Cybercab. Pour le reste, ce ne sont que rumeurs et spéculations. Même le site de la présentation : les studios Warner à Los Angeles, qui permettraient de faire des démonstrations dans les rues de carton-pâte des décors de cinéma. Des observateurs y ont aperçu des camions de Tesla et pris en photo un véhicule emballé dans un revêtement jaune vif, vu comme un camouflage du robotaxi. Le véhicule, qui serait baptisé Cybercab, serait pour certains inspiré de la silhouette de la berline Model 3 de Tesla, sortie en 2017, mais, pour d’autres, du pick-up Cybertruck, dont les livraisons ont commencé fin 2023 après plusieurs années de retard. Pour d’autres encore, ce serait un mariage des deux.
Mais le chemin reste long avant de pouvoir héler un Cybercab. « Nous pensons que le déploiement du robotaxi de Tesla à grande échelle est improbable dans les prochaines années », relèvent les analystes d’UBS. « Elon Musk a un long passif en matière d’exagération de la disponibilité des différents produits de Tesla sur le marché – et nous pensons que le robotaxi ne sera pas différent », a commenté Garrett Nelson, de CFRA Research.
Les analystes de Wedbush s’attendent « à ce que Musk & Co dévoile des technologies autonomes “révolutionnaires” » jeudi, soulignant que très peu de présentations d’entreprises sont aussi attendues que celle-ci. Tellement que l’action Tesla, très volatile, s’est envolée (+48,1 % en six mois) au risque de s’effondrer face à la probable déception, a relevé M. Nelson.
Concurrents. Des robotaxis sillonnent pourtant déjà, avec des clients à bord, plusieurs villes des Etats-Unis depuis 2021 grâce à Waymo de Google (Alphabet) et à Cruise du géant automobile General Motors (GM). Waymo dispose de plus de 700 robotaxis – des Jaguar blanches –, dont 300 à San Francisco où ils sont désormais accessibles au grand public et plus seulement aux testeurs et aux développeurs.
Chaque semaine, 100 000 courses payantes – jusqu’à quatre passagers – sont effectuées avec Waymo, également présent à Phoenix (Arizona), Austin (Texas) – terres de Tesla – à Los Angeles et, bientôt, à Atlanta (Géorgie). Avec des voitures aussi facilement disponibles que celles d’Uber et Lyft, et des prix comparables, elles font désormais partie de la vie quotidienne de nombreux habitants et constituent une attraction touristique à part entière. En Chine, les robotaxis gagnent de plus en plus de villes et sont volontairement beaucoup moins chers que les taxis traditionnels.
Pour GM, la route est plus cahoteuse. Les activités de Cruise ont été suspendues en octobre 2023 après la mise en cause de plusieurs véhicules dans des accidents. Cruise circulait alors dans les centres-villes de Phoenix, San Francisco, Houston et Austin. Elle a repris cinq mois plus tard à Phoenix, avec des chauffeurs à bord. Bardés de caméras et de lidars (lasers de détection), les robotaxis suscitent des débats intenses sur les avancées et les risques qu’ils représentent. « Autopilot », système d’aide à la conduite de Tesla, a aussi été mis en cause dans des accidents mortels.
Autres annonces. Outre le robotaxi, les experts s’attendent à ce qu’Elon Musk fasse des annonces concernant d’autres projets comme la voiture électrique à bas coût Model 2 – autour de 25 000 dollars, attendue en 2025 –, son robot humanoïde Optimus – attendu dans le commerce en 2026 –, ou encore son semi-remorque Semi, son roadster et peut-être même un Cybervan, version du robotaxi pour une dizaine de personnes.
Pour Wedbush, Tesla va présenter « une technologie d’avant-garde destinée à révolutionner le transport urbain », grâce au duo intelligence artificielle/conduite entièrement autonome (FSD) qui représentent 1 000 milliards de dollars de valorisation à elles seules pour Tesla.
Robyn BECK avec Elodie MAZEIN à New York
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