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Omerta
Le Parti communiste détenait-il un dossier secret sur l’abbé Pierre ?
Des mentions d’un dossier existent depuis les années 50 et les historiens jugent la thèse plausible. Mais pour l’heure, impossible de mettre la main dessus.par Bernadette Sauvagetpublié aujourd'hui à 11h11L’affaire abbé Pierre recèle bien des secrets. Quand ils abordent la question, dans les années 50, les évêques parlent entre eux de manière sibylline, comme on le voit à la lecture des correspondances accessibles dans le dossier déclassifié de l’épiscopat. Qu’a commis l’abbé Pierre ? Les prélats emploient, au mieux, des expressions de l’Eglise catholique telles que contra sextum ou de sexto, autrement dit contraire au sixième commandement du Décalogue, qui concerne les affaires sexuelles. Pour y voir clair, faut-il aller chercher dans les archives du Parti communiste ? La question n’a rien de farfelu.
Dans les années 50, l’épiscopat français est, en effet, convaincu que son grand ennemi idéologique détient un dossier secret sur l’abbé Pierre. Et redoute par-dessus tout qu’il s’en serve. Tandis que l’abbé Pierre est interné à la clinique de Prangins, en Suisse, Mgr Jean-Marie Villot, le secrétaire de l’équivalent du «politburo» des évêques, écrit, le 10 janvier 1958, des mots sans ambiguïté au primat des Gaules, le cardinal archevêque de Lyon, Gerlier. «Il ne faut pas se dissimuler en effet que tout cela pourra un jour ou l’autre être connu, et que l’opinion serait bien surprise de voir que
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Bruno Retailleau à l'Assemblée nationale.
Isa Harsin / AFPJérôme Leroy : "Bruno Retailleau, c'est le Canada Dry à l’envers du pétainisme"
Lors du discours de politique générale de Michel Barnier, les députés insoumis ont multiplié les invectives et les perturbations. Pour notre chroniqueur, l'écrivain Jérôme Leroy, même si le comportement de ces députés est condamnable, la nomination de Bruno Retailleau à Beauvau, dans un pays qui a dit majoritairement non à l'extrême droite, incarne merveilleusement le glissement de la France dans l’illibéralisme, c’est-à-dire un pays où l’on ne tient pas compte des élections.
Je lis, ici ou là, que les députés insoumis continuent à avoir un comportement de mauvais élèves dans l’enceinte de l’Assemblée. On l’a bien vu lors du discours de politique générale de Michel Barnier. Il faut dire que Michel Barnier, si on tient à filer la métaphore scolaire, illustre parfaitement, par anticipation, les ravages de l’avancement de l’âge du départ en retraite pour les profs enseignant en zone difficile : débit monocorde, voix faiblarde, usée, indifférence réelle ou feinte au brouhaha généralisé d’une classe devenue inattentive au bout de cinq minutes.
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« Je n’arrivais plus à prendre le métro » : l’émouvant témoignage du proviseur du lycée Maurice-Ravel menacé de mort
Le ministère public a requis ce mercredi une peine d’un an de prison avec sursis à l’encontre du jeune homme de 27 ans qui, en février dernier, avait menacé le proviseur du lycée parisien.
Tout commence par une rumeur. Symptôme de notre époque, produit des réseaux sociaux, elle s'amplifie dans une spirale infernale dont les conséquences peuvent s'avérer dramatiques. Ce mercredi 2 octobre, après plusieurs renvois, le tribunal correctionnel de Paris jugeait un homme de 27 ans accusé d'avoir menacé de mort le proviseur du lycée Maurice-Ravel, dans le 20e arrondissement de Paris.
Le 28 février 2023, le chef d'établissement de la cité scolaire aperçoit trois élèves voilées en train de discuter dans la cour. Il se rend alors auprès d'elles pour leur demander de retirer leur voile. L'une des trois jeunes filles refuse. Le proviseur l'interpelle et la touche au niveau de l'épaule pour qu'elle se retourne. L'élève se met aussitôt à crier, assurant qu'elle a été frappée.
Le lendemain, elle dépose une plainte contre le proviseur, l'accusant de l'avoir poussée et tapée. Depuis, la plainte a été classée sans suite par le parquet de Paris, qui l'a considérée comme infondée et dépourvue de tout élément matériel. Trop tard. En l'espace d'une journée, la rumeur se répand comme une traînée de poudre, y compris auprès de ceux qui n'ont pas vu la scène, mais aussi ailleurs en France, via les réseaux sociaux. Une jeune fille de 17 ans, élève au lycée Ravel, raconte la soi-disant altercation à son grand frère, Ibni-Akram A. Ce dernier poste alors un message caché derrière un pseudonyme sur X (ex-Twitter) : « Ma sœur m'a tout raconté. C'est une dinguerie. Faut le brûler vif, ce chien », lance-t-il.
« Réfléchir aux conséquences »
C'est à l'encontre de ce jeune homme que le ministère public a requis ce mercredi une peine d'un an de prison avec sursis, ainsi qu'un stage de citoyenneté au mémorial de la Shoah. « Il ne m'apparaît pas acceptable aujourd'hui que la peur soit du côté des enseignants », a déclaré la procureure en s'adressant au prévenu, jugé pour provocation publique non suivie d'effet à commettre une atteinte volontaire à la vie.
Habillé d'un col roulé noir et d'un pantalon beige, lunettes de vue sur le nez et mains croisées derrière le dos, Ibni-Akram A. se confond en excuses à la barre. « Je regrette profondément et demande pardon. J'ai écrit sans réfléchir, sans penser aux conséquences que ça pourrait avoir, pour le proviseur, ses proches et sa famille », assure-t-il.
À LIRE AUSSI Port de l'abaya : « On prend pour argent comptant des propos mensongers et la machine s'emballe »La présidente du tribunal précise que le message posté par le prévenu répond à celui d'un autre internaute, qui n'avait pas plus que lui assisté à la scène. « Il y a un premier manque de réflexion qui consiste à commenter un événement auquel on n'a pas assisté, alors même qu'entre les déclarations et l'événement lui-même il y a une différence. S'ajoute à cela le fait de donner du crédit à quelque chose d'infondé. Comment peut-on réagir comme cela sans réfléchir aux conséquences ? » interroge la présidente. « En postant, je me parlais avant tout à moi-même », se défend Ibni-Akram A.
« L'histoire de Samuel Paty se répète »
Alors que plane la mémoire de Samuel Paty, l'ancien proviseur a évoqué pour la première fois les conséquences de ces menaces : « Assez vite, j'ai arrêté de travailler, car j'ai reçu une autorisation spéciale d'absence de l'institution, qui m'a incité à me mettre en retrait, mais j'étais dans une forme de déni », commence-t-il. « Puis je me suis rendu compte que les choses avaient changé, je n'arrivais plus à sortir dans le quartier, à prendre le métro, je passais mon temps à regarder autour de moi, comme si j'étais en danger. J'ai compris tout l'aspect traumatisant. » Proviseur pendant trente ans, il admet que ces événements ont gâché la dernière année de sa carrière. Hasard de calendrier, il devait officiellement prendre sa retraite ce 1er octobre.
À la barre, son avocat, le bâtonnier Francis Lec, a regretté que le prévenu n'ait pas fait preuve de plus de « courage » à l'audience. « À chaque fois, on se réfugie derrière l'excuse du “je ne me suis pas rendu compte, je ne sais pas ce qui m'a pris”. C'est trop facile de dire qu'on n'a pas eu conscience de ce qu'on écrivait », plaide l'avocat, qui assure que le prévenu, socialement bien inséré, titulaire d'un master 2, avait le « bagage intellectuel » pour réaliser toute la portée de ses propos.
« Vous avez devant vous quelqu'un qui se dissimule derrière un pseudonyme pour appeler à porter atteinte à l'intégrité physique d'un chef d'établissement, en toute conscience. Le tribunal doit protéger les fonctionnaires du service public qui ont pour mission de transmettre à nos enfants les valeurs de la laïcité. L'histoire de Samuel Paty se répète », a prévenu Me Lec.Plus tôt, l'ancien proviseur avait aussi expliqué avoir choisi de déposer à la barre pour signaler qu'il est parfois « bien difficile » de faire respecter la laïcité dans les établissements publics. « Il y a des moments qui font peur, des collègues qui ont abdiqué, qui acceptent que les élèves gardent le voile », a-t-il regretté. Me Thibault Kempf, l'avocat d'Ibni-Akram A., a, quant à lui, tenu à rappeler qu'il ne s'agissait pas d'un procès pour atteinte à la laïcité et a insisté sur le fait que son client avait honte et donnerait « tout » pour retirer ses propos. « Il n'a jamais été question d'autre chose que de mots dans ce dossier, aussi abjects soient-ils. Jamais il n'a souhaité qu'un quelconque acte de violence soit commis à l'encontre de monsieur le proviseur. » Jugement attendu le 18 novembre.
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Gérald Darmanin juge «inacceptable» le projet de budget esquissé par Michel Barnier
Paris - L’ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a jugé jeudi «inacceptable» le projet de budget esquissé par le nouveau Premier ministre Michel Barnier, critiquant les augmentations d’impôts qui ne sont pas accompagnées selon lui de propositions de réformes structurelles« Pour l’instant, le budget tel qu’il est annoncé me paraît inacceptable », a déclaré celui qui a également été ministre des Comptes publics entre 2017 et 2020 sur franceinfo. « Je ne voterai pas une augmentation d’impôts », a-t-il menacé, même si elles ne concernent que les très riches et les grandes entreprises. Il a critiqué « les allègements de charges » pour les entreprises qui seraient revus par le gouvernement Barnier. « C’est très important pour nous parce que ça devient contraire à ce que nous avons fait depuis très longtemps », a-t-il développé, jugeant que ça revenait à « une augmentation du coût du travail ». « Ca veut dire que le chômage va réaugmenter, moi je suis contre ça », a-t-il tranché.Réformes. L’augmentation annoncée de l’impôt sur les sociétés, qui avait été ramené de 33 % à 25 % sous Emmanuel Macron ? « On retourne dans l'ère socialiste de François Hollande » et, a-t-il ajouté, « ça ne peut pas être temporaire » dans la « trajectoire budgétaire évoquée par le Premier ministre » de ramener le déficit public à 5 % du PIB en 2027, puis 3 % en 2029. Quant à la contribution « exceptionnelle » pour les ménages les plus fortunés, Gérald Darmanin y a vu un moyen de « remettre une forme d’ISF ». « On peut toujours en discuter, mais même là je suis pas très d’accord puisque l’argent des plus riches il est dans l'économie, il ne doit pas passer dans les caisses publiques », a-t-il argumenté.« Il ne faut pas simplement des recettes et des dépenses, il faut aussi expliquer ce qu’on va faire du pays », a-t-il tancé, « ce qui a manqué dans le discours de politique générale du Premier ministre, c'était les réformes qu’il allait faire ». Il a notamment fustigé l’abandon de la réforme de l’assurance chômage votée sous le gouvernement précédent de Gabriel Attal. « Je voterai très probablement contre une hausse de l’impôt sur les sociétés », a abondé l’ancien ministre de l’Industrie Roland Lescure sur Sud Radio. « On a besoin de compétitivité, derrière c’est des millions d’emplois », a-t-il argumenté.
© Agence France-Presse
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C’est qui le patron? à la rescousse des naufragés de Lactalis
La « marque du consommateur » compte sur sa forte croissance (+14% des cvolumes en 2023) pour absorber une partie du lait que Lactalis ne collectera plusLes faits -Lactalis a annoncé couper 8% de sa collecte nationale de lait, soit 450 millions de litres. 800 fermes devront trouver d’autres débouchés d’ici à 2030... Ou elles fermeront.
« Je n’ai pas pour habitude de commenter ce que font les industriels. Je défends la démarche d’un collectif de consommateurs pour rémunérer correctement les producteurs. C’est déjà beaucoup. Mais je sors de cette réserve, parce que, justement, les sociétaires de «C’est qui le patron» me le demandent.» Après l’annonce par Lactalis d’une réduction de sa collecte de 450 millions de litres par an, Nicolas Chabanne, le fondateur de «la marque du consommateur» a reçu de nombreux messages de ses 15 000 sociétaires.
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Budget 2025: un effort colossal de 60 milliards
Michel Barnier veut ramener le déficit à 5 % en 2025 avec plus de 40 milliards d'économies sur les dépenses et moins de 20 milliards grâce à des hausses d’impôts ciblées. L’indexation des pensions sera décaléeLes faits -Le plan du gouvernement suppose d’obtenir un délai de la part des partenaires européens de la France, pour réduire le déficit sur sept ans et non quatre. Ce qui suppose de présenter des réformes structurelles crédibles.
Michel Barnier est bien décidé à redresser vigoureusement les comptes de la France. Tel est le message qu’il veut faire passer alors que la copie budgétaire 2025 a été transmise mardi soir au Haut conseil des finances publiques qui jugera de sa crédibilité. La preuve ? L’effort de redressement devrait atteindre non pas 30 ou 40 milliards en 2025, mais… 60 milliards d’euros.