Bordeaux : le centre-ville va vivre pendant trois semaines au rythme du tournage d’un film d’époque
Du lundi 7 octobre au samedi 26 octobre, les quartiers Saint-Pierre, Saint-Michel et le secteur du Grand-Théâtre sont mobilisés par le tournage de « Chopin Chopin », un film polonais sur le compositeur romantique dans lequel le Paris de 1830 est reconstitué à Bordeaux. Détails
« Bordeaux s’est vite imposée pour tourner un film dans lequel on recrée le Paris des années 1830 », explique Yulia Korab-Kowalska, chargée du repérage pour « Chopin Chopin ». « À Paris même, il n’y a pas assez de quartiers qui datent d’avant les travaux du baron Haussmann. En Dordogne, on a des endroits qui peuvent rappeler le Paris populaire à Bergerac et d’autres qui peuvent rappeler le Paris bourgeois à Périgueux, mais à Bordeaux on a les deux dans la même ville. Il y a bien Rennes qui permet de tricher, mais je vis dans le Sud-Ouest, j’y connais des techniciens en qui j’ai confiance et c’est eux que j’ai envie de recommander à Michal Kwiecinski, le réalisateur. »
C’est donc à Bordeaux, entre les quartiers Saint-Pierre, Saint-Michel et le secteur du Grand-Théâtre, qu’a lieu le tournage d’une partie de ce film d’époque, du lundi 7 octobre au samedi 26 octobre. Doté d’un budget de 5 millions d’euros – le deuxième plus gros dans l’histoire du cinéma polonais –, mobilisant près de 200 techniciens (dont plus de la moitié sont Girondins), 600 figurants et une vingtaine d’acteurs, c’est l’un des plus gros tournages accueillis depuis « Vidocq » ou « La Reine Margot » (lire ci-dessous).
« On a mis en place toute une équipe de bloqueurs et de régisseurs pour fluidifier les déplacements »
« Tricher » Paris
Et si, côté acteurs, Lambert Wilson ne sera pas à Bordeaux, on y verra en revanche Eryk Kulm dans le rôle-titre, « une vraie star en Pologne », assure Charles Audinet, producteur exécutif pour la partie locale de ce tournage avec sa société, Les Valseurs. On y verra aussi Victor Meutelet, vu dans la série « Clem », ou Joséphine de la Baume (« Madame Claude », « Rush », « La Princesse de Montpensier »…).
Le devant de la cour Mably a été aménagé pour reproduire un marché dans un quartier bourgeois de l’ancien Paris.
Claude Petit / SO
L’idée est donc de « tricher » Paris. Une séquence dans laquelle Chopin sort de chez lui pour se rendre à un concert salle Pleyel sera d’abord filmée rue de la Rousselle, puis à l’hôtel de ville et enfin au Grand-Théâtre. « On y sera lundi 14 et mardi 15 », explique Charles Audinet. Dans le Triangle d’or, la place du Chapelet (devant la cour Mably) et la rue Jean-Jacques-Bel ont déjà été aménagées de façon à restituer un marché dans un quartier bourgeois. Éventuellement en ajoutant des vues de Notre-Dame de Paris en postproduction. Le Paris populaire du début du XIXe siècle sera, lui, recréé à Saint-Michel et à Saint-Pierre, place Camille Pelletan, rue de la Rousselle et rue de Mérignac. Tandis que la place Vendôme sera reconstituée place de la Bourse.
Les ecocups au nom du film circulent déjà dans les espaces investis par les techniciens. Bientôt collector ?
Ch. L.
Les aménagements destinés au tournage (démontage du mobilier urbain et de l’éclairage, remplacement par des éléments du XIXe siècle, refonte des façades, installation de décors extérieurs…) seront menés par phases. Ils ont déjà eu lieu place Camille-Pelletan. Ils sont programmés à partir du lundi 7 octobre rue de la Rousselle et les 11 et 12 octobre au Grand-Théâtre.
Des carrosses dans les rues
La circulation sera fermée pendant les prises de vues, certaines commençant dès 5 heures du matin pour durer jusqu’à midi. Mais il n’y en aura pas pendant les week-ends. « On a mis en place toute une équipe de bloqueurs et de régisseurs pour fluidifier les déplacements et sensibiliser les riverains et les commerçants. » Les Bordelais vont aussi voir circuler une dizaine de carrosses, « fournis par la Ferme exotique de Cadaujac », pendant ces trois semaines. Le camp de base de l’équipe du film sera, lui, installé sur les allées Tourny, puis au Quai des sports.
Essayage de chapeau par un figurant français et un costumier polonais.
Ch. L.
Ce qu’on verra aussi, ce sont les costumes d’époque. Plusieurs milliers ont été livrés dans l’ancienne Caisse d’Épargne de Mériadeck, mise à disposition par Norbert Fradin. « C’est le seul endroit où on a trouvé une capacité de stockage suffisante en centre-ville. » Les essayages et les ajustements ont eu lieu début octobre. « On espère maintenant que ce tournage va créer une dynamique auprès de tous ceux qui y ont été associés, de près ou de loin. Et on aimerait proposer une avant-première à Bordeaux quand le film sera terminé. »
Les autres gros tournages à Bordeaux
« Eiffel », de Martin Bourboulon. « C’était le premier projet après le confinement de 2020, avec beaucoup de décoration mais seulement cinq jours de tournage », explique-t-on à Gironde Tournages, l’agence créée pour faciliter les tournages dans le département.« Nos frangins », de Rachid Bouchareb, tourné en 2021. « Beaucoup d’accessoires et de véhicules mais pas de construction à proprement parler. »« Crocodile and Toothpick Bird », série chinoise tournée en 2018. Soixante jours de tournage à Bordeaux.Et auparavant, on note « Vidocq », avec Gérard Depardieu, sorti en 2001, « Mauvaise Passe » (1999), de et avec Michel Blanc, « Beaumarchais l’insolent » (1996), avec Fabrice Luchini, « La Reine Margot » (1994), avec Isabelle Adjani, « Valmont » (1989), de Milos Forman, ou « Les Misérables » (1982), avec Lino Ventura. La liste n’est pas exhaustive.