Il aura attendu la dernière minute pour donner son feu vert. Deux jours avant la prochaine – et dernière – réunion de «diagnostic» entre partenaires sociaux, au cours de laquelle ces derniers doivent annoncer le sort qu’ils réservent à la négociation sur l’assurance chômage, le Medef a finalement dit «oui» à une réouverture des échanges.

Depuis plusieurs semaines, syndicats et organisations syndicales planchaient sur cet épineux dossier, sur fond de désaccord autour d’un sujet central : la question de la surtaxation des contrats courts. En juin, la mesure, mise sur la table par le gouvernement, dès avril 2016, avait déjà conduit à l’échec d’une première tentative de négociation. Sans toutefois décourager les syndicats, très attachés à sa mise en place, et qui en faisaient la condition sine qua non de l’ouverture d’un nouveau round de négociation. Et ce, malgré l’attitude du Medef – très divisé en interne sur le sujet, jusqu’alors accusé de «jouer la montre».

«Respecter le champ de responsabilité des partenaires sociaux»

Changement de registre donc, ce lundi. A deux mois d’une présidentielle plus incertaine que jamais, le conseil exécutif du Medef a finalement accepté de relancer la négociation. Le but ? «Proposer une réforme ambitieuse, pérenne et qui permette de résoudre le déficit structurel de l’assurance chômage.» Pour autant, l’avenir de la question de la taxation des CDD reste incertain. Et pour cause, si le Medef affirme dans un communiqué que ces points doivent être «abordés avec les partenaires sociaux lors de leurs prochaines discussions», il rappelle, en même temps, son attachement à l'«impérieuse nécessité de ne pas alourdir le coût du travail» et «le besoin de flexibilité de notre économie». Une manière d’ouvrir la porte et de la fermer tout aussi vite.

Sans surprise, les partenaires sociaux devraient donc se mettre d’accord, mercredi, sur un nouveau calendrier de négociation. Côté patronal, l’Union des entreprises de proximité (U2P), qui représente les petites entreprises, s’est félicitée de la décision du Medef, tout en rappelant son souhait de «poursuivre les discussions sur l’avenir de l’assurance chômage et faire des propositions en vue de reprendre le chemin d’une négociation à part entière». Quant à François Asselin de la CPME, l’organisation patronale des PME, il insiste sur la nécessité de «respecter le champ de responsabilité des partenaires sociaux», celui notamment des règles de l’assurance chômage. D’autant que, ajoute-t-il, renvoyer le sujet à un futur gouvernement, «ne serait pas une bonne solution».

Calendrier très court

Reste que les partenaires sociaux risquent de ne pas être sur la même longueur d’onde concernant les grands thèmes à aborder lors de leurs prochaines rencontres, qui devront s’inscrire dans un calendrier très court, avant les élections présidentielles. Côté patronal, on évoque notamment la question des règles de calculs des indemnités dont bénéficient les chômeurs (CPME), «la possibilité de mettre à contribution les plateformes dites collaboratives» (U2P), ou encore l’enjeu des travailleurs transfrontaliers et du «financement de Pôle emploi» (Medef).

Quant aux syndicats, s’ils sont unanimes sur l’impératif de taxer les CDD, les modalités de mise en œuvre proposées divergent. Ainsi, FO envisage un système de bonus-malus, en fonction de la part de contrats courts dans l’entreprise. La CFDT plancherait, elle, plutôt sur un mécanisme de cotisations dégressives, en fonction de la durée effective du contrat. Quant à la CGT, qui refuse de mettre en place «une usine à gaz», elle s’oriente sur une modulation définie en amont, selon le type de contrat et sa durée.

Amandine Cailhol