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Les troupes coloniales, dites « la Coloniale », étaient un ensemble d'unités militaires françaises stationnées dans les colonies et mises sur pied, à l'origine, pour assurer la défense des ports et des possessions outre-mer autres que l'Afrique du Nord, même si ces troupes sont employées massivement en France métropolitaine et au Maghreb au cours du XXe siècle. Une exposition intitulée Des troupes de la Marine aux troupes coloniales a eu lieu du 12 mai au 10 juin 1951 au Musée national de la Marine à Paris.
Affiche de recrutement pour les troupes coloniales, Seconde Guerre mondiale.
Création et différentes dénominations
Le terme Troupes coloniales ou Armée coloniale ou Troupes des colonies françaises a plusieurs sens :
- Il s'agit d'abord des troupes françaises devant assurer la défense des colonies ;
- Puis, assez rapidement, ce terme a désigné les troupes recrutées dans les colonies françaises, hors Afrique française du Nord (ces troupes constituant spécifiquement l'Armée d'Afrique) et de une partie des troupes Britanniques lors de la première guerre mondiale.
Les Troupes coloniales sont apparues en 1900, lorsque l'ensemble des troupes terrestres dépendant du ministère de la Marine, appelées troupes de marine, furent transférées sous les ordres du ministère de la Guerre. Elles disparurent en 1958 lorsque, les colonies ayant acquis leur indépendance, la mission de ces troupes fut redéfinie. Elles reprirent alors le nom de troupes de marine, tout en restant dans l'armée de terre.
Composition
Les Troupes coloniales « la Coloniale » qui dépendent d'un seul état-major général, regroupent deux grands types d'unités :
- l'infanterie coloniale française et l'artillerie coloniale entre 1900 et 1958 appelés « Coloniale blanche » et composés en majorité d'engagés métropolitains ;
- les tirailleurs indigènes, hors Afrique du Nord, (tirailleurs sénégalais, tirailleurs malgaches, tirailleurs indochinois) formés de « sujets » français des colonies commandés par des officiers français. Le terme « Tirailleurs sénégalais » est un terme générique donné à toutes les unités d'infanterie recrutés en Afrique noire.
S'il est parfois utilisé, au sens large, pour désigner les troupes recrutées dans l'ensemble des colonies françaises, et par extension, inclure aussi les troupes d'Afrique (Zouaves, Chasseurs d'Afrique, Spahis, Tirailleurs algériens, marocains et tunisiens, artillerie nord-africaine, légion étrangère et services des affaires indigènes), qui trouvent leur origine dans le corps expéditionnaire de 1830 en Algérie, et qui furent réunies au sein du XIXe corps d'armée en 1873, ces dernières forment un ensemble bien distinct des Troupes coloniales et ne doivent pas être confondues avec elles1.
Historique
Les troupes dites « coloniales » ou de « marine » ont été créées en 1622 par le cardinal Richelieu sous le nom de « Compagnies ordinaires de la mer ». Embarquées à bord de navires, elles avaient différentes missions, dont les combats lors d'abordages, et étaient placées sous l'autorité du ministère de la Marine.
Les conquêtes coloniales ont incité l'État à positionner des troupes à terre, de défense, de commerce, d'occupation, etc. Vers le milieu du XIXe siècle, les combats d'abordages n'existant plus, les troupes de la marine restèrent à terre, à travers le monde.
Lors de la guerre franco-prussienne de 1870, la Division Bleue réunit l'infanterie de marine et l'artillerie de marine (« marsouins » et « bigors »), héritiers des Compagnies de la mer. Après la guerre, elles participent à la conquête coloniale. Dès 1885, la Troisième République créé le 3e régiment de tirailleurs tonkinois, formés d'hommes venant d'Indochine.
En 1900, ces unités de marine quittent le ministère de la Marine et sont prises en charge par le Ministère de la Guerre. De ce fait, les Troupes de la Marine prennent le nom de « Troupe Coloniale » (loi du 7 juillet 1900). Puis, deux décrets datés du 28 décembre 1900 portent organisation, l’un de l’infanterie coloniale, l’autre de l’artillerie coloniale. C'est à ce moment que le corps d'artillerie de la marine devient le 1er régiment d'artillerie coloniale, membre de la 2e division d'infanterie coloniale lors de la Première Guerre mondiale et dissous lors de l'armistice de 1940.
En 1905, l'effectif de l'armée coloniale stationnée dans la métropole a été arrêté à 2 123 officiers et 26 581 hommes de troupe. L’effectif entretenu aux colonies se monte à 1 743 officiers, 21 516 hommes de troupe européens et 47 868 soldats indigènes2.
Première Guerre mondiale
En 1914, à la veille de la Grande Guerre, les troupes coloniales comptent 102 bataillons et 39 batteries, dont 36 bataillons et 12 batteries en métropole et 21 bataillons en Afrique du Nord. Dans ce total de 102 bataillons, la « Force Noire » (les troupes issues de l'Afrique noire) représentait le quart. Ces unités étaient réparties en un corps d'armée en métropole et six groupes dans les colonies auxquels il faut ajouter quelques unités en Afrique du Nord. Après le début de la guerre, les troupes coloniales vont s'organiser en deux corps d'armée qui regroupent sept divisions qui vont être engagées sur tous les fronts et en particulier :
- La bataille des Frontières où, dans les Ardennes, la 3e division fut anéantie.
- Les batailles de Champagne de 1915.
- La bataille de la Somme en juillet 1916.
- La bataille du Chemin des Dames en avril 1917.
- La bataille de Saint-Mihiel en 1918.
- La bataille des Dardanelles et l'expédition de Salonique en Orient.
Entre-deux-guerres
La fin de la Première Guerre mondiale est marquée par une profonde réorganisation des Troupes Coloniales. La pénurie de main d'œuvre due aux pertes effroyables consenties pendant le premier conflit mondial (1 355 000 morts et 3 595 000 blessés), explique en partie cette situation. Un ralentissement marqué du recrutement des jeunes engagés est constaté. De plus les rigueurs budgétaires imposées par l'effort de reconstruction, et l'absence de menace de la part de l'Allemagne vaincue, ont raison d'une grande partie de l'infanterie française. Les Troupes Coloniales voient près de 80 % des régiments qui la composent dissous. Seuls subsistent en tant que régiments blancs, les 3e, 21e, 23e RIC en métropole, les 9e et 11e RIC en Indochine, et le 16e RIC en Chine. Pour pallier cette carence, il est alors décidé d'incorporer des soldats indigènes (Sénégalais, Malgaches et Indochinois). En 1926, sous l'appellation générique de Tirailleurs Sénégalais, sont créés plusieurs unités :
- 4e, 8e à Toulon,
- 12e à La Rochelle,
- 14e à Mont-De-Marsan,
- 16e à Montauban,
- 24e régiment de tirailleurs sénégalais (RTS) à Perpignan,
- 42e à Pamiers et 52e à Carcassone, ces deux derniers régiments deviennent bataillons de Mitrailleurs Malgaches et Indochinois ils seront implantés dans des garnisons du sud de la France.
Tout comme les unités Nord-Africaines, (Tirailleurs Algériens, Tunisiens, Marocains), les RTS s'avèrent plus économiques et plus dociles, que les unités blanches. C'est ainsi que Perpignan récupère un régiment colonial, le 24e régiment de tirailleurs sénégalais, régiment qui malgré sa nouvelle appellation et sa composition, hérite des traditions et du drapeau aux huit inscriptions de son prédécesseur. La plus grande partie de l'effectif est désormais constituée par des soldats Africains, communément appelés « Tirailleurs sénégalais » ou « soldats indigènes », tous originaires des diverses colonies de l'Afrique Occidentale Française (AOF).Les soldats "Européens", en petit nombre, tiennent les emplois de spécialistes (transmissions, servant d'engins, secrétaires) et sont destinés, en principe, aux pelotons d'élèves-gradés, caporaux et sergents.
Cette période de réorganisation puis, à partir de la réoccupation de la Rhénanie en mars 1936, de préparation au nouveau conflit mondial qui menace, est vécue dans une atmosphère de recueillement, comme dans tous les corps de l'armée française, et les missions de temps de paix habituelles sont remplies avec entrain. En métropole, séjours annuels à Mont-Louis en Cerdagne et au camp du Larzac, où l'on se rend à pied. Au plan colonial, relèves semestrielles des effectifs indigènes (le séjour des Sénégalais en France était en principe de trois ans), qui rythment l'activité du régiment basée sur l'instruction des contingents des recrues sénégalaises (renouvellement tous les six mois). Bien entendu, le service outre-mer des cadres avait repris régulièrement dès la fin de 1927, ainsi que les exercices de mobilisation, de plus en plus fréquents, avec une participation accrue de cadres de réserve destinés au 24e RTS et au 44e RICMS, son dérivé.
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Carré musulman de la nécropole nationale d'Amiens (Saint-Acheul).
Au premier plan, tombe d'un soldat du 45e RTS tombé pendant la Bataille de la Somme.
Seconde Guerre mondiale
En 1939, les troupes coloniales forment environ un quart du total des forces françaises. Une bonne partie d'entre elle restent basées dans les colonies. Lors de la Seconde Guerre mondiale de 1939 à 1945, la France fait appel à son Empire et à ses troupes coloniales, notamment aux régiments de Tirailleurs sénégalais, dont le corps fut créé en 1857 et supprimé dans les années 1960-1964.
À la veille de la campagne de France qui commence le 10 mai 1940 avec l'offensive allemande à l'Ouest, le nombre total des Sénégalais mobilisés est estimé à 179 000 hommes, et celui des Sénégalais engagés dans les combats en métropole à 40 000 hommes. Les 1re et 6e DIC sont engagées en Argonne. Pendant les combats de la campagne de France, les pertes parmi les Tirailleurs sénégalais sont évaluées à près de 17 000 hommes. Sur officiellement 58 839 morts de l'armée française durant la campagne de France, ces chiffres semblent très surestimés.
Après la défaite de 1940, les coloniaux participeront à la reconquête, à partir d'Angleterre mais surtout à partir de l'Afrique avec le général Leclerc et sa 2e DB qui compte parmi ses unités le Régiment de marche du Tchad (RMT) et le 3e régiment d'Artillerie Coloniale (3e RAC).
Les campagnes d'Érythrée, de Crète, de Tripolitaine et de Libye verront s'illustrer les unités de la 1re DFL avec Le 1er régiment d'artillerie coloniale (1er RA), le bataillon d'infanterie de marine et du Pacifique et différents bataillons de marche.
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prisonnier de guerre des troupes coloniales françaises en 1940.
L'après 1945
- Formations Coloniales en Indochine. Unités actuelles héritières des traditions. La naissance d'une guerre "L'Indochine de 1945 à 1954". Opération en pays Thaï : Na San d'octobre-décembre 1952. Opération Hirondelle. Langson 17 juillet 1953. Seconde offensive Viêt-minh. Diên Biên Phu 30 mars 1954. Puis en Corée, en Algérie ou dans toutes les opérations extérieures de l'après guerre.
- De 1961 à 2002 théâtres d'opérations des TDM :
Afghanistan, Albanie, Angola, Cambodge, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d'Ivoire, Djibouti, Ex-Yougoslavie, Gabon, Golfe, Guinée, Kosovo, Kurdistan, Liban, Mali, Mauritanie, Niger, Nouvelle-Calédonie, Rwanda, Somalie, Tchad, Timor oriental, Tunisie et Zaire.
Fin des troupes coloniales et recréation des troupes de marine
En 1967, est créée, au sein de l’Armée de Terre, l’Arme des troupes de marine par la fusion de l’infanterie et de l'artillerie coloniale. Sa mission est de mettre en place rapidement des moyens de défense et d’intervention dans des territoires géographiquement éloignés de la métropole et d'assurer une présence continue des forces françaises dans la France d'outre-mer ainsi que dans certains pays alliés.
Personnalités ayant servi dans les troupes coloniales
- Général Léon de Beylié.
- Général Gallieni.
- Général Marcel Bigeard.
- Colonel Roger Trinquier.
- Général Jean-Baptiste Marchand.
- Lieutenant-colonel David Galula.
- Lieutenant Paul Brunbrouck.
- Adjudant Pierre Léothaud (1903-1986) (17e régiment de tirailleurs sénégalais (1928) - 22e régiment d'infanterie coloniale (1930) - 51e régiment de mitrailleurs indochinois (1932) - régiment d'infanterie coloniale du Maroc (1936) - centre de motorisation des troupes coloniales (chars de combat)(1936) - 16e régiment d'infanterie coloniale (1937) - Tunisie (1934) - Chine (1936)).
- Sergent-chef François Mitterrand (1937-1939).
- Sergent-chef René Georges Charles Mariotti, 6e Régiment de Tirailleurs marocains (1950-1953).
- Richard Jean-Marie Sion (1947-1948).
Décorations
Le 1er et 2e régiment d'infanterie de marine sont les deux régiments qui portent le plus grand nombre de batailles sur leurs drapeaux (15 chacun). Le Régiment d'infanterie-chars de marine est le régiment le plus décoré de l'armée française.
Sources et bibliographies
- Une Histoire Oubliée. Marche Sempre Mai Morirem. Le 24e RTS de Perpignan 1923-1940. Édition Cap-Béar Perpignan avril 2012. 150 pages 110 photos.
- Soldats de la République Les tirailleurs sénégalais dans la tourmente. France mai-juin 1940. Éditions L'Harmattan. Paris décembre 2010.
- Ministère de la guerre, Revue des troupes coloniales, Paris, mensuel.
- Ministère des forces armées ; Ministre de la France d'outre-mer, Tropiques: revue des troupes coloniales, Paris, mensuel.
- L'Armée d'Afrique, Alger, Éditions Aumeran, mensuel.
- Ministère de la guerre, Annuaire officiel des troupes coloniales, Paris: Charles-Lavauzelle, annuel.
- Ancien officier supérieur, Les troupes de la marine et l'armée coloniale devant le pays, L. Baudoin et ce, 1883. En ligne (voir aussi Google books)
- J L Lewal, Les troupes coloniales, Paris, 1894.
- Ned Noll, Histoire de l'armée coloniale, Paris: Berger-Levrault, 1896.
- Ferdinand Burot; Maximilien Albert Henri André Legrand, Les troupes coloniales, Paris, Baillière, 1897-98.
- Les Troupes de marine 1622-1984, Paris: Charles-Lavauzelle, 1991, (ISBN 2-7025-0316-0) ou (ISBN 978-2-7025-0316-4).
- CEHD (Centre d'études d'histoire de la défense), Les Troupes de marine dans l’armée de Terre. Un siècle d’histoire (1900-2000), Paris, Lavauzelle, 2001, 444 p., (ISBN 2-7025-0492-2)
- Serge Saint-Michel & René Le Honzec, Les Bâtisseurs d'empire Histoire Troupes de marine Tome II 1871-1931
- Fédération française des anciens d'outre-mer et des anciens combattants des troupes de marine (ex-coloniales), Histoire et épopée des troupes coloniales, France: Comité national des traditions des troupes de marine, 1970.
- Robert Hure, L'Armée d'Afrique: 1830-1962, Paris: Charles-Lavauzelle, 1977.
- Louis Beausza, La formation de l'armee coloniale, Paris, L. Fournier et cie., 1939.
- Emmanuel Vallier, Historique des troupes coloniales campagne du Mexique (Extrait de la Revue des troupes coloniales.), Paris, Henri Charles-Lavauzelle, 1908.
- Historique des troupes coloniales Campagne de Crimée, Paris, H. Charles-Lavauzelle, 1907.
- Opérations militaires au Tonkin, Paris: H. Charles-Lavauzelle, 1903.
- Silbermann, soldat, Journal de Marche d'un soldat colonial en Chine, Paris: Henri Charles-Lavauzelle, 1907.
- Charles A Condamy, Habitations coloniales :extrait de la Revue des Troupes coloniales, Paris, Lavauzelle, 1902.
- Olivier, capitaine, Les troupes noires de l'Afrique orientale française, Paris, H. Charles-Lavauzelle, 1903.
- Auguste Paul Albert Duchemin, Les troupes coloniales et la défense des colonies, Paris, R. Chapelot, 1905.
- Arthur Girault, Principes de colonisation et de législation coloniale, L. Larose et L. Tenin, 1907 and succeeding years. Online and searchable on Google Books.
- Troupes coloniales. Organisation générale, Paris: H. Charles-Lavauzelle, 1907?
- Historique des troupes coloniales pendant la guerre 1914-1918 (fronts extérieurs), Paris: Charles-Lavauzelle & Cie., 1931.
- Historique des Troupes Coloniales pendant la Guerre 1914 - 1918 2, Paris Charles-Lavauzelle & Cie. 1931.
- Paul Jean Louis Azan, L'armée indigène nord-Africaine, Paris, Charles-Lavauzelle & cie., 1925.
- Ministère de la guerre., Troupes coloniales. Organisation générale, Paris, Charles-Lavauzelle & cie., 1937.
- Marcel Vigneras, Rearming the French, Office of the Chief of Military History, Dept. of the Army, 1957
- Edward L Bimberg, Tricolor over the Sahara the desert battles of the Free French, 1940-1942, Westport, Conn.: Greenwood Press, 2002, (ISBN 0-313-01097-8) ou (ISBN 978-0-313-01097-2).
- Charles Onana, 1940-1945 : Noirs, Blancs, Beurs : libérateurs de la France, Paris : Duboiris, 2006, (ISBN 2-9522315-1-6) ou (ISBN 978-2-9522315-1-0)
- Anthony Clayton, France, Soldiers and Africa, London; Washington: Brassey's Defence Publishers, 1988, (ISBN 0-08-034748-7) ou (ISBN 978-0-08-034748-6)
- Section d'études et d'informations des troupes coloniales, Des troupes de la Marine aux troupes coloniales, exposition, Paris : Musée national de la Marine, 1951
Notes et références
- Anthony Clayton, Histoire de l'Armée française en Afrique 1830-1962, Albin Michel, 1994, p. 21
- « L'Armée Coloniale Française. (D'après "les Armées du XXe Siècles", journal illustré , 1905) » [archive], sur MARSOUINS, CHACALS et TURCOS (consulté le 15 novembre 2015).
Articles connexes
- Empire colonial français
- Partenaires sécurité défense
- Troupes de marine
- Régiments des colonies
- Monument aux héros de l'Armée noire
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Pendant 3, 4 ou 10 secondes maximum, il permet de voir une photo ou une vidéo envoyée par un ami. Il, c’est Snapchat. Ce réseau social né en 2011 a la côte, et notamment chez les étudiants. Selon une enquête de Diplomeo sur les pratiques digitales des étudiants, il est le 2e réseau social préféré de ces jeunes.
Facebook, toujours roi
Tout d’abord, et ce n’est pas une surprise, il y a Facebook. Le réseau social de Mark Zuckerberg arrive en tête du classement des réseaux sociaux préférés des étudiants. Au-delà de s’y connecter pour être au courant de l’information et parler avec leurs proches, les jeunes utilisent les réseaux, notamment Facebook, pour travailler. En effet, l’étude révèle que 79 % des étudiants ont déjà utilisé un groupe Facebook pour travailler avec des camarades. Pratique pour se répartir les tâches, transmettre des documents ou échanger, ces groupes fermés sont en effet de nouvelles plateformes de travail de groupe. 59 % des étudiants interrogés utilisent ce système de collaboration au moins une fois par semaine.
Le boom du partage d’images se confirme
À la deuxième place des réseaux sociaux préférés des étudiants, on trouve le petit fantôme de Snapchat. Et c’est loin d’être réellement un fantôme dans le vie des étudiants : 82 % (86 % des filles et 77 % des garçons) y sont inscrits et 19 % le considèrent comme leur réseau social préféré. En moins de 6 ans, ouvrir cette application de partage d’images de vidéos est devenu un réflexe pour les jeunes. Le but de ce partage d’image à durée très limitée ? Montrer son quotidien, faire un selfie ou filmer un événement par exemple, sans que le destinataire ne puisse conserver l’image.
Une tendance au partage de visuels qui se confirment avec d’autres chiffres de l’enquête. Instagram, lui aussi destiné à poster des images, filtrées et rendues très jolies, occupe la troisième place du podium des réseaux préférés des étudiants. Mais surtout des étudiantes : 25 % des filles désignent Instagram comme réseau social préféré, contre 9 % des garçons. Au total, 49 % des filles ont pour réseau social préféré une plateforme de partage d’image : Instagram, Pinterest ou Snapchat, contre 29 % de leurs collègues masculins.
Sur les autres réseaux, on constate aussi des différences filles/garçons. Si les jeunes femmes sont plus nombreuses à avoir un compte sur les réseaux sociaux d’images, ce sont les garçons qui sont le plus inscrits sur Twitter (58 % des garçons et 48 % des filles) et LinkedIn (47 % des garçons et 41 % des filles). Du côté de Facebook, c’est une égalité : filles et garçons sont 93 % à avoir un compte.
Les MOOCs à la porte des amphis
Faisons un pas de côté et intéressons-nous à un autre volet de l’étude : celui concernant les MOOCs. Pour ce qui ne savent pas ce que c’est, et rassurez-vous vous n’êtes pas les seuls, voici une petite définition. Tout d’abord, l’acronyme MOOC signifie : Massive Open Online Courses. C’est un cours en ligne, souvent composé de vidéos et décomposé en semaines de formation. Hébergés sur des plateformes comme Coursera ou Openclassroom, ces cours permettent de compléter vos connaissances, apprendre les bases d’un domaine ou assouvir votre curiosité par exemple.
Depuis quelques années, cette solution d’apprentissage est décrite comme une petite révolution : les écoles en proposent de plus en plus, la formation s’ouvre au plus grand nombre, souvent de façon gratuite et c’est super ! Oui, mais encore faut-il que le concept du MOOC se démocratise et arrive jusqu’à nos étudiants… Et visiblement, selon l’enquête de Diplomeo, ce n’est pas vraiment le cas : 81 % des étudiants sondés ne savent pas ce qu’est un MOOC. Et sur ceux qui connaissent le principe, seuls un peu plus de la moitié en ont suivi un. 53 % d’entre eux ont décidé par eux-mêmes de suivre un MOOC, 29 % y ont été incités par leur école et 18 % par une connaissance. Au bout du compte, 89 % des étudiants qui ont suivi un MOOC répondent « oui » à la question « Estimez-vous que le MOOC que vous avez suivi vous a apporté des compétences/connaissances ? »
Pour ceux qui ne connaissent pas les MOOCs, Diplomeo avait prévu une définition du concept. Résultat, après avoir tous compris ce que signifiaient ces quatre lettres, les étudiants sont 61 % à se déclarer intéressés par ce mode de formation. Il reste donc encore un peu de chemin à faire avant que les MOOCs ne viennent concurrencer nos bons vieux amphis…
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Il paraît qu’il vaut mieux travailler dans la banque que dans la restauration rapide...
Toute la presse économique d'aujourd'hui vous balance ces chiffres sans analyse, sans chercher à les comprendre... Reprenons-les et regardons-les plus près...
On se doutait que les niveaux de salaires variaient selon les secteurs d'activité en France. Une étude du ministère du travail, rendue publique mardi et concentrée sur 57 principales branches professionnelles, permet de mettre des chiffres en face de cette impression.
Il y aurait des secteurs "plus généreux" que d'autres
Premier constat, le secteur financier et les industries payent bien mieux que les services en lien avec les particuliers. L'étude précise "Et ce quelle que soit la catégorie professionnelle". Ainsi, « Le salaire moyen mensuel des cadres s'échelonne de 2040 euros dans la coiffure, entre 2800 et 3000 euros dans le commerce de détail alimentaire et la restauration rapide (...), à plus de 5000 euros dans les transports aériens, les industries chimiques, pharmaceutiques et les banques », note l'étude. La hiérarchie est la même pour les employés : leur salaire moyen va de 1310 euros par mois dans la restauration rapide à 2500 euros dans l'industrie pharmaceutique et le transport aérien, décidément très rémunérateurs. Le salaire moyen des ouvriers de la propreté n'est lui que de 1280 euros par mois, mais dépasse 2000 euros dans 8 branches, culminant à 2270 euros dans, une fois de plus, l'industrie pharmaceutique.
Ce que n'évoque évidemment pas l'étude, c'est le niveau de qualification des différents postes. Ainsi sera catégorié "ouvrier" ou "employé" dans la banque ou le transport aérien une personne ayant reçu une formation lui permettant de résoudre des problématiques, de prendre des initiatives (certes encadrées), d'assumer des tâches dont le niveau d'exécution aura un impact direct sur la sécurité des clients. Il n'en sera pas de même de ceux qui sont catégorié dans les mêmes rubriques dans les activités liées à la consommation directe ou à l'aide à la personne.
Quand cette étude ministérielle conclue "Soit un écart qui dépasse le simple au double.", elle laisse supposer que ces rémunérations sont à niveau de compétences égales, puisqu'administrativement classifiées de manière identique. C'est faux et c'est un mensonge.
Cela pose d'ailleurs, non seulement le problème de la classification, mais aussi celui de la qualification. Comme bien des pans de notre organisation sociale du travail, la classification des postes est totalement à revoir. En effet, elle est aujourd'hui "optimisée" par les employeurs car impliquant des conséquences en termes de gestion, de coûts, de statuts. Celui qui a aujourd'hui le statut d'employé de banque a des responsabilités et des attributions que n'avait pas l'employé d'hier (qui lui a été remplacé par un ordinateur ou un robot)... Mais comme il est "en bas de l'échelle", il n'en demeure pas moins "employé". Et nos statisticiens administratifs de Bercy l'assimile à l'employé de fast food !!!! pour nous sortir des comparaisons oiseuses de rémunération.
Il y aurait des secteurs plus "exploiteurs" que d'autres
Second constat, les temps partiels et les CDD sont nombreux dans la restauration rapide (63% des effectifs) et dans la propreté (61%). Et beaucoup moins répandus dans l'industrie (10% dans la métallurgie, 19% dans la chimie-pharmacie). Là encore chacun comprendra qu'il n'y a pas dans les restaurants le même nombre de clients à toute heure de la journée et qu'il convient donc d'adapter le personnel en fonction du passage. Evidemment, comme nous sommes encore là dans un domaine ne nécessitant pas une formation très pointue et le chômage en France laissant, du fait de la désindustrialisation, des millions de personnes peu qualifiées sur la carreau, les établissement ont le choix entre des contrats partiels objetisés ou des CDI dont l'encadrement réglementaire (gestion des coupures, primes, statut, heures..) ne permettent pas de rendre le même service au client ou la même souplesse. Nous sommes donc bien (restauration, propreté) dans des secteurs où la nécessité du service (faire le ménages dans les locaux en dehors des heures de travail, faire le service aux heures des repas) s’accommode mal de la rigueur des statuts (n'oubliez que prendre deux temps partiel revient plus cher qu'un CDI), contrairement à la banque qui est ouverte de 9h à 12h 30 et de 14h00 à 17h00 et qui "rattrape" ces fichus jours fériés qui tombent un weekend !!
Si notre pouvoir socialiste trouve dommage cette différence entre les secteurs économiques, peut être, au lieu de présenter les choses de cette manière discriminante, devrait il réfléchir aux causes et convenir qu'il y aurait deux ou trois bricoles à changer au contrat de travail à temps plein...
Atteinte à la sacro sainte parité !
L'étude, toujours elle, s'étonne que les branches « généreuses » ne sont pas celles où l'égalité homme-femme est la mieux respectée...
Alors que le salaire moyen des femmes, toutes branches confondues, est inférieur de 19% à celui des hommes, dans la banque et le transport aérien, les femmes cadres sont payées 30% de moins que leurs homologues masculins. Dans les industries chimiques, les ouvrières sont payées 20% de moins que les ouvriers. En revanche, l'écart de salaire homme-femme est inexistant ou presque dans la restauration rapide, chez les ouvriers et employés. Là encore, la raisonnement administratif par catégories fourre-tout permet un gros meli melo d'amalgames. Pour avoir travaillé dans le secteur de la finance, je peux garantir que la règle "travail égal - salaire égal" est rigoureusement appliquée. Et que les employeurs ne jugent pas les compétences d'une personne à l'embauche en fonction de la forme de son sexe. Qu'il y ait une raréfaction de la gente féminine lorsque l'on monte dans la hiérarchie qui fasse qu'ensuite, lorsque l'on fait des statistiques et des moyennes, on arrive à ce type de résultat, certes, mais cela n'est pas du à une politique discriminatoire des établissements. D'ailleurs, cela veut aussi dire qu'un certain nombre de postes sont majoritairement occupés par des femmes....
D'ailleurs, l'étude précise que les employées des télécoms et du BTP sont davantage payées que leurs homologues masculins. Une délectation lorsque l'on lit le commentaire 'une rareté"... Une rareté qui concerne, en ce qui concerne le BTP, plus d'1.2 million d'emplois et les télécoms le secteur de l'économie qui recrute le plus.....
80% des salariés de la coiffure sont des employés, 60% de ceux des télécoms sont cadres
Dernier point de cette "superbe" étude, le poids des cadres est très variable selon les branches.
Ils représentent près de 60% des effectifs dans les télécoms et dans les bureaux d'études, 50% dans les banques, plus de 40% dans l'assurance et la publicité. À l'inverse, plus de deux tiers des salariés des entreprises de propreté et des déchets, ou encore des transports routiers, sont ouvriers. Et les employés constituent au moins 80% des effectifs dans la coiffure, la restauration rapide, la sécurité, le commerce d'habillement et alimentaire.
Et voilà le résultat de la désindustrialisation. Tous les secteurs qui ont pu ou dû délocaliser leurs emplois à faible qualification l'ont fait. Tous les secteurs qui ont pu robotiser ou onformatiser leurs activités répétitives l'ont fait. Du coup, ils n'emploient plus que des gens plus qualifiés, ont envoyé des millions de Français à Pole Emploi ou au RSA et apparaissent aujourd'hui dans les "étides" du ministère comme "généreux".... Un comble, non ?
Ce qui explique que ces différences dans la qualification des effectifs jouent sur le salaire moyen mensuel de la branche, toutes catégories confondues : il va de 1350 euros par mois dans la coiffure et de plus de 3500 euros dans les banques.
Sachant que le salaire moyen, tous secteurs confondus et toute qualification confondue en France, est de 2240 euros par mois.
Article paru sur : MaVieMonArgent
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Pour une bonne relation client, « l’humain » reste indispensable
Avec l'essor des nouvelles technologies, la tendance à la digitalisation gagne tous les secteurs de l'économie. Aucun n’y échappe, même pas celui des auto-écoles. Néanmoins, la place de l'humain demeure centrale, notamment en ce qui concerne la relation client. Les entreprises l’ont bien compris et commencent de plus en plus à « réhumaniser » certains de leurs services…
Grande messe de la distribution, le Retail's Big Show, qui s'est tenu du 15 au 17 janvier 2017 à Manhattan, a permis aux quelque 30 000 visiteurs de venir s‘enthousiasmer devant les « grandes tendances du retail de demain ». Organisée par la National retail federation (NRF), la 106e édition a accueilli pas moins de 510 exposants et 3 000 distributeurs, réunis cette année autour du thème de la « relation client ».
« Le cœur de notre industrie, c'est l'humain », a lancé Kip Tindell, patron de la NRF, en guise de bienvenue. Dans le contexte actuel de digitalisation de l'économie, la « réhumanisation » était donc au cœur des discussions. Présents sur le salon, des poids lourds de la grande distribution tels que Macy's, Walmart et même Carrefour, qui ont profité de l’occasion pour présenter leur vision et leur stratégie en matière de relation client.
S'ils accordent aujourd'hui une place centrale à l'humain, c'est en grande partie parce que de récentes études démontrent que les consommateurs privilégient de plus en plus le contact humain. Ainsi, d'après le sondage Global Consumer Pulse, réalisé en 2016 par Accenture, 73 % des consommateurs à travers le monde affirment qu’ils préfèrent interagir avec des êtres humains, notamment lorsqu’il s’agit d’obtenir des conseils ou de résoudre un problème. Rien qu’en France, ils seraient 79 % à préférer l’homme à la machine. Et parmi les sondés, 58% considèrent que le magasin physique reste le meilleur canal pour obtenir un service personnalisé, et donc de qualité.
L'enjeu de l'expérience client
Pour Fabrice Marque, Directeur Exécutif, chez Accenture Strategy, « Les entreprises doivent rééquilibrer l'investissement entre les canaux digitaux et traditionnels afin d'offrir à leurs clients une expérience cohérente, personnalisée et humanisée. Celles qui délaissent le contact humain seront confrontées à la nécessité de reconstruire un lien avec un client difficile à reconquérir ». Les chiffres lui donnent raison : 55 % des clients interrogés par Accenture déclarent ainsi avoir changé de fournisseur au cours des 12 derniers mois en raison d'une mauvaise expérience, et seuls 24 % d'entre eux seraient prêts à faire leur mea culpa.
En 2017, pour satisfaire les exigences du client, recruter et former un personnel à l'écoute est devenue la priorité numéro un des entreprises. Pour Régine Vanheems, universitaire et co-fondatrice de l’Observatoire du Cross-Canal et du Commerce Connecté, « On assiste à une vague de "déphygitalisation" où face aux excès du digital, on est à la recherche de l’humain ! ». Mais au-delà du relationnel, la stratégie commerciale doit également se concentrer sur l'expérience client, affirment les spécialistes. Et la question ne se pose pas uniquement dans le secteur du commerce de détail, bien au contraire.
Auto-écoles en ligne : pour certains, "l'humain" a toujours sa place
Dans le secteur des auto-écoles aussi, la question de la répartition entre humains et technologies numériques est désormais d’actualité. Celle-ci a en effet vu le jour en 2015, avec l'adoption de la loi Macron, qui est venue assouplir certaines règles en matière d’apprentissage de la conduite. Ainsi, les apprentis conducteurs peuvent désormais suivre des cours de code directement sur le web, prendre des leçons de conduite avec des chauffeurs indépendants et s'inscrire aux examens en candidat libre avec les mêmes délais d'attente que dans les auto-écoles classiques (deux mois maximum contre neuf auparavant).
Favorisés par cette nouvelle loi, de nouveaux acteurs ont vu le jour. Ces derniers ont tous intégré le digital à leur business model, mais chacun à leur manière. Ainsi, certains d’entre eux, comme Ornikar ou PermiGo, ont fait le choix du 100 % en ligne. Les deux startups n’ont en effet aucune présence physique et proposent des cours de code uniquement en ligne. D'autres en revanche, comme Auto-école.net, ont opté pour une offre mêlant digitale et présence physique. La startup, cofondée par Stanislas Llurrens, dispose en effet de 17 agences en dur dans toute la France, ce qui lui permet, entre autres, de proposer des cours de code à la fois en ligne et en présentiel. Avec un prix tout aussi compétitif que ses concurrents, la plateforme agréée a pour sa part choisi de garder un pied dans le « réel ». Une stratégie différente de celle de ses deux concurrents, mais qui semble être plus en phase avec les récentes tendances observées.
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Le RU, c’est la RUine sociale, le partage en valeur-travail, c’est la seule issue !!
Aujourd'hui, la problématique du "revenu universel" a largement supplanté celle de la loi El Khomri...
(Il est donc temps de clore cette pétition (*), qui n'a plus de sens, et qui n'en a pas eu longtemps, il est vrai, de ce fait...)
En effet, selon le dernier sondage diffusé
http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKBN15P17G
Hamon (16%), et Mélenchon (13%), représentent ensemble une dynamique potentielle (29%), avec le renfort éventuel des "verts" (+1%, soit le total aux environs de 30%), pour amener la gauche d'inspiration "sociale" au second tour, c'est à dire à la victoire, en fait...
Pour autant, l'alliance n'est pas encore faite...
Le candidat qui parait presque "crédible" au regard des critères de notre pétition, reste Mélenchon, dans la seule mesure où il continue à ne pas intégrer le RU dans son programme et à maintenir l'option d'abrogation de la loi El Khomri.
Parmi ses militants, dont nous ne sommes pas, certains avaient déjà osé mettre en doute la "crédibilité" de Hamon sur plusieurs points, et y compris sur le RU.
L'approche définie par ce groupe de militants,
https://blogs.mediapart.fr/yvster14/blog/310117/larnaque-hamon
https://comptoir.org/2017/01/30/benoit-hamon-lennemi-autorise-du-capital/
cette approche est assez proche de la notre pour ce qui concerne la question du partage du travail, qui reste la seule solution viable à la crise, si on a la volonté de régler ce partage correctement, c'est à dire en rupture avec le capitalisme.
Ce site reprend notamment cette approche d'un "économiste atterré", qui, sur ce point, fait un constat évident :
"__Dany Lang : « C’est une proposition qui acte l’idée de la fin du travail, c’est-à-dire que le plein emploi ne pourra plus être assuré pour tous. Or, dans une société où il y a beaucoup de besoins sociaux non satisfaits, parce que les mécanismes du marché n’arrivent pas à les satisfaire et parce que l’État et les collectivités ne prennent pas leurs responsabilités, il y a de la place pour davantage de travail et pour un travail mieux partagé. Acter l’idée de la fin de la possibilité du plein emploi au vu de l’immensité des besoins sociaux non satisfaits me paraît quelque peu curieux. »
C'est ce qui est désastreux, en réalité... !
Mais même en dehors de cette citation, particulièrement significative, l'article présente le RU dans son contexte concret et ses conséquences :
"__Le revenu universel a vocation à remplacer une bonne partie des prestations sociales en fournissant aux individus une allocation inconditionnelle pour tous. Pourtant, la multiplication des prestations sociales a justement pour but de répondre à des besoins bien spécifiques. Un bénéficiaire de l’allocation handicapé ou de l’allocation pour mère isolée n’a pas les mêmes besoins financiers qu’un couple de cadres dynamiques. La création d’un revenu universel autour de 700 euros risque de défavoriser ceux qui ont le plus besoin de la solidarité nationale. Enfin, la mise en œuvre par l’État d’un tel revenu est une totale remise en cause du consensus issu de 1945, qui permettait une gestion paritaire de la Sécu entre les partenaires sociaux. Si les gouvernements possèdent les pleins pouvoirs sur la fixation ou les modalités du revenu de base, comment sera-t-on en mesure d’assurer sa pérennité et un niveau décent lors de l’élection d’un gouvernement ultra-libéral ?"
Faut-il pour autant appeler à voter Mélenchon ? En l'état actuel des choses, c'est Hamon, porté par l'intox médiatique démagogique autour du RU, qui occupe la position stratégique dans une alliance éventuelle. Il est difficile d'anticiper, comme le prouve la très courte vie de notre pétition, mais il est peu probable qu'une alliance à trois (Hamon-Jadot-Mélenchon), ou même à deux, puisse maintenant revenir en arrière sur ce point du RU, sauf sous la pression populaire en faveur d'autres revendications...
Ce qui devient donc important, c'est plutôt de remettre en avant le principe du partage du travail, non pas dans l'esprit d'une "réduction" au pifomètre du temps de travail hebdomadaire, décidée par une bureaucratie politique quelconque, mais bien au contraire dans l'esprit d'une répartition du travail en fonction des besoins sociaux réels à satisfaire.
Ce qui implique une rupture avec le capitalisme.
En effet, si le travail partagé entre tous est réparti de façon à répondre aux besoins sociaux essentiels, c'est la durée moyenne pour remplir cet objectif qui devient la nouvelle règle du temps de travail, et quelle que soit cette durée, le salaire, même au "SMIC", qui en découlera, sera par définition réajusté en correspondance pour accéder à ces besoins, notamment au logement.
Et le système de santé s'en trouvera non seulement préservé, mais amélioré, et non plus en "peau de chagrin", comme aujourd'hui.
Le travail, partagé collectivement, doit inclure évidemment une part pour assurer les besoins de solidarité avec les retraités, les handicapés, sur tous les plans, et notamment sur le plan logement.
En résumé :
__Recensement des besoins sociaux urgents actuellement non satisfaits, notamment en matière de logement et de santé.
__Recensement des forces productives disponibles et nécessaires à développer pour satisfaire ces besoins réels.
__Redéfinition d'un budget en équilibre, en base valeur-travail, entre ces forces productives et ces besoins.
__Redéfinition, dans cet équilibre, de la durée moyenne hebdomadaire de travail, nécessaire pour atteindre cet objectif.
__Réajustement, dans le cadre de cet équilibre, du SMIC à un niveau permettant d'accéder au moins à la satisfaction pour tous des besoins sociaux essentiels, notamment en matière de logement, éducation, culture, sport, etc...
__Prise en compte, dans cet équilibre, de l'effort collectif nécessaire aux objectifs de sécurité, de développement social et de solidarité.
Pierre Grindsable
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Sources de l'article :
Sur FRONT des LAïCS :
Sur SOLYDAIRINFO :
Sur Tribune Marxiste-Lénniste :
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( * 2017 : La « Loi El Khomri » s’invitera-t-elle aux Présidentielles ? )
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Les gouvernements actuels suivent à la lettre la leçon de Bush. C’est comme chefs de guerre que les gouvernants créent le mieux l’adhésion. Face au chômage, il faut inventer des solutions et affronter la logique du profit. Quand on prend l’uniforme du chef de guerre, c’est tout de suite beaucoup plus facile, surtout dans un pays dont l’armée reste malgré tout l’une des mieux entraînées du monde.
Le lendemain des attentats coordonnés, perpétrés dans Paris le 13 novembre 2015, le gouvernement français a naturellement déclaré l’état d’urgence. Sous cet état d’exception, la police et d’autres institutions, notamment le ministère de l’Intérieur et les préfets (représentants locaux de l’État) se sont vues conférer un large éventail de pouvoirs, dont celui de perquisitionner des logements de jour comme de nuit et d’émettre des arrêtés d’assignation à résidence sans que l’autorisation d’un juge soit nécessaire.
L’état d’urgence a été prolongé de trois mois, une première fois le 26 novembre 2015, puis de nouveau le 26 février 2016, et de deux mois le 26 mai 2016. Il a depuis été régulièrement prolongé, officiellement dans le but de couvrir la période des élections nationales, prévues en avril-mai 2017.
« Rien ne sera plus comme avant » avaient déclaré certains journalistes et hommes politiques après les attentats qui ont frappé la France. L’intensification des politiques et pratiques sécuritaires préexistantes ne s’est pas fait attendre. Mise en accusation des salafistes, des musulman-e-s, de l’islam ou des immigrés en général. À la parole des politiques, s’est joint l’acte… policier. Selon les chiffres publiés le 6 décembre 2016 par le gouvernement, depuis novembre 2015, 4.292 perquisitions de domiciles avaient été menées et 612 personnes avaient été assignées à résidence (et 434 personnes affectées). Par ailleurs, en décembre 2016, 95 personnes étaient encore assignées à résidence. Rappelons qu’en février 2016, Amnesty International a rapporté que moins de 1 % des perquisitions de domiciles menées entre novembre 2015 et février 2016 (soit plus de 3.000) avaient donné lieu, au regard de la législation française, à des chefs d’accusation pour activités à caractère terroriste (excepté les infractions pour « apologie du terrorisme »), ce qui révèle à quel point cette mesure était disproportionnée…
La situation des migrants s’en est naturellement ressentie et les politiques orchestrées en la matière par l’Union européenne tendent à organiser les contrôles abusifs, la destruction des bateaux, les rafles et les chasses à l’homme avec leurs corollaires : enfermement de milliers d’êtres humains, absence d’accès aux droits les plus élémentaires, expulsions, refoulements, harcèlement, isolement.
Ces politiques et leur relais dans les médias construisent dans la population un imaginaire d’une Europe assaillie par un danger migratoire. Tout ceci pousse à un racisme de plus en plus décomplexé, assumé et revendiqué. Les passages à l’acte (violence raciste, organisations de riverains voulant « faire justice eux-mêmes », manifestations et émeutes, tabassages, expulsions illégales, menaces) sont de plus en plus fréquents. Les pouvoirs publics et leurs forces de police au mieux ferment les yeux sur la situation, au pire poussent à ces passages à l’acte qui leur facilitent la tâche et correspondent à des objectifs politiques.
Bien entendu, les causes des migrations et les causes de leur visibilité actuelle, dont les pays européens sont directement et évidemment responsables, ne sont jamais énoncées dans les discours sur les migrations actuelles. La France était pourtant en guerre bien avant les attentats, lesquels ont largement servi de prétexte à intensifier ces engagements militaires. Ces dernières années, l’armée française est intervenue massivement en Afrique. La guerre est ainsi devenue un des derniers points forts des derniers mois de la présidence de Nicolas Sarkozy avec l’opération Harmattan en Libye mais aussi avec le passage à l’offensive de la force Licorne en Côte d’Ivoire pour faire tomber le régime de Laurent Gbagbo. Marchant dans les pas de son prédécesseur, François Hollande endosse pleinement le costume de chef des armées. L’opération Serval au Mali en 2013 qui se métastase à partir de l’été 2014 dans les pays de la sous-région avec l’opération Barkhane est emblématique du retour en force du militaire comme pilier de l’influence française dans ses anciennes colonies africaines. Sangaris, en République centrafricaine, vient conforter cette politique. Présentées officiellement comme des victoires, ces interventions posent en réalité éminemment question.
L’intervention en Libye a eu des répercussions particulièrement néfastes sur le Mali. Dans ce pays, la France est intervenue pour combattre les groupes armés implantés dans le nord mais a, dans le même temps, remis en selle le Mouvement national pour la Libération de l’Azawad (MNLA), pourtant à l’origine de la crise. Avec Barkhane, et au nom de la « guerre contre le terrorisme », l’armée française est désormais durablement implantée au Burkina Faso et au Niger, tout en relégitimant la dictature d’Idriss Déby au Tchad en en faisant le point nodal de ses guerres africaines. Enfin, en Centrafrique, la France s’est embourbée dans une guerre civile d’une rare violence dont elle était en même temps juge et partie.
Ces conflits doivent être désignés par leur nom : ce sont des guerres d’ingérence impérialiste. La France n’a aucun « rôle positif » dans ces interventions, malgré ses prétentions puisées à l’ancien répertoire colonial. Le discours belliciste entend anesthésier et tétaniser la population. Pourtant, comment ne pas rappeler les désastres que sèment ces guerres, les millions de morts, de blessés et de déplacés, la misère, le désespoir jetant les populations sur les routes, tandis que s’enrichissent les profiteurs de guerre, les multinationales vendeuses d’armes – la France tenant en la matière le quatrième rang mondial. Ce sont aussi des dépenses colossales, qui détournent l’argent public de dépenses sociales, culturelles et écologiques vitales. De surcroît, l’État qui mène ces guerres, en pompier pyromane, nous entraîne dans une spirale infernale ayant pour effet de renforcer la haine qui débouchera sur d’autres attentats. Les Rafale tuent des civils aussi innocents que ceux du Bataclan ou de Nice. Ces bombardements sont des bombes à retardement.
L’état de guerre proclamé encourage les peurs et crée la division. Le gouvernement socialiste a sapé l’État de droit et les droits humains, entretenant le racisme et la xénophobie tout en semant les germes de nouvelles violences et de nouveaux conflits. Les discours alarmistes et anxiogènes déclamés ici et là ainsi que la désignation d’ennemis intérieurs ont servi et servirons encore à légitimer des mesures disproportionnées qui portent atteinte aux droits fondamentaux, dans le but de mieux contrôler la population. La guerre est désormais devenue un moyen de gouverner ; elle est aussi une guerre sociale.
Capitaine Martin