OXFAM s’indigne. À l’occasion du sommet de Davos, un fleuron de l’industrie de l’ONG subventionnée a publié les résultats de son étude annuelle sur la concentration de la richesse dans le monde.
OXFAM est outrée d’annoncer que les 8 personnes les plus riches du monde cumulent à elles seules une fortune de presque 500 milliards de dollars US, autant que le patrimoine des 50 % les plus pauvres de la planète déclare OXFAM. Huit personnes possèdent autant de « valeurs » que 3,5 milliards d’individus (1). Une seconde version du rapport indique que « La richesse de ces 62 individus les plus riches, dont 53 hommes, a augmenté de 44% depuis 2010, alors que celle des 3,5 milliards de personnes les plus pauvres chutait de 41%, précise Oxfam dans cette étude publiée à deux jours de l’ouverture du Forum économique mondial de Davos. Le rapport sur les inégalités d’Oxfam révèle que le patrimoine cumulé des 1% les plus riches du monde dépasse désormais celui des 99% restants » (2).
Quoi qu’il en soit, la petite bourgeoisie, crevant d’envie, pousse des cris d’orfraie, relayées par la presse « people », la presse de formatage, et par les organisations de la gauche opportuniste et réformiste. Comprenez, l’émoi est grand chez les petits bourgeois en cours de paupérisation de voir ainsi ces huit (ou 62 ?) ploutocrates parmi un clan de 1810 milliardaires (cumulant un patrimoine de 6 480 milliards de dollars US), s’en mettre plein les poches tandis que les bobos s’appauvrissentm quelle « injustice » (3). OXFAM s’émeut, et aboie, comme chaque fois, pour que « l’on » construise une « économie capitaliste plus humaine » et plus « équitable » (sic).
Ce raffut médiatique soulève plusieurs questions que voici
1) Quel fut le succès de cette complainte compassée dans les années passées ?
Il faut convenir que d’année en année la complainte d’OXFAM connait un grand succès médiatique, mais absolument aucune suite pratique, si ce n’est que l’année suivante les chiffres de la concentration de la richesse au sommet de la pyramide sociale augmentent. Ce qui nous amène à nous demander quel est le motif du pèlerinage annuel d’OXFAM à Davos ? Obtenir une augmentation de ses subventions pour service rendu ???
2) Qui est, ce « on » qui devrait construire une économie plus humaine… et que serait une économie « plus humaine » ? 3) Quel pouvoir avons-nous de transformer le mode de production capitaliste pour le rendre « plus humain » et plus "équitable" ?
Les questions deux et trois éclaircissent l’énigme que nous avons soulevé à propos des services rendus par l’ONG stipendiée. Cette ONG de gestion de la charité a pour mission de mystifier les problématiques économiques et de diriger la colère populaire jusqu’à quémander à l’État des riches, responsable de ces calamités, de daigner jeter un regard compassé sur les déshérités. Après des années de futiles sanglots éplorés, la farce n’a-t-elle pas trop duré ? Le pouvoir de l’État, le pouvoir du capital et même le pouvoir du prolétariat sont impuissants à réformer le mode de production capitaliste moribond. Il faudra bien un jour que les ouvriers en conviennent et remplissent leur mission historique qui est de créer un nouveau mode de production sans les riches (4).
4) Pourquoi ce « on » n’a-t-il rien fait contre cette « injustice » qui ne fait qu’empirer chaque année ?
Nous avons répondu à la quatrième question dans le paragraphe précédent. Le « On » dont parle le communiqué d’OXFAM, que ce soient l’État, les capitalistes transnationaux sans pays ni patrie, ou les citoyens engagés ne peuvent rien contre les lois impératives du mode de production capitaliste qui entraine l’accumulation du capital par le capital. Dans leur sagesse populaire, les anciens disaient « l’argent appelle l’argent ». Ainsi, le rapport d’OXFAM constate qu’« ensemble, les dix plus grosses corporations du monde ont des revenus plus importants que les revenus gouvernementaux de 180 pays combinés » et d'année en année ça ne fait qu'empirer. C’est ce qui caractérise le mieux la phase impérialiste du mode de production capitaliste. Ce ne sont plus les États, mais les conglomérats transnationaux qui administrent les finances de la planète mondialisée. Et l’an prochain ce sera pire, mais moins que l’année suivante. Et si ces puissants, pleins d’argents, ne parviennent pas à réguler le développement économique catastrophique, comment les ONG ou l’État des riches y parviendraient-ils ?
5) En quoi le modèle économique actuel, dont les potentats se réunissent à Davos chaque année, n’est-il pas « humain » ?
Ce mode de production capitaliste est aussi humain que les humains qui le régissent et en assurent la pérennité. Madame Bettencourt est une personne humaine tout comme monsieur Bill Gates. Les rapports de production sociaux issus de ce mode de production façonnent « l’humain » comme vous pouvez l'observer dans votre entourage et à la télé, dans les médias "people" et de "formatage" de l'opinion. Si cette humanité ne vous plait pas à vous d’en changer, en détruisant l’ancien mode de production et en construisant un nouveau qui cette fois produira un nouvel « humain », plus « humain » (5) !
6) Ces milliers de milliards de dollars de richesse comptabilisés par OXFAM sont-ils réellement « la richesse de l’humanité » ?
Il faut convenir que ces milliers de milliards de dollars de richesse comptabilisés chaque année par l’ONG ne sont pas « la richesse de l’humanité ». Selon les rapports de production issus et régissant le mode de production capitaliste, ces milliards de dollars sont la propriété privée de ceux qui en ont hérité (en 2015, 2,1 trillons de dollars ont été légués en héritage par les plus grandes fortunes) ; ou qui les ont fait « fructifier » spéculativement sur les marchés boursiers avec de la monnaie empruntée ; ou encore, ces milliards USD appartiennent à ceux qui les ont spoliés à l’ouvrier salarié, unique source de valeur sous ce mode de production moribond.
7) Cette richesse – cette monnaie – existe-t-elle vraiment ou n’est-elle qu’une illusion, un fétiche ?
La septième question est la plus intéressante puisqu’elle nous amène aux véritables enjeux des luttes de classes qui opposent le grand capital, la bourgeoisie moyenne et petite et le prolétariat, les trois acteurs sociaux qui s’affrontent au milieu de cette conjoncture économique désastreuse. Notons pour commencer qu’entre 2015 et 2016 le nombre de milliardaires a diminué de 1 826 à 1 810 et leur richesse globale a régressé de 571 milliards de dollars US. Bill Gates, le richissime entre tous, a perdu 4,2 milliards de dollars de « valeurs » en 2016. C’est peu comparé à 2008 ou l’« évaporation » des « capitaux titriser et toxiques » a été selon les estimations d’environ 1 000 à 2 000 milliards de dollars US (6). Ce qui a appelé, en 2015, sous le règne d’Obama, un don de charité de 14 mille milliards de dollars des deniers publics américains aux « pauvres » de Wall Street (7). Essentiellement de la dette souveraine – car il y a longtemps que le budget fédéral américain ne dégage plus aucun surplus pour engraisser les requins de la finance. C’est donc des milliards de monnaies-crédit que la FED a essaimé sur les parquets boursiers. Ce qui nous amène à demander, mais d’où vient cette richesse qu’accumulent ainsi ces capitalistes milliardaires et les multimillionnaires (8) ?
La vraie monnaie et la fausse « richesse ».
Qu’elle est la nature de cette richesse, de cette « valeur », qui peut surgir en quantité une journée et « s’évaporer » le lendemain sans laisser de traces autres que la pauvreté et la misère des milliers de salariées saquer ? Comment expliquer qu’en pleine période de récession économique où la production industrielle stagne ou périclite, il y ait tant d’argent à « concentrer » dans les mains des ploutocrates financiers et les banquiers ? D’où vient cette supposée « richesse » que ces multimilliardaires accumulent et qui n’est pas valorisée ?
Le cycle de rotation du capital fonctionne ainsi : A) l’argent – stocké à la banque ou en circulation sur les marchés – doit obligatoirement représenter le capital circulant et uniquement ce capital (moyens de production, d’échanges et de communication). Dans le cas contraire, l’argent en surplus provoquera l’inflation ou l’argent manquant provoquera la déflation (augmentation de la valeur de la monnaie par la baisse des prix). B) Lorsqu’il est à la banque, le capital-argent perd son temps et sa valeur ! Il doit être remis en circulation rapidement. C) En aucun temps le capital argent ne peut se reproduire par lui-même – fructifier – et se valoriser – pendant son transit à la banque ou à la bourse ou lorsqu’il est exporté (IDF) dans un pays étranger, où il devra obligatoirement se transformer en moyens de production, et plus particulièrement en force de travail (salarié ou non salarié), ou en marchandise si le capitaliste souhaite le valoriser (l’enrichir et le faire fructifier). L’argent appelle l’argent, mais l’argent ne produit pas d’argent. D) C’est la plus-value, prélevée à chaque étape de fabrication-transformation des marchandises qui augmente la valeur marchande et entraine la concentration du capital entre les mains d’un bien petit essaim de capitalistes de plus en plus riches. E) Ceci implique que l’intérêt sur le prêt constitue une création de monnaie, mais pas une création de « richesse – de valeur ». De fait, l’intérêt sur le prêt constitue une ponction sur la plus-value produite en usine *. F) D’où il faut conclure que l’augmentation de « valeur » des actions cotées en bourse provient soit : I) d’une ponction réalisée sur la plus-value produite par le capital variable - salarié ou non - engagé dans le secteur productif de l’économie, ce qui en laisse d’autant moins pour les autres acteurs capitalistes ; II) de la monnaie de prêt, un mirage comptable inflationniste qui tôt ou tard devra s’ajuster à la réalité de la productivité stagnante et de la profitabilité déclinante par un krach financier d’autant plus marqué que la bulle spéculative aura gonflé (9).
Il s’ensuit que nous avons de mauvaises nouvelles pour Bill Gates et ses acolytes, ainsi que pour les bobos envieux, les petits-bourgeois aigris, et pour l’industrie de l’ONG subventionnée. Cette soi-disant « richesse » qui s’accumulerait au sommet de la pyramide sociale est en large partie illusoire - éphémère - de la poussière qui retournera à la poussière, de la monnaie numérique (scripturale que l'on disait avant l'invention de l'informatique), non adossée à des marchandises (moyens de production, d’échanges ou de communication, immobilisation, ou biens de consommation) ayant une réelle valeur d’échange.
Ces ballons boursiers gonflés à l’hélium spéculatif éclateront à la première récession. Et comme lors du krach de 1929 les milliardaires se retrouveront le cul par terre, leur fortune envolée en fumée, « évaporée » disait un banquier en 2008. Mais ce sont les millions de prolétaires qui se retrouveront à la rue, sans travail et sans moyens de subsistance qui nous désespère. C’est le modèle économique capitaliste, responsable de ces catastrophes financières à répétition, qu’il faut, non pas réformer comme le propose OXFAM, la gauche et la droite bourgeoise (CQFD), mais éradiquer.
NOTES
*Nous simplifions en écrivant en usine, la plus-value peut être produite ailleurs qu’en usine.
(1) http://policy-practice.oxfam.org.uk/publications/an-economy-for-the-99-its-time-to-build-a-human-economy-that-benefits-everyone-620170
(2) http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs/soixante-deux-personnes-possedent-plus-que-le-reste-du-monde/
(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_milliardaires_du_monde_en_2016
(4) http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-2-2/huit-hommes-plus-riches-que-la-moitie-la-plus-pauvre-de-la-population/
(5) http://www.liberation.fr/planete/2017/01/17/qui-sont-les-huit-hommes-les-plus-riches-au-monde_1541837
(6) https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_des_subprimes
(7) http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/le-probleme-ce-nest-pas-trump-cest-nous/
(8) Environ 38 millions de millionnaires dans le monde en 2014 selon Wikipédia. « Ce rapport révèle que « la richesse mondiale privée » c’est-à-dire les actifs financiers des ménages hors immobilier – épargne bancaire (comptes, livrets, etc.), épargne financière (actions, obligations, etc.) et assurances-vie – s’est établie à 167 800 milliards de dollars (147 720 milliards d’euros) en 2015, en hausse de 5,2 % sur un an. C’est moins que la hausse enregistrée en 2014 (+ 7,5 %). » En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/06/07/toujours-plus-de-millionnaires-dans-le-monde_4941353_3234.html#7f9ljQX4Zp4szu7e.99
(9) http://www.les7duquebec.com/7-au-front/les-mysteres-des-valeurs-boursieres/