• L'ex-président bolivien Evo Morales en 2021 à Mexico.

    L'ex-président bolivien Evo Morales en 2021 à Mexico.
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    Bolivie : l'ex-président Evo Morales échappe à un attentat, 14 tirs contre son véhicule

     

    L'ancien président de Bolivie, de 2006 à 2019, a été ciblé par 14 tirs d'armes à feu contre son véhicule, ce dimanche 27 octobre. Evo Morales n'a pas été touché, mais son chauffeur a été blessé, selon les premiers éléments. Une vidéo filmée depuis l'intérieur du véhicule circule sur les réseaux sociaux.

     

    La vidéo est glaçante. On y voit l'ancien chef de l'État bolivien, premier indigène à exercer les fonctions de président de la République du pays, entre 2006 et 2019, tenter d'éviter les balles qui fusent vers son véhicule. Assis sur le siège passager, il n'a, selon les images qui circulent sur les réseaux sociaux, pas été blessé, de même que la femme assise à l'arrière, qui filme la scène avec son téléphone.

    14 détonations, le pare-brise atteint

    Toujours selon les images de cette vidéo de près de 5 minutes, le chauffeur du véhicule, semble avoir une blessure légère au niveau de la tête, celle-ci est ensanglantée. Au total, 14 détonations sont identifiables sur toute la durée de la vidéo, et plusieurs impacts de balles sont présents sur le pare-brise avant du véhicule présidentiel.

    Selon le média La Razon, l'ancien président se rendait dans les locaux d'une radio pour y participer à une émission. Dans sa fuite, on voit l'ex-chef de l'État demander aux automobilistes de bloquer la route derrière son véhicule, pour empêcher les assaillants de vouloir le poursuivre. « Ce sont des hommes cagoulés qui ont tiré. C'était planifié », a-t-il déclaré après l'évènement.

     

    Un contexte d'affrontement avec son ancien allié

    La tentative d'assassinat contre l'ancien président bolivien Evo Morales aurait eu lieu près de la petite ville de Shinahota, dans la région tropicale de Cochabamba, son principal bastion politique. Si rien ne permet d'identifier les auteurs de l'attaque actuellement, ce que Evo Morales a dénoncé comme un « attentat » intervient dans un contexte de fortes tensions au sein de la gauche bolivienne. Morales est en opposition totale avec l'actuel président Luis Arce, ancien allié au sein de son parti toujours au pouvoir, le Mouvement vers le socialisme (MAS).

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    Les partisans du premier indigène à avoir dirigé la Bolivie bloquent les principales routes depuis le 14 octobre. Depuis cette date, des affrontements entre les soutiens d'Evo Morales et les forces de l'ordre ont fait 14 blessés parmi les policiers et 44 civils ont été arrêtés, selon le gouvernement. Ils demandent au gouvernement de retirer les poursuites judiciaires qui visent Evo Morales pour viol, trafic et traite d'êtres humains, en raison d'une relation qu'il aurait eue avec une adolescente de 15 ans, avec laquelle il aurait eu une fille en 2016. Ses avocats affirment que l'affaire a déjà été examinée et classée en 2020. Ses partisans estiment que ces enquêtes sont en fait une manœuvre politique orchestrée par ses opposants pour empêcher Morales d'être candidat à la présidence de la République en 2025.

    « État de siège »

    Le président Luis Arce « a détruit la Bolivie et maintenant il veut éliminer notre mouvement en en finissant avec la vie d'Evo. On va voir comment on va se préparer [...]. Un état de siège est en marche », a déclaré l'ancien président, convaincu du rôle de son ancien allié dans la tentative d'assassinat à laquelle il a échappé.

     


  • Donald Trump ou Kamala Harris, sur quel candidat mise la Chine ?

    Donald Trump ou Kamala Harris, sur quel candidat mise la Chine ?
    Shutterstock/SIPA - Arizona Republic-USA TODAY NETWO/SIPA

    Kamala Harris ou Donald Trump ? Quand la Chine examine avec attention les deux candidats à la Maison-Blanche

    D’un côté, Donald Trump et ses coups de menton en direction de Pékin. De l’autre, Kamala Harris avec un discours plus mesuré à l’endroit du grand rival asiatique. Comme souvent entre les deux grands de ce monde, la réalité semble plus compliquée que les postures de campagne. Sous sa présidence, l'ex-président républicain a négocié. Quant à la vice-présidente, s’inscrira-t-elle dans la lignée de Joe Biden, plus dur que son devancier républicain sur les questions commerciales et sur les droits de l’Homme ? Ce sont les questions que se pose Laure Pallez, directrice associée du cabinet de conseil Mascaret, ancienne élue des Français de l’étranger à Shanghai et en Floride.

     

    « Les États-Unis sont une puissance du Pacifique et ils y sont pour de bon », déclarait, en 2011, Barack Obama, alors président des États-Unis, pour défier la Chine. Il a été l’initiateur du Partenariat transpacifique (TPP), ce traité multilatéral de libre-échange dans l’Indo-Pacifique qui excluait la Chine, selon la stratégie dite de containment (« endiguement »). Alors qu'il avait été signé le 4 février 2016, les États-Unis s’en retirent en 2017 : il s'agissait d'une promesse de campagne de Donald Trump.

    Si la relation entre les États-Unis et la Chine a pu apparaître à la fois frontale et sujette à multiples transactions sous la présidence Trump, c’est sous l’administration Biden que le contrôle des exportations américaines vers la Chine s’est durci. Pendant un temps, il ne s’agissait plus de dissocier l’économie américaine de l’économie chinoise, mais de réduire le risque d’exposition dans quatre secteurs stratégiques, c’est-à-dire développer un plan B pour l’approvisionnement des produits pharmaceutiques, les minerais rares, les batteries et les semi-conducteurs.

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    Aux États-Unis, la perception générale de la Chine des deux côtés de l’échiquier politique est passée en moins de cinq ans de gros client à grande menace. Les démocrates ont adopté la responsabilisation pour violation des droits humains avec la loi américaine sur la prévention du travail forcé des Ouïghours en 2022 et mené l'offensive économique avec la hausse des droits de douane sur les produits chinois. Côté Républicains, les réponses de Washington vis-à-vis de Pékin varient mais sont toujours conflictuelles.

    Kamala Harris cherchera à poursuivre la politique de l'administration Biden visant à responsabiliser la Chine pour ses violations des droits de l'homme et ses pratiques économiques jugées déloyales. Avec un bémol : elle est influencée par ses conseillers, notamment Philip Gordon, qui prône une approche pragmatique, différente de la confrontation directe observée sous Joe Biden.

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    La campagne de Donald Trump met l'accent sur la réduction du déficit commercial américain et la protection des industries américaines. S'il est réélu, Donald Trump devrait accentuer les mesures tarifaires et les restrictions technologiques contre la Chine, notamment dans le champ des semi-conducteurs​. On le constate partout : la géopolitique s’invite de plus en plus sur le plan intérieur, aux États-Unis comme ailleurs, et chaque camp joue sa partition internationale avec cet enjeu en tête.

    Le climat : une note d’espoir ?

    Si les droits humains et le commerce mondial semblent être des facteurs de tension entre les deux pays, la question environnementale devrait pourtant fédérer les nations. Les rivaux pourraient bien coopérer sur la question climatique si elle est perçue comme une menace commune et pouvant générer des gains communs… en tout cas, c’est désormais la stratégie de Pékin qui observe de près les accords de Paris sur le climat dans une démarche multilatérale.

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    Or, pour élargir sa base électorale, Kamala Harris semble ne plus donner la priorité à la question climatique en déclarant par exemple qu'elle ne bannirait pas la fracturation hydraulique. Tendance de fond au sein du Parti démocrate ou une simple stratégie de campagne pour l'élection de 2024 ? En conclusion, aujourd’hui, aucun des deux pays ne semble vouloir une guerre avec l’autre ni de découplage complet : chacun sait que nul ne surpassera l’autre. On est donc entré dans une phase de « coopétition », une forme de stabilisation dont la durée est difficile à mesurer. Et alors que la sécurité nationale reste la plus grande menace à la coopération verte entre les États-Unis et la Chine, le discours environnemental jouera probablement contre le découplage entre les États-Unis et la Chine. C’est en tout cas le pari de Pékin.


  • Sénégal : « Les inondations sont liées au changement climatique et à la mauvaise occupation de l’espace »

    DÉCRYPTAGE. C’est un effet méconnu du dérèglement climatique : les pays d’Afrique de l’Ouest sont frappés à la fois par la sécheresse et par de violentes inondations. Dakar cherche des solutions.

     

    Environ 55 000 personnes dans « 51 villages et 44  autres sites », notamment agricoles, ont été affectées par ces inondations provoquées par un débordement du fleuve Sénégal à la suite de fortes pluies, a annoncé le gouvernement sénégalais. (Image d'illustration). 

    Environ 55 000 personnes dans « 51 villages et 44  autres sites », notamment agricoles, ont été affectées par ces inondations provoquées par un débordement du fleuve Sénégal à la suite de fortes pluies, a annoncé le gouvernement sénégalais. (Image d'illustration).  © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

    Une semaine après les inondations historiques des villes de Bakel et Kidira, à l'est du Sénégal, l'eau commence à refluer. Les populations ont tout perdu et les attentes sont grandes vis-à-vis des autorités. Le président Bassirou Diomaye Faye s'est rendu sur place le 18 octobre et le Premier ministre a annoncé une aide de 12 millions d'euros (8 milliards de francs CFA). Le cauchemar n'est pas fini. L'onde de crue se propage. Elle arrivera inexorablement jusqu'à Saint-Louis, l'embouchure du fleuve. La ville historique doit se préparer.

     

    Le fleuve Sénégal en impose avec ses 1 800 kilomètres. Il prend naissance dans les montagnes du Fouta-Djalon, en Guinée, traverse le Mali, arrive au Sénégal par Bakel pour aller vers la Mauritanie et former une frontière naturelle. Il est alimenté par trois affluents majeurs, le Bafing, la branche mère, le Bakou et la Falémé, qui le rejoint en amont de Bakel. Cette année, la crue est exceptionnelle. L'Organisation intergouvernementale de mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) précisait le 19 octobre que la vigilance orange restait activée sur la plupart des localités riveraines du fleuve Sénégal, avec une tendance à la vigilance rouge notamment pour Podor, Tékane, Dagana et Bogué. Ansoumana Bodian, enseignant-chercheur en hydrologie au département de géographie de l'université Gaston-Berger de Saint-Louis, décrypte les enjeux autour de cette crue historique du fleuve Sénégal.

    Le Point Afrique : quelles sont les causes des inondations et de la crue du fleuve Sénégal ?

    Ansoumana Bodian : Pour comprendre les inondations du fleuve Sénégal, il faut remonter dans le temps. L'Afrique de l'Ouest a connu une longue période de sécheresse du début des années 1970 jusqu'aux années 2000. Cette sécheresse a entraîné l'assèchement des cours d'eau, qui a amené les populations à occuper des zones basses qui, jadis, étaient inondées. Depuis quelques années, on assiste à un retour des précipitations. Des pluies qui sont collectées par les fleuves et leurs affluents. Deux causes se combinent et expliquent l'augmentation des écoulements dans les cours d'eau : le retour de la pluviométrie et le changement d'usage des sols. Avec des sols encroûtés, l'eau n'est plus absorbée par la terre et ruisselle.

    La majeure partie de l'eau du fleuve que vous avez au Sénégal à la station de Bakel, qui est notre station de référence, vient de la Guinée et du Mali. J'ai effectué deux semaines de mission dans le Fouta-Djalon [le bassin-versant du fleuve, NDLR] à la fin des années 2010 et j'ai pu observer une dégradation des forêts. Si on combine le retour de la pluviométrie et ce changement des sols, nous observons des débits assez importants. Du fait que les gens se sont installés dans des zones basses et le long des berges du fleuve, les inondations deviennent dévastatrices.

    Le fleuve Sénégal est aussi un cours d'eau qui est aménagé, avec notamment le barrage de Manantali, un barrage multi-usage qui permet de fournir de l'électricité et de pratiquer une agriculture irriguée. En revanche, après des pluies importantes en août, auxquelles se sont ajoutées celles de septembre et d'octobre, les vannes du barrage de Manantali ont dû être ouvertes. J'ai eu au téléphone un observateur du ministère de l'Hydraulique, à Bakel, qui m'a expliqué que la Falémé était gonflée par des précipitations abondantes en Guinée. Aux lâchers du barrage s'est ajouté le débit plus important de la Falémé, qui n'est pas régulée. Les deux phénomènes se sont rencontrés à Bakel, entraînant des inondations dévastatrices.

    Tout ne s’explique pas par le changement climatique.

    Le changement climatique est-il la cause de ces inondations ?

    Le changement climatique est en partie responsable de ces inondations parce qu'à cause du réchauffement global il y a un changement dans la distribution des pluies, avec parfois des pluies intenses. Quand vous recevez des pluies de 200 millimètres, c'est beaucoup pour ces zones-là. En revanche, tout ne s'explique pas par le changement climatique.

    La sécheresse a entraîné une augmentation de la vulnérabilité aux inondations car les gens s'installent même dans les zones dépressionnaires. C'est ce qui se passe à Dakar. Les inondations sont non seulement liées au changement climatique mais aussi à la mauvaise occupation de l'espace et au changement de qualité des sols.

    Existe-t-il des systèmes d'alerte crues-inondations ? Comment les améliorer et réduire l'impact des crues ?

    En France, les prévisions de pluies à une semaine sont utilisées dans un modèle hydrologique pour établir des prévisions de débit d'un cours d'eau. Il est alors possible de lancer des alertes ciblées sur des zones et de mettre en place un plan d'évacuation. Au Sénégal, la situation est bien différente. Sur le fleuve Sénégal, la prévision est basée sur l'onde de crue. La crue observée à Bakel va mettre 28 jours pour arriver à Saint-Louis, à l'embouchure. Cette prévision ne permet pas de dire avec exactitude quelles seront les zones impactées.

    Un autre problème est celui de la mentalité des populations. Quand vous dites à une personne qu'une crue va arriver, tant qu'elle n'est pas impactée, même si vous lui demandez d'évacuer, elle ne va pas le faire. Le fait aussi que les populations ont développé des activités dans ce que l'on appelle le lit majeur du fleuve conduit à des situations catastrophiques.

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    Nous sommes confrontés à une combinaison de facteurs. À l'insuffisance de la prévision s'ajoutent celle des moyens de communication pour la diffusion de cette prévision mais aussi l'absence de réponse des populations et enfin l'insuffisance des services techniques pour mettre en place un plan d'évacuation. On peut juste venir en aide aux personnes impactées, mais on ne peut pas faire de l'anticipation.

    Il faudrait que les bailleurs de fonds acceptent de financer la production de données.

    Quelles sont les stratégies à mettre en œuvre pour faire face à ces inondations et mieux les anticiper ?

    Le premier niveau de la stratégie consiste à renforcer la connaissance de l'aléa. Dans la définition du risque, vous avez ce que l'on appelle l'aléa et la vulnérabilité. L'aléa est le phénomène physique du risque : la vulnérabilité exprime les effets prévisibles de l'aléa sur l'homme et ses activités.

    Les programmes d'hydrologie, particulièrement d'hydrologie urbaine, sont peu nombreux en Afrique de l'Ouest. Or c'est par la formation et la collecte d'informations de qualité que l'on pourra trouver des solutions concrètes à la gestion des inondations.

    Les réseaux d'observation hydrologique au sol se sont dégradés dans les grands bassins fluviaux et restent inexistants en milieu urbain, notamment depuis l'avènement des données satellitaires. Les satellites livrent des informations intéressantes, mais indirectes. Elles ont besoin d'être validées par des données collectées par un réseau de capteurs au sol.

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    À DécouvrirLe Kangourou du jourRépondreSur les fleuves, le problème reste le manque de données d'observation sur de longues périodes. Il faudrait que les bailleurs de fonds acceptent de financer la production de données afin de mieux caractériser l'aléa, c'est-à-dire de connaître le phénomène physique du risque. Et, quand on aura une meilleure connaissance de l'aléa, on pourra mettre en place des stratégies d'adaptation. Sinon, cela devient du pilotage à vue. On ne peut pas agir sans connaissances.

    La production d'informations est importante, tout comme la formation. Des efforts doivent être déployés dans la formation, mais il faut aussi revoir le mode de financement de notre développement. Par exemple, lorsqu'un bailleur de fonds finance un projet de prévisions sur le fleuve Sénégal, il ne va pas demander aux universitaires africains et sénégalais de contribuer à ce projet. Il n'y a pas assez de partage et de transmission de la connaissance.

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  • Jean-Luc Germani, parrain du grand banditisme corse, de nouveau recherché

    Un mois après le mandat d’arrêt délivré par le tribunal de Paris, Jean-Luc Germani ne s’est toujours pas rendu. Va-t-il se présenter à la justice ? Rien n’est moins sûr…

     

    En ne se présentant pas à son procès, le 24 septembre dernier devant le tribunal correctionnel de Paris, le parrain corse avait déjà laissé un sérieux indice aux autorités quant à ses intentions.

    En ne se présentant pas à son procès, le 24 septembre dernier devant le tribunal correctionnel de Paris, le parrain corse avait déjà laissé un sérieux indice aux autorités quant à ses intentions. © Jan Schmidt-Whitley/Le Pictorium / MAXPPP / Le Pictorium/Maxppp

     

    Jean-Luc Germani va-t-il une nouvelle fois échapper à la justice ? En ne se présentant pas à son procès, le 24 septembre dernier devant le tribunal correctionnel de Paris, le parrain corse avait déjà laissé un sérieux indice aux autorités quant à ses intentions. « Ce n'était pas forcément de bon augure, glisse un gradé de la police insulaire. Maintenant, on sait à quoi s'en tenir… »

    Et pour cause, un mois après sa condamnation à trente mois de prison ferme avec mandat de dépôt dans le procès de sa cavale, cette figure du grand banditisme est de nouveau… en fuite ! Le mandat d'arrêt décerné par les juges à son encontre est resté lettre morte. Jean-Luc Germani va-t-il se rendre à la justice ?

    Sollicité par Le Point, l'avocat du bandit corse, Me Jean-Jacques Campana, n'a pas souhaité faire de commentaire. À l'audience, cette figure du barreau de Marseille avait expliqué que son client ne s'était pas présenté au procès car il craignait pour sa sécurité. Et sans doute aussi un nouveau passage par la case « prison »…

    Selon nos informations, Germani n'a pas jugé utile de faire appel du jugement. Cet homme de 59 ans, surnommé « Lizarazu » en raison de sa ressemblance physique avec le joueur de foot basque, a-t-il entamé une nouvelle cavale ? C'est en tout cas depuis Libreville, la capitale du Gabon, que ce parrain corse décidément insaisissable a appris, le 26 septembre, sa cinquième condamnation judiciaire.

    Une luxueuse cavale

    La dernière fois, la police avait mis trois ans avant de réussir à l'interpeller. Entre 2011 et 2014, ce redoutable chef de clan, qui figure toujours en bonne place dans les fichiers du Sirasco, le service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée, avait fait courir tous les flics de France. Les policiers avaient fini par l'arrêter… à la Défense (Hauts-de-Seine), le 27 novembre 2014. La brigade de recherche et d'intervention (BRI) l'avait intercepté dans une BMW noire, conduite par un ami corse suivi depuis plusieurs semaines par les enquêteurs. Dans la voiture, les policiers avaient mis au jour un faux passeport au nom de Jean Filippi, assorti de la photo de Germani, ainsi qu'un faux permis de conduire.

    Grâce au téléphone du parrain corse, les enquêteurs avaient pu remonter le fil d'une longue, luxueuse et surprenante cavale, ponctuée de voyages, d'emplettes dans les magasins chics de la rive gauche, à Paris, de parties de chasse en Sologne et de séjours en famille dans le très prisé domaine de Murtoli, en Corse-du-Sud.

    Le beau-frère et héritier de Richard Casanova – l'un des fondateurs du puissant gang de la Brise de mer – était recherché dans plusieurs affaires. En particulier, le tonitruant dossier dit « du cercle Wagram », du nom d'un ancien établissement de jeu, situé près de la place de l'Étoile, à Paris, et une association de malfaiteurs en lien avec l'assassinat de Jean-Claude Colonna. Présenté comme la figure de proue d'une bande mafieuse rivale, ce viticulteur avait été découvert, presque décapité, au volant de son 4 X 4, le 16 juin 2008 sur une route déserte de Pietrosella (Corse-du-Sud), atteint par les tirs de trois hommes embusqués.


  • Salomé Zourabichvili : « La menace russe n’a plus de frontières »

    INTERVIEW. La présidente de la Géorgie dénonce la guerre hybride menée par le Kremlin contre son pays et conteste la victoire du parti prorusse aux législatives.

     

    Salomé Zourabichvili cheffe de l’État géorgien, en rupture avec le gouvernement, a accordé une interview au Point.

    Lparti prorusse Rêve géorgien, au pouvoir depuis 12 ans à Tbilissi, a revendiqué la victoire après les élections de samedi 26 octobre. L'opposition pro-européenne, soutenue par la présidente Salomé Zourabichvili, dénonce une manipulation des résultats et appelle à manifester ce lundi soir en Géorgie. Les États-Unis et l'Union européenne réclament une enquête sur de possibles fraudes électorales. La commission électorale centrale affirme que le Rêve géorgien aurait obtenu une majorité de 54 % des voix, ce qui pourrait lui fournir une large majorité de 91 sièges sur 150 au Parlement, contre 38 % à la coalition pro-UE. La cheffe de l'État, en rupture avec le gouvernement, a accordé une interview au Point.

     

    Le Point : Vous dénoncez une « falsification totale » de l'élection. Pouvez-vous nous en dire plus sur la manière dont cela a été orchestré ?

    Salomé Zourabichvili : Je ne peux pas vous donner tous les détails précis de l'orchestration. Cependant, toutes les ressources de fraude électorale connues ont été utilisées, y compris de nouvelles technologies, utilisées ici pour la première fois et qui étaient imprévisibles par les organisations d'observation. C'est une opération très sophistiquée et organisée. Des groupes ont été mobilisés pour déstabiliser certains bureaux de vote et détourner l'attention pendant que d'autres actions se déroulaient ailleurs.

    Quelles sont ces nouvelles technologies ?

    Il s'agit d'appareils électroniques de vote qui, bien que censés être autonomes, ont été détournés de leur usage. Ils ont été utilisés comme ce qu'on appelait autrefois le « carrousel » – permettant à des personnes de voter plusieurs fois dans différents bureaux avec des cartes d'identité empruntées, sans possibilité de recoupement.

    À LIRE AUSSI Le grand retour de la Russie au CaucaseCes malversations sont-elles suffisantes pour inverser le résultat du scrutin ?

    Les sondages de sortie des urnes, réalisés par une organisation très sérieuse qui a toujours été précise à 2 % près, donnaient l'opposition gagnante. On le voit aussi dans les résultats des votes à l'étranger, où l'opposition l'emporte à 80-85 %. À l'étranger, la falsification n'a pas été possible, même si d'autres obstacles ont été mis en place : blocage de l'ouverture de bureaux de vote supplémentaires malgré la présence d'un million de citoyens géorgiens à l'étranger, problèmes d'inscription sur les listes électorales, et débordement organisé des bureaux existants. En Géorgie comme à l'étranger, les représentants dans les commissions électorales sont sélectionnés par une commission centrale complètement aux ordres. Les représentants indépendants du pouvoir ont été écartés de ces commissions.

    Pourquoi la Russie cible-t-elle votre pays ?

    Notre pays a été agressé par la Russie trois fois dans la période récente. Avant cela, nous avons subi la domination de l'Union soviétique, qui a anéanti notre Église et notre société, et encore avant, celle de l'Empire russe. Dans toute l'ancienne sphère soviétique, la Russie continue d'agir par divers moyens : propagande, déstabilisation – c'est une guerre hybride typiquement de fabrication russe.

    Quel message souhaitez-vous adresser aux dirigeants de l'Union européenne ?

    La Géorgie est victime d'une guerre hybride. La Russie mène contre nous une guerre d'une forme différente, dans laquelle nous avons besoin d'être défendus et soutenus. La population, qui depuis 30 ans manifeste son soutien à l'orientation européenne de la Géorgie, a besoin d'être soutenue. Le gouvernement actuel, bien qu'il ait inscrit l'orientation européenne dans la Constitution, agit aujourd'hui de manière infidèle à ces principes, clairement sous la pression russe.

    Vous sentez-vous suffisamment soutenue par les dirigeants européens ?

    On n'est jamais suffisamment soutenu, mais nos partenaires européens ont accordé à la population géorgienne le statut de candidat à l'UE. Ils l'ont fait après avoir vu notre population descendre dans la rue pour défendre le pays contre les lois d'inspiration russe qui menacent de réprimer la société civile, les ONG et les médias. Nous sommes à un tournant, et je sais que nos partenaires européens savent de quel côté ils doivent être.

    Pourquoi les populations en Europe doivent-elles se sentir concernées ?

    Nous sommes l'avant-front face à la Russie. Nous démontrons ce que ce pays peut faire à ses voisins. Ces méthodes de propagande et de déstabilisation, la Russie les utilise aussi dans les élections des pays européens et aux États-Unis. Il n'y a plus de frontières à la menace russe, qui persistera tant que la Russie n'acceptera pas de respecter les frontières de ses voisins et d'avoir des relations normales et civilisées avec le reste du monde. On ne peut pas accepter de se faire voler l'avenir européen de la Géorgie. La population a cru qu'elle pouvait voter démocratiquement pour retrouver cet avenir européen – c'était l'enjeu principal de ces élections, plus que le pouvoir. Il s'agissait de reprendre rapidement la voie ouverte par le statut de candidat qui devait nous mener à l'ouverture de négociations. C'est pour cela que la Géorgie a voté, et c'est pour cela qu'elle va descendre dans la rue pour défendre ce choix et son avenir européen.


  • Et si on supprimait… Les examens médicaux inutiles ou redondants ?

    L’Assurance maladie veut économiser 200 millions d’euros dans le budget 2025, sur l’imagerie médicale et la biologie.

     

    Un service de radiologie d'un CHU en France.

    Pourquoi refaire un examen médical à un patient alors qu'il a déjà été réalisé ? Ce mystère du système de santé français irrite de nombreux patients, mais aussi des professionnels de santé, car cela coûte cher. « Près de 30 % des dépenses de santé seraient non pertinentes », expliquait, en 2017, la ministre de la Santé Agnès Buzyn, en s'appuyant sur des données solides de la Haute Autorité de santé (HAS), organisme qu'elle présidait précédemment.

    Et pourtant, malgré ces bonnes paroles, les choses n'ont pas vraiment changé. En cet automne, dans le cadre du budget 2025, l'Assurance maladie montre les muscles et assure vouloir économiser 100 millions d'euros sur les gabegies dans l'imagerie médicale, et la même somme dans la biologie.

    Une goutte d'eau dans l'océan des dépenses. La gabegie co...