « Le continent africain, honte à nous, touche aujourd’hui plus par les retours privés des immigrés en Europe que par l’aide publique au développement des Européens », a-t-il pointé. « Tout cela est beaucoup plus complexe qu’on ne veut le dire », a-t-il encore fait observer en notant la « tension éthique et politique » permanente sur le sujet.
Bruno Retailleau a annoncé son intention de rétablir un délit de séjour irrégulier, d'étendre le délai en centre de rétention des étrangers en situation irrégulière jusqu'à sept mois, ou encore de renforcer les contrôles aux frontières, « notamment sur des points névralgiques ».
Des mesures qui semblent répondre à la volonté de Michel Barnier de « maîtriser » l’immigration, même si le Premier ministre est resté plus vague lors de son discours de politique générale mardi.
« Notre richesse ». Le nouveau locataire de la place Beauvau a aussi annoncé vouloir diminuer les droits sociaux des migrants afin « d'être moins attractif ». Un raisonnement contesté par de nombreuses associations de terrain.
Pour le chef de l'État, qui faisait notamment référence au droit d’asile, il faut que « le pays qui accueille garde son hospitalité et que ceux qui sont accueillis (soient) bien accueillis, c’est-à-dire qu’ils (puissent) avoir des conditions matérielles, éducatives qui font qu’ils peuvent bâtir leur vie ».
« Les binationaux sont des millions dans notre pays. Les Français issus de l’immigration au moins autant (..) Et c’est notre richesse. Et c’est une force », a-t-il ajouté. « La difficulté du moment, c’est comment on arrive à lutter contre les trafiquants d'êtres humains, ces filières d’immigration clandestine », a-t-il relevé.
© Agence France-Presse
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Les vignes du futur se préparent dans une serre expérimentale près de Bordeaux
Blanquefort - La culture sous serre en hors-sol vise à diviser par deux le temps de production d’un plant de vigne par rapport au processus actuel, gagnant ainsi en réactivité pour satisfaire les besoins d’une filière viticole bousculée par les effets du changement climatiqueCette structure de verre de 800 mètres carrés implantée sur une parcelle du lycée viticole de Blanquefort, dans l’agglomération bordelaise, fait office de démonstrateur pour accélérer la production de plants de vigne tout en la sécurisant sur un plan sanitaire.
Contrôles permanents. « On n’a jamais produit dans ces conditions », affirme David Amblevert, président de la Fédération française de la pépinière viticole et secrétaire de la Chambre d’agriculture de Gironde, qui porte le projet dans le cadre du Vinopôle Bordeaux-Aquitaine, avec l’aide financière de la Région notamment.
Ici, tout est contrôlé : température, hygrométrie, ensoleillement, ventilation... La serriste Agnès Lainé veille au quotidien sur quelque 2.200 plants arrivés fin juin de l’Institut français de la vigne et du vin au Grau-du-Roi (Gard), qui fournit le « matériel initial » dans une chaîne de production très encadrée.
« Pré-multiplication ». Les pots de merlot ou de colombard, qui côtoient des créations variétales comme le voltis ou le floreal, ont bien grandi depuis - jusqu'à plusieurs mètres - grâce à la fertirrigation qui leur apporte eau et nutriments, en savantes doses administrées par un réseau de vannes, pompes et tuyaux.
« Il y a des sondes de partout, mais rien ne remplace les yeux et les doigts. Tous les jours, il faut être là », souligne la technicienne en déclenchant sur la partie supérieure de la serre, pour l’aérer, l’ouverture d’un ventail équipé d’un filet, car rien ne doit entrer.
À l’heure de la réduction des produits phytosanitaires, cette installation confinée permet de protéger porte-greffes et greffons (ici en phase de « pré-multiplication », à destination des pépiniéristes) des maladies que transmettent des insectes, telles que la flavescence dorée, due à la cicadelle, ou celle causée par une bactérie, xylella fastidiosa, dont une souche s’attaque à la vigne.
Le système permettant d’apporter hydratation et nourriture aux plants de vigne dans la serre anti-insectes, à Blanquefort, le 4 octobre 2024. - ROMAIN PERROCHEAU - Blanquefort (AFP)Deux millions d’euros. La culture sous serre en hors-sol vise à diviser par deux le temps de production d’un plant de vigne par rapport au processus actuel et à gagner ainsi en réactivité pour satisfaire les besoins d’une filière viticole bousculée par les effets du changement climatique, auxquels elle tente de répondre en développant des cépages plus adaptés et résistants. L’objectif est de produire, dans ces conditions optimales, jusqu'à 100 000 greffons et 100 000 porte-greffes par an.
« Nous avons encore beaucoup de choses à apprendre », relève Laurent Bernos, directeur du Pôle viticulture-œnologie à la Chambre d’agriculture de la Gironde, qui constate des « comportements très différents » entre les plants sous la serre. « Mais en trois mois, aucun n’a crevé, le premier objectif est rempli », sourit-il.
D’un coût de deux millions d’euros, l’installation girondine, dont une petite partie est dévolue au vignoble de cognac, en Charente, et le reste au Bordelais et à d’autres vignobles aquitains, est vouée à être agrandie ou déplacée à l’horizon 2026.
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Le gouvernement Barnier fait ses premières annonces agricoles pour soutenir les éleveurs
Cournon-d’Auvergne - Le Premier ministre a annoncé « des prêts garantis », et « 75 millions d’euros » contre la fièvre ovine. Le chef du gouvernement a réaffirmé que la loi d’orientation agricole, votée en mai à l’Assemblée nationale, poursuivrait son chemin au Sénat, où elle sera « inscrite à l’ordre du jour du mois de janvier, le plus tôt possible après le budget »Le Premier ministre a annoncé « une enveloppe de 75 millions d’euros » pour « faire face à la FCO (fièvre catarrhale ovine) de sérotype 3 », considérée comme une nouvelle épizootie alors que des FCO de sérotype 4 et 8 sont présentes en France depuis plusieurs années.
Michel Barnier, ancien ministre de l’Agriculture, a expliqué vouloir cibler cette maladie émergente « pas prise en compte » dans les systèmes d’indemnisation existants.
« FCO 8 ». Apparue dans le nord de la France début août, cette épizootie, qui n’est pas transmissible à l’homme, fait rage en Europe et progresse rapidement sur le territoire avec 4 644 foyers recensés au 3 octobre, selon le dernier bilan officiel.
Face à cette flambée, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a annoncé jeudi l’extension de la vaccination contre la FCO 3 - qui a débuté le 12 août dans le nord du pays - « à toute la France pour la filière ovine », la plus touchée par cette maladie qui affecte également les bovins.
Dans les allées du salon, à Cournon-d’Auvergne, les éleveurs ont salué ces mesures concernant la FCO 3, mais nombre d’entre-eux attendaient un geste plus large dans une région frappée par la FCO 8.
« Ici c’est la FCO 8 monsieur le Premier ministre. On a 20 à 60% de mortalité dans certaines fermes. Moi j’ai perdu 75 brebis sur 500 », lui a rappelé Michèle Baudoin, présidente de la Fédération nationale ovine (FNO), section spécialisée du syndicat majoritaire FNSEA.
« Premières réponses ». La Confédération paysanne, 3e syndicat agricole, a dénoncé un « tri inadmissible », fustigeant « l’abandon » des éleveurs « de la moitié de la France » victimes de la FCO 8.
Les syndicats plaident pour une prise en charge de la vaccination de toutes les fièvres animales. Selon la FNSEA, l’indemnisation de l’ensemble des éleveurs de brebis victimes de FCO nécessiterait entre « 100 et 150 millions d’euros ».
Tout en saluant « les premières réponses apportées », Arnaud Rousseau, le président du syndicat agricole majoritaire FNSEA a jugé l’aide insuffisante et mis en garde contre « le risque d’une politique des petits pas ».
Prêts à taux garantis. Prudent, le Premier ministre a dit qu’il n’oublierait pas les agriculteurs mais qu’il ne voulait « pas raconter d’histoires », au vu des contraintes budgétaires.
Alors que d’autres secteurs ont vécu une année difficile, dans la vigne ou les plaines céréalières où la moisson 2024 est la pire en 40 ans, il a annoncé un soutien aux exploitations « touchées par des difficultés graves actuellement et qui ont besoin d’oxygène ».
« Avec les banques disponibles (...) nous allons organiser ce dispositif de prêts à taux garantis par l’Etat pour les exploitations qui en ont besoin », a-t-il affirmé, répondant à une demande répétée de la FNSEA.
Attentes. Toujours sur les questions d’urgence, il a voulu apporter une première réponse à des « réglementations qui tombent d’en haut, parfois de Bruxelles, parfois de Paris, et qui ne sont pas adaptées au terrain ».
Ainsi, après avoir promis jeudi « une pause sur les normes », il a annoncé le report du 1er octobre au 15 novembre du délai fixé « pour l’ensemble des travaux d'épandage dans les exploitations agricoles » : une mesure présentée comme de bon sens alors que les champs sont actuellement « gorgés d’eau », empêchant les travaux dans de nombreux départements.
Conscient des attentes du secteur, le chef du gouvernement a réaffirmé que la loi d’orientation agricole, votée en mai à l’Assemblée nationale, poursuivrait son chemin au Sénat, où elle sera « inscrite à l’ordre du jour du mois de janvier, le plus tôt possible après le budget ».
Revendications. Cette loi d’orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture (LOA) doit mettre en œuvre de nombreuses revendications exprimées en janvier et février dernier.
Le texte notamment place l’agriculture au rang d’intérêt général majeur, met en place un guichet unique pour l’installation de nouveaux agriculteurs, facilite la construction de bâtiments d'élevage ou de réserves d’eau.
Plusieurs fois interpellé sur la menace du loup sur les troupeaux, le Premier ministre a estimé qu’une nouvelle évaluation officielle du nombre de loups en France mi-décembre représenterait un possible « moment clé » pour augmenter les abattages.
Céline CASTELLA avec Sofia BOUDERBALA à Paris
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La vallée de la Roya rend leur place aux rivières
Suite à la tempête Alex, qui a violemment touché la vallée de la Roya en 2020, des travaux permettant d’élargir les rivières et les fleuves, de renforcer l’ancrage des ponts et le soutènement des routes ont été engagés pour prévenir le risque inondationQuatre ans après le passage de la tempête Alex, qui avait entraîné des crues torrentielles, la vallée de la Roya, située à l’est du département des Alpes-Maritimes, se reconstruit doucement et différemment. Il y a surtout dans cette région nichée au cœur du Parc national du Mercantour un parti pris de mieux faire.
« La topographie encaissée de ces vallées étroites et le régime torrentiel de ces rivières, couplés à des précipitations record ont entraîné des dégâts humains et matériels d’une ampleur phénoménale. Pour adapter notre territoire, nous avons tâché de reconstruire de façon résiliente », rapporte Sébastien Olharan, maire de Breil-sur-Roya, l’une des communes les plus touchées. Des travaux ont ainsi été engagés dès 2021 pour renforcer et redessiner les berges. Et pour permettre à la rivière de la place de s’épandre. « Nous avons laissé par endroits 100 mètres de largeur. L’idée est d’avoir un profil du cours d’eau, un tracé cohérent, linéaire avec des lits qui ne resserrent pas et ne s’élargissent pas, afin de ne pas provoquer de désordre », ajoute Sébastien Olharan.
Des ponts plus longs et plus hauts
Les infrastructures routières ont aussi été renforcées avec des soutènements, les plus verticaux possible. Pour trouver une solution pérenne permettant de traiter à la fois le franchissement du cours d’eau et de se protéger des chutes de blocs, un groupement d’entreprises conduit par NGE a mis en place un système de confortement, digne d’un ouvrage d’art. Des écailles préfabriquées en béton ont ainsi été fixées une par une à la paroi rocheuse à l’aide de tirants (des sortes de tiges métalliques) prenant appui dans la falaise. Pour que l’eau puisse s’écouler librement, le département a aussi pris le parti de reconstruire des ponts plus longs (dont un de 60 mètres), plus hauts et d’une capacité hydraulique quatre fois supérieure à celle des anciens ouvrages.
Un pont endommagé a été reconstruit en béton armé d’une seule volée (sans pilier central dans la rivière) pour ne pas limiter le débit de la rivière en période de crue et éviter que les matériaux se bloquent contre ce pilier en cas de rupture de la digue. « Nous faisons en sorte d’avoir un territoire moins vulnérable et des populations moins exposées. Le bâtiment service technique de la mairie, tout comme le camping municipal, situés au bord de la rivière, ont été démolis et reconstruits plus loin dans une zone préservée », explique Sébastien Olharan.
Les bâtiments publics, les salles communales, et les églises ont été équipés de flow stop, un système de matelas sur-mesure qui permet, en cas d’alerte, de calfeutrer et d’étanchéifier l’ensemble des portes et des fenêtres. Les avantages de ces nouvelles barrières anti-inondations (batardeaux) résident dans leur facilité d’utilisation, leur légèreté, leur praticité par rapport aux modèles traditionnels, en métal.
Pour aller plus loin, inscrivez-vous au colloque sur l’adaptation des infrastructures : « Décider Maintenant », organisé le 8 octobre 2024 par la Fabrique de la Cité, et dont L’Opinion est partenaire.
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Mais comment peut-on encore augmenter les impôts ? – par Erwan Le Noan
« L’augmentation de la fiscalité sur les “riches” est la marque d’un échec intellectuel des défenseurs de la liberté et de l’entreprise »Dans Le nœud gordien, Pompidou résume d’une formule lapidaire l’action publique : « gouverner, c’est contraindre ». Le premier exemple qu’il donne est fiscal : « contraindre à payer des impôts ». Il en parvient à l’implacable conclusion que « le gouvernement, c’est donc bien la “répression”».
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Le président d’Aix-Marseille Université fustige les «propos dangereux» de Mélenchon sur les drapeaux palestiniens
Marseille - « Ce sont des propos dangereux, qui risquent d’importer ce conflit au sein de nos campus », a insisté Eric Berton, président d’Aix-Marseille Université, regrettant que « certains veuillent instaurer le chaos pour des intérêts politiques personnels »« Ce sont des propos dangereux, qui risquent d’importer ce conflit au sein de nos campus », a insisté Eric Berton, président de la plus grande université francophone, avec ses 80 000 étudiants, regrettant que « certains veuillent instaurer le chaos pour des intérêts politiques personnels ».
« Maintien de l’ordre ». « Bien sûr qu’on regrette ce qui se passe à Gaza et au Liban, mais les étudiants juifs sur nos campus n’ont rien à voir avec ce qui s’y passe et l’université doit rester un refuge dans cette tempête », a ajouté l’universitaire. Pour lui, « il faut préserver la sérénité sur nos campus, l’urgence n’est pas de diviser les étudiants ».
« Notre jeunesse est déjà très fracturée, entre une jeunesse aisée et une jeunesse en proie à une vraie pauvreté, et c’est ça le vrai combat à mener », a développé M. Berton, selon qui « le mieux serait de mettre plus d’argent pour la jeunesse, qui a besoin qu’on lui donne le temps de la réflexion, qu’on lui donne les clefs de la connaissance, les clefs d’une démarche intellectuelle rigoureuse, qu’on la protège de la surinformation et des idées toutes faites ».
Vendredi, le leader de La France insoumise a appelé à « mettre des drapeaux palestiniens partout où c’est possible », en réaction à une circulaire du ministre Patrick Hetzel sur le « maintien de l’ordre » dans les universités à la veille du 7 octobre, date anniversaire de l’attaque du Hamas en Israël.
Insécurité. Le ministre « dit que comme l’université est laïque, il ne faut pas parler de Gaza », mais « parler de géopolitique n’est pas attentatoire à la laïcité », a plaidé M. Mélenchon, demandant à « la jeunesse étudiante de s’insoumettre (et) de ne pas accepter cet interdit ».
Refusant de « rentrer dans le débat autour de la notion de laïcité, un débat politique », M. Berton a estimé que déjà « les étudiants juifs ne se sentent plus en sécurité sur les campus ».
Le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, Patrick Hetzel, a mis en garde vendredi les présidents d’université sur leur responsabilité dans le « maintien de l’ordre » avant l’anniversaire de l’attaque du Hamas en Israël, condamnant « fermement » des manifestations pro-palestiniennes ces derniers jours, notamment à Sciences Po Paris.
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